/

L’éradication du raton laveur en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 714 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 07/07/2022
    • de DODRIMONT Philippe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les populations de ratons laveurs semblent se multiplier rapidement ces dernières années. Certains agents du DNF dénoncent cette situation. D'après eux, des mesures auraient dû être prises il y a longtemps déjà ; aujourd'hui ils tentent plus de les éradiquer. Aujourd'hui, les agents du DNF consacrent leurs efforts à protéger les espèces animales menacées par les ratons laveurs.

    Quelle analyse dresse Madame la Ministre de cette situation ?

    Les ratons laveurs sont-ils trop nombreux ?

    Où les retrouve-t-on principalement ?

    Est-il trop tard pour mener des actions spécifiques ?

    Compte-t-elle rencontrer des agents du DNF afin d'échanger sur la thématique et identifier des mesures à prendre à court terme ?

    Quels sont les dégâts provoqués par les ratons laveurs ?

    Les agents du DNF affirment ne plus intervenir chez les particuliers, vers qui ceux-ci doivent-ils se tourner en cas de problèmes avec cette espèce ?

    Le raton laveur est-il dangereux pour l'homme ?
  • Réponse du 09/08/2022
    • de TELLIER Céline
    Le raton laveur est un carnivore opportuniste qui s’adapte à de très nombreux habitats naturels, mais également aux milieux urbanisés où il peut atteindre des densités très élevées. Ses capacités cognitives et reproductives font de ce mammifère une espèce exotique envahissante particulièrement difficile à gérer.

    Avant que les dégâts qu’il cause ne soient connus par la société, son apparence agréable largement véhiculée par les médias l’a rendu sympathique auprès de la population, rendant difficile la prise de mesures visant la destruction d’individus par les pouvoirs publics. Ainsi, aucun pays européen ne dispose à ce jour d’une stratégie de gestion ambitieuse de cette espèce, et ce, malgré les messages d’alarme des personnes sur le terrain, dont certains agents du DNF.

    Observé pour la première fois en 1986, le raton laveur s’est propagé à partir de la frontière allemande et luxembourgeoise. Son expansion s’est fortement accélérée depuis les années 2010, avec aujourd’hui des densités d’observation particulièrement élevées au sud de la Wallonie (notamment dans le massif ardennais et en Gaume). Les densités en zone atlantique semblent pour l’heure beaucoup plus faibles, mais devraient augmenter dans un futur proche. Ainsi, des mesures aussi radicales que l’éradication du raton laveur à l’échelle de la Wallonie ne peuvent pas être raisonnablement envisagées au vu des fortes densités observées sur le terrain, en ce compris au niveau des zones frontalières qui agissent comme autant de populations sources.

    Longtemps considéré comme une espèce relativement inoffensive, de plus en plus d’études montrent que ce prédateur opportuniste peut constituer une menace sérieuse pour la survie de populations d’espèces menacées en Europe (bivalves d’eau douce, écrevisses, reptiles, oiseaux, chauve-souris, etc.). Un nombre croissant d’observations tendent à montrer que le raton laveur exerce une pression de prédation importante sur plusieurs espèces d’oiseaux menacées, comme le cincle plongeur, l’hirondelle de rivage ou le gobemouche noir.

    Le raton laveur est aussi reconnu comme un réservoir important de zoonoses, incluant différents virus, des bactéries et des vers parasites. Parmi les mammifères exotiques installés en Wallonie, il est sans conteste l’une des espèces qui présente le risque sanitaire le plus important, en lien avec sa propension à fréquenter les abords immédiats des habitations. La transmission d’agents pathogènes peut s’effectuer par le biais de la consommation de fruits ou de légumes souillés par de l’urine ou par des excréments ainsi que par contact direct avec les animaux. Le raton laveur est également une importante source de nuisances domestiques comme en atteste la très forte augmentation de plaintes provenant de citoyens et d’agents communaux faisant état de multiples dégradations dans le sud de la Wallonie.

    Puisque l’éradication n’est plus un objectif réaliste, il y a lieu de réguler l’espèce afin de limiter ses dégâts. Ainsi et au vu de la situation actuelle alarmante, j’ai demandé à mes services de réaliser une identification des zones prioritaires d’intervention, tenant compte de la présence d’espèces sensibles, ainsi que la réalisation d’un plan de lutte détaillé. Ce plan pourra s’appuyer sur le test de lutte pilote qui a été mené en zone de peste porcine africaine durant les années passées.

    Le raton laveur étant une espèce de la liste des espèces exotiques envahissantes (EEE) préoccupantes pour l’Union européenne au sens du règlement européen 1143/2014, sa détention, son transport et son commerce sont déjà actuellement interdits. De plus, un arrêté du Gouvernement wallon sur les EEE en passe d’être adopté va permettre l’opérationnalisation d’un plan de lutte et la délivrance d’agréments pour permettre à des opérateurs d’intervenir chez les particuliers en cas de nuisance.