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Le développement des techniques "low-tech" dans le secteur de la construction en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 801 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 08/07/2022
    • de AGACHE Laurent
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le rapport « CLEF-WB : un chantier, des lieux, des enseignements en Fédération Wallonie - Bruxelles », présenté il y a quelques semaines, décrit les enjeux de l'importante prochaine campagne de rénovation et construction de bâtiments scolaires, qui mobilisera prochainement nos entreprises de construction en Wallonie.

    Ce rapport consacre un chapitre entier à l'approche « low-tech » dans le secteur du bâtiment, en particulier, ici, du bâtiment scolaire. Je cite quelques extraits de ce chapitre :

    (L'approche « low-tech » ) « vise à limiter la consommation des ressources terrestres présentes en quantités finies et, de ce fait, à réduire l'impact environnemental, tout en augmentant la résilience (collective) et la robustesse en vue de maximiser la durée de vie. Une attitude « low-tech » repose sur une simplicité maximale des équipements, ….se mesure à l'aune des ressources disponibles … et revient à maximiser la longévité des infrastructures... L'analyse du coût de cycle de vie devient ici déterminante pour mieux guider les choix d'un maître d'ouvrage, en considérant que l'optimalisation d'un investissement ne repose pas sur le plus faible coût à l'instant T de la construction, mais repose sur toutes les implications financières de cette dernière une fois remise entre les mains des occupants :…. maintenance et remplacement des équipements, déconstruction de l'ouvrage en fin de vie, et cetera »

    Monsieur le Ministre est-il sensible à l'approche « low-tech » dans le secteur de la construction wallonne ?
    Le cas échéant, quelle est sa stratégie en la matière ?

    Que met-il en place pour que le secteur de la construction wallonne puisse répondre aux attentes en la matière formulées par les acteurs du futur important chantier de rénovation des bâtiments scolaires en Wallonie ?

    Cette approche «low-tech » est-elle présente dans les cursus de formations en construction proposées par l'IFAPME ?
  • Réponse du 19/07/2022
    • de BORSUS Willy
    Je suis tout à fait sensible à l’approche « low-tech » décrite dans le rapport CLEF-WB, en particulier pour ce qui concerne les aspects qui ont trait aux matériaux, de la nécessité de renforcer leur robustesse pour maximiser leur durée de vie, de privilégier le réemploi de ces matériaux lors d’opération de déconstruction. Tout ceci est en phase avec les objectifs, que je partage et que je soutiens, de limiter la consommation de ressources naturelles, de réduire notre dépendance en matière de ressources et de réduire l’empreinte environnementale du secteur de la construction.

    C’est d’ailleurs dans cette perspective que j’ai initié en 2021 la Stratégie wallonne de déploiement de l’économie circulaire - Circular Wallonia. Le secteur de la construction, du fait de sa contribution importante à la production de déchets en Wallonie, mais aussi aux émissions de GES de la Région, a été repris comme une des chaînes de valeur prioritaire au sein de cette Stratégie.

    Les différentes actions touchant le secteur de la construction visent notamment à favoriser la déconstruction sélective, en recourant notamment aux inventaires prédéconstruction, qui permettent d’identifier le potentiel de réutilisation des ressources présentes au sein des bâtiments à rénover. Des actions visent également à soutenir le réemploi des matériaux, par le développement et le renforcement de plateformes, qui mettent en évidence l’offre et la disponibilité de ces matériaux sur le marché.

    Mais il y a également lieu d’intervenir plus en amont dans le processus de conception des projets de rénovation ou de construction et de développer des outils qui permettent de concevoir des bâtiments circulaires et réversibles, de manière à anticiper sur leurs futures réhabilitation, adaptation ou déconstruction. Il est donc essentiel d’intégrer dans les bâtiments des éléments et des matériaux suffisamment robustes et écoconçus pour être démontés, adaptés et réutilisés.

    Des projets pilotes portant sur les chantiers et services circulaires sont également initiés dans Circular Wallonia. Ils visent à stimuler les porteurs de projets et à les soutenir dans leur démarche circulaire, mais également à recenser les bonnes pratiques et à en tirer les enseignements qui pourront éventuellement donner lieu à des modifications règlementaires.

    Par ailleurs, l’innovation technologique ne doit pas être opposée à l’approche « low-tech ». Celles-ci sont, au contraire, complémentaires. Cette complémentarité dans le secteur de la construction est observée dans plusieurs projets du Pôle de compétitivité Greenwin. Je citerai l’exemple du projet ADEKIT-II, qui met désormais à disposition un kit pour la détection rapide des 6 types d’amiante sur site dans les matériaux de construction basé sur la biotechnologie, permettant ainsi une déconstruction et un tri des matériaux.

    Cette approche « low-tech » est également prise en compte dans l’offre de formation du secteur de la construction de l’IFAPME.

    L’IFAPME organisera dès la rentrée une toute nouvelle formation de technicien coordinateur en rénovation énergétique. La formation s’inscrit dans une dynamique proche du concept « low-tech ». En effet, dans cette formation seront notamment abordées des matières liées à la construction durable portant sur les techniques du bâtiment en rapport à l’écologie de la rénovation, y compris le recyclage. Les matières suivantes y sont abordées de manière transversale tout au long du cursus de formation : concept de construction durable et entropie du projet, introduction à l’analyse du cycle de vie, au bilan carbone, réemploi des matériaux de construction et rénovation circulaire.

    Cette formation a été développée dans le cadre d’un projet Interreg RENOVALT (Programme Interreg V France-Wallonie-Vlaanderen) avec les partenaires suivants :
    * CCW : Confédération Construction Wallonne ;
    * CAP Construction : Cluster wallon des acteurs de la construction durable ;
    * CONSTRUCTIV : Organisation prestataire de services pour le secteur de la construction, ressortissant à la Commission paritaire de la Construction (CP 124) ;
    * BTP-CFA Grand Est : Organisme de formation en apprentissage et en formation continue du Bâtiment et des Travaux publics en région Grand Est ;
    * FFB Grand Est : Syndicat professionnel au service des entreprises et artisans du bâtiment ;
    * CCCA-BTP : Comité de concertation et de coordination de l’apprentissage du bâtiment et des travaux publics.

    De plus, l’IFAPME déploie, depuis l’année de formation 2021-2022, au sein de sa filière de formation du secteur de la construction, des modules de formation liés à l’utilisation des matériaux biosourcés et aux principes de l’écoconstruction. Une première expérimentation a été initiée dans les centres de formation IFAPME de Braine-le-Comte et Mons.

    Cette expérimentation, qui sera progressivement essaimée dès l’année académique prochaine dans les autres centres de formation du Réseau IFAPME orientés construction durable, est développée en partenariat avec le Cluster écoconstruction. Les matières suivantes y sont abordées :
    * Introduction, les bases du développement durable et le lien avec la construction et concept de l’écoconstruction ;
    * Quels sont les différents aspects de l’écoconstruction ?
    * Avec quels matériaux fait-on de l’écoconstruction ?

    Comme on peut le constater, c’est au travers de différentes initiatives que les acteurs sont invités à déployer les techniques low-tech dans le secteur de la construction en Wallonie ainsi que les compétences indispensables qui s’y rattachent.