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Le niveau actuel des nappes aquifères en province de Luxembourg

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 708 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 07/07/2022
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les prévisions météorologiques annoncent de fortes chaleurs d'ici une semaine.

    Dans ma province, plusieurs communes ont déjà pris les devants en envoyant à leurs habitants, dès début juin, une demande d'utiliser avec parcimonie l'eau potable, par exemple en ne la gaspillant pas pour laver les véhicules avec un tuyau d'arrosage, remplir les bassins, mares et piscines, laver les cours, trottoirs et façades.

    C'est notamment le cas des communes de Gouvy et Libramont.

    Sachant que le niveau de précipitations a été bas ces derniers mois, et que des communes fonctionnent avec des captages de surface, les réserves de ces communes sauront-elles faire face en cas de sécheresse ?

    Les dernières pluies seront-elles suffisantes pour éviter une pénurie d'eau potable dans les prochaines semaines et prochains mois, dans certains endroits de la province de Luxembourg ?

    Quel est, en ce moment, le niveau des nappes aquifères en province de Luxembourg ?

    Comment ont évolué, ces dernières années, les niveaux de nos masses d'eau souterraine ?

    Où se situent les points problématiques, et quelle est la stratégie wallonne mise en place, le cas échéant, pour éviter une pénurie d'eau potable, et en vue d'une gestion optimale de l'eau ?
  • Réponse du 20/03/2023
    • de TELLIER Céline
    Dans les communes de Centre Ardenne, l'exploitation des eaux souterraines pour la distribution d'eau potable sollicite souvent les nappes superficielles, la plupart du temps gravitairement, sous forme de sources captées ou via des drains ou galeries placés en tête de vallons où à proximité des émergences naturelles. Cela présente l'avantage d'un fonctionnement simple et peu énergivore mais également une plus grande vulnérabilité de la ressource : les prises d'eau gravitaires sollicitant les nappes libres, peu profondes et disposant de faibles capacités d'emmagasinement, sont susceptibles de se tarir ou de voir leur débit drastiquement diminuer lorsque les précipitations font défaut pendant de longues périodes.

    En ce qui concerne le niveau des aquifères, deux piézomètres faisant partie du réseau de surveillance de l'aspect quantitatif des eaux souterraines géré par mon administration, permettent d'illustrer la situation de la masse d'eau des grès et schistes du massif ardennais, objet principal de la question de l’honorable membre.

    Il s'agit des piézomètres de Tellin et de Houffalize dont les chroniques piézométriques peuvent être consultées par tout un chacun sur le portail de la piézométrie en Wallonie : https://piezometrie.wallonie.be.

    Les données, actualisées chaque jour pour les stations automatisées avec télétransmission, sont utilisées par la Direction des eaux souterraines pour établir régulièrement l'état des lieux des principales masses d'eau souterraine de Wallonie et peuvent aisément être consultées sous forme de chroniques piézométriques, qui présentent l'évolution du niveau d'eau au cours du temps, ou de comparaison annuelle des niveaux, permettant une comparaison aisée des données relatives à deux ou plusieurs années consécutives ou non.

    De l’analyse de ces données, il ressort que les niveaux de la nappe aquifère au droit de ces piézomètres étaient relativement habituels pour la saison en 2022.

    On y retrouve le schéma classique d'une recharge hivernale (novembre à mars) suivie d'un abaissement progressif des niveaux le reste de l'année.

    À la différence de la plupart des autres masses d'eau souterraine wallonnes, ces nappes superficielles réagissent et se rechargent également au printemps et en été lorsque les précipitations sont suffisamment importantes, comme en avril, mai et juin 2016 ou juin 2018 à Tellin et en avril et juin 2016 ou avril 2018 et 2019 à Houffalize.

    Comparé aux cinq dernières années 2017 à 2020, caractérisées par des étés secs, le niveau de juillet 2022 est similaire à celui mesuré en 2019 (Tellin) ou en 2020 (Houffalize) tout en étant supérieur aux niveaux mesurés à dates équivalentes en 2017 et 2020 à Tellin et de 2017 à 2020 à Houffalize.

    Comme les conditions météorologiques estivales de 2022 ont été comparables à celles de 2020, les niveaux ont continué à baisser sur la même pente cet été, étant donné la longue période sèche que nous avons connue, ce qui a conduit aux ravitaillements en eau par camions-citernes et aux restrictions d’usage de l’eau dans 23 communes de la zone ardennaise.

    Les caractéristiques hydrogéologiques locales des aquifères exploités étant variables et leurs niveaux étant étroitement liés à la pluviométrie, dont la répartition géographique n'est pas nécessairement homogène, surtout en été, l'évolution des réserves en eau souterraine peut évoluer différemment d'un aquifère à l'autre et d'une commune à l'autre.

    Les capacités de distributions et les réserves exploitables dépendent également de la structure du réseau et du nombre, de la répartition et du type de captages sollicités pour la distribution publique. Le producteur est par conséquent le mieux à même d'évaluer sa capacité à fournir la population desservie.

    La prise de mesures en cas de pénuries observées localement ne dépend actuellement pas de mon autorité. Ce sont les bourgmestres voire les gouverneurs de province qui peuvent prendre des arrêtés de restriction des usages de l’eau. Dans le cadre de la mise en place de la stratégie intégrale sécheresse, une des mesures, qui va de pair avec la priorisation des usages, vise à habiliter l’autorité régionale à la prise de mesures de restriction.

    L'évaluation des points problématiques et la mise en place de mesures visant à éviter des pénuries d'eau potable font l'objet du Schéma régional des ressources en eau (SRRE) approuvé par le Gouvernement wallon en 2015 et actualisé en mars 2020 suite aux épisodes de sécheresse répétés de 2017 à 2020. Sa mise en œuvre a été confiée à la SWDE. Le SRRE vise entre autres à établir une meilleure adéquation entre l'offre et la demande en eau et consiste notamment en la pose de conduites d’interconnexion entre les réseaux de distribution d’eau permettant la jonction entre les zones disposant d'importantes ressources et celles aux ressources plus limitées.

    Une réévaluation en 2022 de la sécurisation du Centre Ardenne compte tenu des dernières données disponibles a conduit à une nouvelle extension du SRRE, dite “Sud Wallonie” et approuvée par le Gouvernement wallon sur ma proposition début décembre. Cette extension que l’on peut qualifier de bouclage du Centre Ardenne vise à orienter toutes les capacités de production périphériques importantes, dont les capacités lorraines d’Arlon et de Florenville, vers la zone centrale pour laquelle le risque de pénuries d’eau à l’avenir ne fait plus aucun doute. À cette fin une série de six travaux pour un montant de 19 millions d’euros sont programmés jusqu’en 2029.

    Ils permettront de sécuriser près de 20 000 raccordements dans les communes de Libramont, Neufchâteau, Martelange, Habay, Léglise, Bouillon et Daverdisse.