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Le développement d'une politique transversale et interfédérale de santé mentale

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 650 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 08/07/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Depuis 1999, le projet « What do you think ? » d'Unicef Belgique donne la parole aux jeunes plus vulnérables pour la faire entendre au Comité des droits de l'enfant des Nations Unies, l'organe de contrôle mondial institué dans le cadre de la Convention relative aux droits de l'enfant. Délivré ce mardi, le rapport présente les recommandations de 150 enfants et adolescents âgés de 6 à 17 ans souffrant de troubles mentaux, à la lumière de leur vécu, de leurs espoirs et de leurs difficultés. À la lumière de ces témoignages, un rapport formule des recommandations pour les politiques, appelés à agir de manière concertée.

    Selon les dernières estimations du Fonds des Nations Unies pour l'enfance, plus de 16,3 % des jeunes de 10 à 19 ans qui vivent en Belgique sont atteints d'un trouble mental diagnostiqué. Une proportion inquiétante qui dépasse la moyenne mondiale établie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui estime qu'un jeune sur sept en souffre (14 %). Or, ces troubles ne reçoivent pas l'attention qu'ils méritent et sont souvent pris en charge trop tard – quand ils le sont. Les deux ans de pandémie ont encore accentué le problème : non seulement les enfants ont souffert des conséquences de la crise, mais les services d'aide à la jeunesse ont été littéralement submergés.

    Si Unicef Belgique reconnaît que d'importants efforts sont déjà réalisés en Belgique pour protéger la santé mentale des enfants, l'organisation estime qu'il reste encore beaucoup de travail à faire. Elle appelle donc les décideurs politiques à agir de manière concertée en investissant davantage dans la prévention, en brisant le silence autour de la santé mentale, en offrant un meilleur soutien aux parents, en permettant des supports psychosociaux accessibles pour chaque enfant dans son école ou son quartier… Et, plus globalement, en formant le personnel de première ligne et les enfants eux-mêmes à en parler, pour que leurs difficultés soient prises en considération à temps.

    Un jeune belge sur six souffre de troubles mentaux, quel est l'avis de Madame la Ministre sur le rapport et sur les diverses recommandations d'Unicef Belgique ?

    L'organisation appelle, notamment, au renforcement des investissements en matière de prévention avec le développement d'une politique de santé mentale concertée entre toutes les entités fédérées.

    Où en sommes-nous au niveau prévention en Wallonie sur ce sujet ?

    Portera-t-elle la question en CIM Santé afin d'assurer une prise en charge transversale des politiques de santé mentale et renforcer le soutien aux plus jeunes, parmi les plus impactés au sortir de la crise Covid ?

    A-t-elle des échanges et des décisions concertées sur la question avec ses collègues en FWB ?
  • Réponse du 13/09/2022
    • de MORREALE Christie
    Tout récemment, le 17 juin 2022, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié un nouveau rapport exhortant les décideurs et les défenseurs de la santé mentale à intensifier leur engagement et leur action pour que changent les attitudes, les mesures et les approches à l’égard de la santé mentale, de ses déterminants et des soins qui lui sont consacrés.

    L’OMS rappelle « qu’en 2019, près de 1 milliard de personnes – dont 14 % des adolescents dans le monde – étaient atteints d'un trouble mental. Les suicides représentaient plus d’un décès sur 100 et 58 % d’entre eux survenaient avant l’âge de 50 ans. Les troubles mentaux sont la principale cause d’invalidité et sont responsables d’une année vécue avec une incapacité sur six. Les personnes atteintes de troubles mentaux graves ont une durée de vie réduite de 10 à 20 ans par rapport à la population générale, souvent en raison de pathologies physiques évitables. Parmi les causes majeures de dépression figurent les abus sexuels pendant l’enfance et le harcèlement par l’intimidation. Les inégalités sociales et économiques, les urgences de santé publique, la guerre et la crise climatique font partie des menaces structurelles mondiales qui pèsent sur la santé mentale. La dépression et l’anxiété ont augmenté de plus de 25 % au cours de la première année de la pandémie seulement ».

    En ce qui concerne la prévention et malgré les moyens développés par les différents secteurs d’accueil, de vie et d’apprentissage, les jeunes expriment encore et toujours des difficultés.

    Les questions de sensibilisation, de formation, de communication sur la santé mentale et des ressources disponibles, de formation des adultes pour qu’ils soient à même de répondre aux besoins éprouvés ou exprimés par les enfants et les jeunes sont des enjeux majeurs pour l’avenir.

    Certes, ces questions relèvent en partie des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais elles ne doivent pas échapper au périmètre plus général du Plan de promotion de la Santé mis en place par la Wallonie, et ce afin de soutenir nos professionnels des soins en santé mentale notamment, mais aussi les professionnels d’autres secteurs concernés.

    Les actions combinées constituent d’ailleurs des stratégies particulièrement adéquates et recommandées, dans le cadre de la promotion de la santé, dans le respect des compétences de chacune des entités.

    C’est une des raisons pour lesquelles l’AViQ et l’ONE sont régulièrement en relation afin d’échanger leurs pratiques ou les évolutions de la mise en œuvre des dispositifs de promotion de la santé. Un protocole unit les deux administrations en ce sens.

    Nous devons tous avoir conscience de la nécessité d’agir au plus tôt, dans toutes les sphères de vie qui accueillent les enfants et les jeunes au quotidien.

    À ce titre, nous travaillons également à améliorer les problématiques rencontrées des jeunes à la croisée des secteurs (Aide à la Jeunesse, Handicap et Santé mentale).

    En effet, il est nécessaire de couvrir leurs besoins et pour ce faire, une collaboration plus étroite entre les professionnels de chaque secteur est nécessaire.

    Certaines problématiques sont si compliquées et les solutions durables si difficiles à aménager que les professionnels ne savent pas par quel angle les aborder.

    Dès lors et lorsque qu’une situation le requiert, plusieurs secteurs peuvent construire des solutions sur mesure, même s’ils relèvent de règlementations différentes. Nous impulsons ces dynamiques dès qu’il est possible de le faire afin de trouver des solutions aux situations les plus difficiles.

    Concernant les politiques de santé mentale, la crise sanitaire nous a poussés à sortir des sentiers battus et à obtenir une vision globale et transversale.

    Face à l’urgence des problématiques de santé mentale, les publics les plus vulnérables subissent durement l’impact des crises.

    À cet effet, le Gouvernement wallon a dégagé des moyens inédits pour augmenter la capacité de prise en charge.

    La vision politique de la santé mentale, partagée et validée par la Conférence interministérielle de la Santé, se caractérise par une ambition de santé publique globale et intégrée allant de la prévention universelle aux soins les plus aigus. Les jalons pour couvrir au mieux toutes les dimensions (soit les ‘programmes d’activités’ détaillés dans le Guide vers une nouvelle politique de santé mentale pour les enfants et adolescents) dépendent de notre détermination à les mettre en œuvre.

    C’est un processus auquel contribuent les partenaires des réseaux de santé mentale dont nos services wallons agréés font partie intégrante, tout comme les administrations dépendantes des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles et l’AViQ. Celles-ci viennent d’ailleurs de conclure un accord de collaboration en vue de soutenir les réseaux, le 16 juin 2022.

    Cette convention constitue un engagement transversal en matière de santé mentale en faveur des enfants et des adolescents partagés par les administrations du SPF Santé publique, de l’ONE, de l’Administration générale de l’Aide à la Jeunesse et de l’AViQ.

    Sur cette base, une plateforme intrafrancophone sera très prochainement activée pour renforcer le maillage en santé mentale et répondre aux besoins de ces publics-cibles. À charge pour elle de s’appuyer sur les recommandations qui vont toutes dans le même sens, qu’elles nous viennent des enfants et des jeunes ou des experts, comme le Conseil supérieur de la Santé, via notamment l’avis n°9676 du 18 mai 2022 relatif aux enseignements à tirer de la crise Covid en matière de santé mentale, ou encore de l’Académie royale de Médecine de Belgique qui a organisé le 24 juin dernier, un symposium sur la santé mentale des enfants et des adolescents sous l’égide de Sa Majesté la Reine.

    À noter également que l’ensemble des mesures sont concertées par les différents Gouvernement lors des intercabinets fédéraux pour lesquels les entités fédérées sont incluses dans le processus et collaborent à la rédaction et la validation des notes et projets présentés en CIM Santé.