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La recommandation n° 9 du point sur l'information et la communication du rapport de la Commission spéciale chargée d'évaluer la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par la Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 672 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 08/07/2022
    • de MUGEMANGANGO Germain
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La recommandation n° 9 du point sur l'information et la communication du rapport de la Commission spéciale chargée d'évaluer la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par la Wallonie prévoit d'élaborer un plan de communication, en collaboration avec l'autorité fédérale et les autres entités fédérées, qui soit moins anxiogène en développant notamment une approche holistique de la santé mentale qui permette de comprendre les facteurs qui ont mené à ces détresses psychologiques qui peuvent également être liées à des facteurs exogènes.

    Cette recommandation est-elle en voie d'application ?
    Si oui, comment ?
  • Réponse du 21/09/2022
    • de MORREALE Christie
    Plusieurs sources de communication et d’information ont été développées par l’AViQ. Tout d’abord, le site https://covid.aviq.be/fr regroupe l’information générale et les ressources concernant le Covid-19 en Wallonie, tant pour les citoyens que pour les professionnels des secteurs de l’AViQ. Il reprend toutes les informations disponibles, notamment les chiffres et leur évolution, les décisions du Comité de concertation, les données sur le Covid-19 en Belgique et en Europe, ou encore une FAQ concernant la vaccination. Le site https://www.jemevaccine.be/ rassemble l’information et les ressources relatives à la vaccination. Le site https://www.respirer.be informe sur les gestes protecteurs de manière non anxiogène.

    En ce qui concerne l’articulation avec les autres entités, les campagnes de communication liées au Covid ont été développées en collaboration étroite au sein de la Wallonie entre l’AVIQ, le SPW et mon Cabinet. Cette concertation s’est également effectuée en partenariat avec la COCOM, avec le souci d’une coordination inter-entités via la « task force » communication organisée au niveau fédéral.

    La campagne de communication en santé mentale « je me libère » a été menée début 2022. Cette campagne visait deux objectifs. Elle visait tout d’abord à sensibiliser le public sur le fait que la santé mentale concerne tout le monde. Elle visait également à renvoyer toutes les personnes vers des informations se trouvant entre autres sur le site www.trouverdusoutien.be les encourageant et leur permettant de prendre soin de leur santé mentale, dans tous les sens du terme. Les évaluations chiffrées sont plutôt positives sur l’impact de la campagne « je me libère ».

    La question de l’honorable membre et la recommandation à laquelle elle fait référence portent également sur la compréhension des facteurs qui ont pu favoriser l’augmentation de la détresse psychologique au sein de la population durant la crise du Covid-19. Des données issues de plusieurs publications belges et internationales se sont penchées sur l’évaluation, d’une part, de l’impact de la crise sur la santé mentale et, d’autre part, sur la mise en évidence des facteurs explicatifs de cet impact. Des facteurs explicatifs peuvent ainsi être relevés dans la littérature sur l’impact psychologique de mesures de confinement mises en place lors d’épidémies précédentes.

    En termes de données sur l’état de santé mentale des Belges à la suite de la crise du Covid 19, la huitième enquête de santé Covid-19 a été publiée par SCIENSANO en novembre 2021. Deux chapitres de ce rapport sont intéressants au regard de la question posée, ils concernent la santé sociale et la santé mentale. Il est ainsi rapporté que 27 % de la population âgée de 18 ans et plus se sentait faiblement soutenue socialement en octobre 2021. Comparativement, en 2018 ce chiffre se situait à 16 %.

    Le rapport met également en évidence qu’en mars 2020, la première enquête de santé Covid 19 avait mis en évidence une prévalence des troubles anxieux de 23 % et de troubles dépressifs de 20 % au sein de la population adulte. Ces chiffres étaient de 11 % de troubles anxieux et 9.5 % de troubles dépressifs en 2018. En octobre 2021 les chiffres étaient de 16 % pour l’anxiété et 14 % pour la dépression. Ainsi, l’impact de la crise sur la santé mentale a été important dans les premiers temps de la crise. Les chiffres des troubles anxieux et dépressifs ont ensuite diminué dans les enquêtes suivantes, sans pour autant revenir aux chiffres relevés en 2018. L’impact de la crise et des mesures de confinement sur la santé mentale a donc perduré au-delà des premiers temps de la crise.

    Une autre étude « Covid et moi » de l’UCLouvain et de l’Université d’Anvers (Lorant, Smith, Seeber, Van den Broeck et Nicaise, 2021) a pu mettre en évidence que 48 % des répondants en mars 2020 et 46 % en avril 2020 rapportaient une détresse psychologique lors du premier confinement. En juin 2020, les premières mesures de déconfinement ont été associées à une diminution de la part de population déclarant une détresse psychologique, avec un taux de 32 %. Toutefois, lors de la reprise de l’épidémie et des mesures sanitaires plus strictes en novembre, la détresse psychologique touchait à nouveau 47 % de la population. Ils ont également pu déduire de leurs analyses qu’une partie de cette détresse psychologique concernait certains groupes spécifiques, plus à risque en conséquence d’être impactés psychologiquement. Les femmes et les jeunes ont ainsi été les plus impactés d’un point de vue de leur santé mentale. D’autres études ont également mis en évidence que les personnes avec un niveau socio-économique plus faible avaient plus de risque de développer des problématiques de santé mentale.

    Plusieurs rapports mettent donc en évidence un impact des mesures de confinement et de la crise du Covid-19 sur la santé mentale des citoyens. Le fait d’appartenir à certains groupes augmente le risque. Plusieurs facteurs explicatifs peuvent être relevés dans la littérature.

    L’étude « covid et moi » a ainsi pu analyser que 24 % des différences de détresse psychologique s’expliquent par l’isolement, le faible support social et une fréquence faible d’activités. La littérature met en évidence que le fait d’avoir changé de statut d’emploi, par exemple être au chômage ou en télétravail, ont augmenté la détresse psychologique. Certains ont également vu leur charge de travail augmenter ou diminuer.

    Un autre chercheur (Schippers, 2020) a montré que le fait d’avoir dans le passé souffert de problèmes de santé mentale augmente le risque de souffrir de détresse psychologique pendant le confinement. Plusieurs processus explicatifs peuvent être mis en évidence concernant ce groupe de la population. Un des aspects est le fait que les soins de santé mentale étaient limités. Le manque de soutien social, la perte d’un job, la diminution des loisirs, qui sont pourtant des stratégies de coping efficaces ont exercé une influence, créant une spirale négative sur la santé mentale.

    Un autre facteur identifié dans la littérature est le fait d’être exposé à de l’information en continu à propos de la pandémie dans la presse et les réseaux sociaux. Plus l’exposition à l’information était importante, plus le risque de stress, d’anxiété et de peur de la maladie était élevé. Le confinement a pris place dans un contexte inhabituel, avec des répercussions se situant au niveau mondial et une incertitude forte. Une circulation d’informations pas toujours vérifiées était donc importante, ce qui a pu favoriser l’anxiété. Le fait donc d’utiliser de façon importante les médias sociaux ou de consulter de façon accrue la presse était un facteur de risque.

    Plusieurs experts et études scientifiques soulignent que les personnes hospitalisées en raison du Covid-19 sont à haut risque d'être confrontées à une exacerbation des troubles de santé mentale existants ou de développer de nouveaux troubles de santé mentale tels que la dépression majeure, les troubles anxieux ou le syndrome de stress post-traumatique (de Girolamo et al, 2020, Kahl et Correll, 2020, Xie et al, 2022, Clift et al, 2022). Une des explications serait due au fait que le Covid-19 peut atteindre de nombreuses parties du corps et contribuer à un stress mental accru.

    Les connaissances et l’expérience des précédentes vagues serviront lors de la mise en place de prochains plans de communication. La recommandation est donc rencontrée.