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La propagation de la berce du Caucase en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 715 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 07/07/2022
    • de DODRIMONT Philippe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La berce du Caucase, espèce d'origine ornementale, introduite en Belgique en 1938 pour ses vertus esthétiques et mellifères, est depuis 2017 considérée comme une espèce exotique invasive. Elle pousse en peuplements denses qui étouffent et éliminent les plantes indigènes. De plus, elle contient des substances chimiques photosensibilisantes qui peuvent provoquer de sérieuses brûlures cutanées.

    En 2011, le SPW a entamé un plan régional de lutte contre cette plante invasive.

    Qu'en est-il aujourd'hui ?

    Est-elle encore une menace ?

    Quelles sont les régions qui recensent davantage la présence de cette plante ?

    Apparaît-elle souvent dans des jardins privés ?

    Afin de les éliminer, vers quel type de professionnels le citoyen peut-il se tourner ?

    A-t-on recensé beaucoup de cas de brûlures suite à son contact ?

    Comment l'éradiquer définitivement de son jardin ?
  • Réponse du 17/10/2022
    • de TELLIER Céline
    La berce du Caucase, espèce exotique emblématique en pleine expansion depuis les années 1990, fait l’objet depuis 2010 d’un plan de gestion coordonné à l’échelle de toute la Wallonie. Ce plan de lutte ambitieux vise à éradiquer la plante du territoire wallon en responsabilisant les citoyens ainsi que les gestionnaires publics en matière de détection et de gestion de la berce du Caucase.

    Ce plan de gestion repose sur deux axes principaux : le recensement des populations présentes sur le territoire wallon et la gestion des populations inventoriées, faisant tous les deux l’objet d’un rapportage récurrent au travers d’un portail d’encodage administré par la Cellule interdépartementale Espèces invasives (CiEi) du SPW ARNE.

    En 2018, la CiEi, en collaboration avec les Contrats de Rivières de Wallonie, a initié un inventaire des populations déjà répertoriées de berce du Caucase afin de réaliser un bilan des actions entreprises dans le cadre du plan de gestion.

    Durant la période de 2011 à 2018, le plan de gestion a permis de recenser 3 888 populations de berce du Caucase, réparties sur 38 % du territoire wallon. Celles-ci sont majoritairement composées d’un faible nombre d’individus.

    La majorité des populations de berce du Caucase, soit près de 80 %, sont installées en bordure de cours d’eau et de voiries. Et, leur répartition n’est pas homogène au sein du territoire. Le sud-ouest de la Wallonie est relativement peu colonisé au regard des densités plus élevées observées au nord et à l’Est du territoire. À titre illustratif, plus de la moitié des populations (54 %) sont situées dans les bassins de l’Amblève, de l’Ourthe et de la Vesdre.

    Suite à cet inventaire, la CiEi a pu déterminer le taux d’éradication de la plante durant cette même période pour un échantillon représentatif de 1 677 populations, soit un taux de 66 %. Si l’on extrapole ce pourcentage à l’ensemble des populations répertoriées en Wallonie, le plan de gestion aurait permis l’éradication de 2 562 populations. La première phase du plan de gestion a donc permis d’infléchir très fortement la dissémination de la berce du Caucase sur le territoire wallon et ces actions méritent d’être poursuivies.

    Toutefois, les moyens dégagés actuellement ne permettront probablement pas d’éradiquer complètement la plante en l’absence de gestion récurrente pour l’ensemble des populations. Toutefois, cet objectif pourrait être atteint au cours d’une seconde phase, fondée sur la consolidation du plan de gestion au travers notamment d’un arrêté ministériel en vertu du nouveau décret wallon sur les espèces exotiques envahissantes et d’une obligation légale de gestion par les propriétaires privés.

    C’est uniquement par une action collective que nous parviendrons à éradiquer complètement cette plante de notre territoire. À titre indicatif, 20 % des opérations de gestion sont réalisées sous la responsabilité de propriétaires privées. Si cette gestion n’est pas ou mal réalisée, il restera toujours des foyers possibles de dissémination.

    Concernant l’élimination de la plante, depuis 2010, de nombreuses entreprises du secteur entretien de parcs et jardins, entretien des abords de voiries ou des travaux forestiers ont pu se former à la technique de gestion de la berce du Caucase. La plupart d’entre eux travaillent d’ailleurs régulièrement pour le secteur public au travers des différents marchés publics des communes, des provinces et du SPW.

    La technique de gestion est facile à mettre en pratique et il est bien entendu possible pour tout un chacun de la réaliser à condition toutefois de prendre les mesures de protection adéquate afin d’éviter tout contact avec la sève de la plante qui pourrait occasionner de sévères brûlures. Il est donc recommandé de se vêtir d’une combinaison appropriée ainsi que d’un masque en plexiglas.

    La technique majoritairement recommandée et pratiquée est la coupe des plantes sous le collet racinaire à l’aide d’une bêche. Il est conseillé de commencer à gérer les berces tôt dans la saison (mai/juin) lorsque les plantes sont encore peu développées, mais surtout avant la floraison des plantes pour éviter la production de nouvelles graines. Plus tard dans l’année, dans le courant de l’été, on effectuera un second passage afin de vérifier l’absence de reprise des plantes gérées et d’éliminer les plantes qui apparaissent à nouveau.

    Cette technique présente l’avantage d’être à la fois efficace (lorsqu’elle est bien réalisée), très sélective et non dommageable pour l’environnement. Toutefois, cette gestion est à répéter systématiquement chaque année jusqu’à l’épuisement complet de la banque de graines contenue dans le sol, soit au minimum 7 ans de gestion.

    Dans certains cas plus complexes, d’autres techniques de gestions sont envisageables en fonction des caractéristiques de la population. Un complément d’information est disponible à ce sujet sur le portail biodiversité du SPW-ARNE : http://biodiversite.wallonie.be/berce.

    Aucune donnée récente sur les cas de brûlures suite au contact de la sève de la plante n’est disponible. Lors de l’élaboration du plan de gestion en 2010, une enquête avait été réalisée auprès d’un panel de médecins et de pharmaciens. Sur les 281 répondants, on recensait un total de 175 cas de brûlures. Mais depuis, suite à la campagne d’information liée au plan de gestion, la plante est mieux connue du grand public et on peut raisonnablement supposer que les accidents suite à un contact avec la sève de la berce du Caucase sont en diminution.