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Les conséquences de la pénurie de garde-malades

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 661 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 08/07/2022
    • de LEKANE Laure
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Nous recevons des retours du terrain comme quoi, à cause de la pénurie dans le secteur de l'aide à domicile, il y a une pénurie de garde-malades qui se fait de plus en plus ressentir.

    Des associations préviendraient donc les bénéficiaires et leur famille que le nombre d'heures va être raccourci. Les gardes-malades vont voir leur charge de travail augmenter, ils et elles ne feront plus 2 cycles de 4h par jour, mais 3 cycles de 3h. Le temps par bénéficiaire diminue donc, mais la fréquence augmente. Ce qui risque d'accentuer encore plus la pénurie dans un secteur déjà déserté.

    Ce problème n'est pas neuf, mais le secteur appelle au secours.

    Le métier de gardes-malades est un métier difficile qui demande beaucoup d'attention de la part des travailleurs et travailleuses du secteur. C'est également un métier mal rémunéré.

    Comment Madame la Ministre va-t-elle prendre le problème de la pénurie des gardes-malades en main ?
  • Réponse du 19/09/2022
    • de MORREALE Christie
    Le métier de « garde-malade », identifié de façon privilégiée sous le nom de « garde à domicile » est repris sous la nomenclature REM sous l’intitulé « Aide familiale/Auxiliaire familial et sanitaire ».

    Ce métier apparaît dans la dernière liste 2022 comme étant une fonction critique pour lequel des tensions de recrutement existent sans pour autant être en pénurie de main-d’œuvre.

    S’il existe une réserve de main-d’œuvre importante, l’évolution annuelle du nombre d’offres d’emploi diffusées par le Forem au cours des cinq dernières années tend à augmenter. La demande pour ce type de fonction devrait par ailleurs continuer de croître à l’avenir afin de rencontrer les besoins croissants en raison du vieillissement de la population et de la politique de maintien à domicile.

    Selon les avis recueillis auprès des experts interrogés dans le cadre de la détection des fonctions critiques, les tensions de recrutement pour ce métier seraient liées à une inadéquation des profils des candidats par rapport aux besoins des entreprises, principalement au niveau de la maturité qui paraît insuffisante notamment chez les plus jeunes; mais aussi aux moyens de déplacement (possession du permis ou d’un véhicule), aux conditions de travail et à l’attrait des métiers du soin (notamment aide-soignant) vers lesquels semblent s’orienter une partie des personnes formées, aidées en cela par diverses mesures.

    Sur base d’une enquête réalisée dans le cadre du projet WCA (Wallonie Compétences d’avenir - Métier d’aide familiale, octobre 2021), la mobilité (possession d'un permis ou distance domicile/travail) est citée comme un frein à l’emploi aussi bien par les personnes en demande d'emploi que par les employeurs.

    Il faut effectivement pouvoir se rendre au domicile des bénéficiaires et la possession d’un permis de conduire B est une exigence qui apparaît dans la grande majorité des offres d’emploi pour ce métier. Toutefois, parmi la réserve de main-d’œuvre connue du FOREm, moins de 50 % n'est pas en possession d’un permis de conduire (difficulté accrue sur le Luxembourg dont le territoire est étendu et dans les zones rurales).

    Les demandeurs d’emploi interrogés dans le cadre de cette enquête confirment par ailleurs que les contrats proposés (CDD, remplacement, temps partiel) peuvent également être un frein. Il existerait ainsi un turn-over important.

    Sur base de ces résultats, différentes rencontres ont eu lieu, notamment avec la Fédération des Centres de Services à Domicile (FCSD), cette fédération ayant réalisé également une enquête auprès de ses centres de soins à domicile. Différentes pistes de travail ont été identifiées et une prochaine rencontre est prévue. À terme, nous souhaitons travailler avec l’ensemble des fédérations ou représentants sectoriels.

    Parmi les axes de travail envisagés, Le FOREm pourrait apporter un appui en termes de renforcement de compétences (digitales ou transversales « softskills ») ainsi que développer des campagnes d’informations sur ces métiers auprès des publics de demandeurs d’emploi et/ou de jeunes en recherche d’orientation.

    L’exercice de la profession d’aide familiale nécessite, de plus, l’obtention d’un certificat d’immatriculation délivré par la Région wallonne sur base d’un dossier à fournir.

    Trois centres de formation reconnus par le Service public de Wallonie dispensent une formation gratuite au métier d’aide familial : le centre de formation du service familial de Charleroi à Marcinelle, le centre de formation Aide à Domicile en Milieu rural (ADMR) à Orgeo en Province de Luxembourg et le centre Geneviève Jonas à Colfontaine (voir les liens ci-dessous). Ces centres délivrent une attestation de capacité reconnues par la Région wallonne. Cette attestation ne dispense pas d’obtenir un numéro de matricule pour exercer.

    En outre, certains établissements de promotion sociale permettent également une qualification dans ce domaine. L’offre de formation apparaît comme suffisante, mais il est nécessaire de travailler sur les freins à l’emploi identifiés lors des enquêtes. Parmi ceux-ci, le renforcement des compétences managériales des assistantes sociales chargées de la coordination des équipes pourrait être envisagé, car ce type de compétences ne semblent pas faire partie du cursus de base alors que cette activité prend une part de plus en plus importante dans l’activité.

    https://www.efps.be/formations/aide-familial-e

    https://www.admr.be/fr/centre-de-formation-admr-cfadmr

    https://www.safsb.be/fr/centre-qualifiant-genevieve-jonas