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Le développement des infrastructures de covoiturage en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 1086 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/07/2022
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    L'Agence internationale de l'énergie a établi diverses recommandations dans le but de réduire notre dépendance au pétrole, dont celle du covoiturage.

    Depuis son entrée en fonction comme Ministre de la Mobilité en 2019, nous avons déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises, d'échanger sur ce sujet, étant donné les déclarations de Monsieur le Ministre selon lesquelles sa volonté et celle du Gouvernement wallon seraient d'améliorer le covoiturage sur notre territoire, notamment en se coordonnant avec nos voisins.

    Comment met-il en œuvre, à court terme, cette recommandation de l'AIE, pour promouvoir le covoiturage ?

    Quelles sont les actions concrètes qu'il prend ?

    On le sait, l'utilisation optimale des bandes de covoiturage de la E411 impose une continuité des mécanismes au-delà de nos frontières régionales, à savoir en Flandre et au Grand-Duché de Luxembourg. En ce qui concerne la bande de covoiturage vers le Grand-Duché de Luxembourg, entre Arlon et Sterpenich, depuis le début de cette année il nous dit que des concertations et des réflexions sont en cours avec les autorités luxembourgeoises, en vue d'assurer la cohérence et l'uniformisation des dispositifs entre les régions. Qu'en est-il aujourd'hui ? Où en sont ses démarches, et des points d'accord ont-ils enfin pu être trouvés avec nos voisins du Grand-Duché de Luxembourg ?

    À propos de la continuité de la bande de covoiturage vers Bruxelles, sur le territoire de la Région flamande, mais aussi sur les conditions d'utilisation de cette bande, ses discussions étaient toujours en cours avec le cabinet de sa collègue, la Ministre Peeters, en avril dernier… Qu'en est-il ?

    Il nous avait aussi dit vouloir revoir les conditions d'utilisation des bandes de covoiturage, notamment en passant de 3 personnes minimum à 2 personnes minimum par voiture. Mais en mars dernier, il nous faisait savoir que cette question avait quelque peu pris du retard, et qu'une analyse plus fouillée allait devoir être assurée, y compris en termes de sécurité routière. Qu'en est-il aujourd'hui de la mise en œuvre de cette mesure ?

    Enfin, où en est-il dans la mise en œuvre des autres mesures en faveur du covoiturage, telles que l'augmentation du nombre de parkings de covoiturage à des endroits stratégiques, une meilleure visibilité de ceux-ci, des campagnes de communication, le soutien aux entreprises pour la formation de mobility manager, dont une des missions est de faciliter les pratiques de covoiturage entre collègues. Toutes ces actions sont-elles bien en cours, et quels sont les budgets spécifiques qui y sont dédiés, notamment au travers du Plan de relance de la Wallonie ?
  • Réponse du 17/10/2022
    • de HENRY Philippe
    Un meilleur partage de la voiture est nécessaire si nous voulons réduire la part modale de la voiture individuelle et atteindre l’objectif d’une charge moyenne de 1,8 passager d’ici 2030 (au lieu de 1,3 en 2017), tel qu’inscrit dans la Vision FAST.

    Il était difficile de favoriser et mettre en avant le covoiturage au cours de ces deux dernières années marquées par une crise sanitaire où le télétravail et la distanciation étaient de rigueur. Nous sommes à présent dans un contexte plus favorable qui nous permet de remettre le covoiturage en avant comme alternative crédible à l’autosolisme.

    La Flandre a dernièrement confirmé une nouvelle fois son refus de prolonger la bande de covoiturage jusqu’à son territoire, et ce pour les raisons suivantes :
    - le risque de réduire la vitesse commerciale des bus qui empruntent déjà la bande d’arrêt d’urgence ;
    - la problématique du contrôle ;
    - le risque de sécurité au niveau des rampes d’entrée et de sortie ;
    - le risque d’utilisation de cette bande par certains conducteurs qui ne répondent pas aux exigences requises pour emprunter cette bande de covoiturage.

    Concernant la sécurité au niveau des rampes d’entrée et de sortie, c’est un élément qui est largement partagé au niveau européen, en ce compris par les autorités luxembourgeoises, raison pour laquelle ces derniers ne souhaitent pas, non plus, prolonger la bande de covoiturage wallonne vers le Luxembourg.

    Je ne peux donc que regretter que mon prédécesseur ait pris l’initiative de développer ces bandes de covoiturage sur les bandes d’arrêt d’urgence alors que l’ensemble des exemples à l’étranger la place sur la bande de gauche.

    À défaut d’accord du Luxembourg et de la Flandre sur le prolongement du mécanisme au-delà des frontières wallonnes, ma volonté est d’élargir les conditions d’accès à la bande de covoiturage afin d’en maximiser l’utilisation. Comme j’ai déjà pu l’écrire ou le dire, mon intention est de permettre aux motos et aux voitures occupées par minimum 2 personnes (au lieu de 3 actuellement) d’y accéder. L’accès aux motos est autorisé par le Code de la route, moyennant le symbole de la moto sur le panneau de signalisation ou sur un panneau additionnel, symbole qui peut être répété sur la voirie. Ce n’est pas le cas par contre pour le passage à 2 personnes. Le SPF Mobilité et Transports a rédigé un projet d’arrêté royal en ce sens. Le projet de texte relevant du gouvernement fédéral doit être soumis au Conseil d’État et à l’avis officiel des régions avant adoption et signature royale. Le timing dépendra donc des éventuelles discussions sur ce projet au niveau fédéral.

    Le projet 80 du PRW – « Encourager le covoiturage, les parkings relais et l’utilisation du bus » - dispose d’une enveloppe de 29,4 M d’euros. Celle-ci pourra être utilisée pour diverses formes de soutien au covoiturage comme les parkings de covoiturage, les P+R ou les voitures partagées.

    Concernant les parkings de covoiturage :
    - les conventions ont été envoyées pour signature aux partenaires privés intéressés à mettre à profit la capacité de certains de leurs parkings ;
    - mon cabinet a récemment reçu le travail du bureau d’études Espaces Mobilité mandaté pour identifier les parkings régionaux potentiels. Un travail de priorisation est maintenant en cours et se base sur :
    o les avis des DT Routes ;
    o la demande, sauvage ou non, constatée aux abords des échangeurs du réseau routier structurant ;
    o la localisation par rapport aux parkings déjà existants ;
    o la densité de population aux alentours du lieu ;
    o la disponibilité de l’espace foncier ;
    o la demande estimée.

    Concernant les P+R, l’administration nous a également transmis les conclusions d’un groupe de travail que j’avais mis en place, précisément pour analyser les conditions de réussite d’un tel dispositif et ainsi mieux cibler les investissements.

    Un P+R n’a de sens qu’autour des grandes villes, mais surtout lorsque la politique locale de stationnement est cohérente avec la volonté de réduire la pression automobile au milieu urbain. L’arbitrage est également en cours pour identifier s’il est possible de financer l’un ou l’autre P+R avec ce budget du Plan de Relance.

    Concernant les voitures partagées, plusieurs projets pilotes sont étudiés tout particulièrement en milieu rural où l’utilisation de la voiture individuelle reste trop souvent utilisée, faute d’alternative suffisante et pertinente.

    Par ailleurs, la Région wallonne a signé depuis le 1er janvier 2021 une convention avec l’ASBL MPACT pour une durée de 4 ans. Les objectifs de cette convention sont notamment de :

    -développer des outils de sensibilisation, d’information et de formation afin d’accroitre la prise de conscience des enjeux du covoiturage et des autres formes de mutualisation de la voiture individuelle et faciliter son développement ;
    - mettre en place les outils facilitant le covoiturage, l’auto-partage et la mutualisation de la voiture individuelle en général, tant au niveau des entreprises, des collectivités locales, des organisateurs d’évènements que de la population ;
    - favoriser la complémentarité avec les autres modes de transport, modes doux et transports publics en particulier ;
    - développer les partenariats nécessaires à l’atteinte de ces objectifs avec les Centrales de Mobilité, les communes, les opérateurs de transport, les associations d’entreprises, et cetera ;
    - assurer la transition de l’outil Mobitwin vers l’outil choisi pour la Région et la Centrale régionale de Mobilité pour la gestion des chauffeurs bénévoles par les Centrales locales de Mobilité.