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Les maladies cardiovasculaires chez les femmes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 712 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/07/2022
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Alors que les atteintes cardiovasculaires sont souvent considérées comme un risque concernant surtout les hommes, elles constituent pourtant la première cause de décès chez les femmes en Belgique et dans le monde, avant le cancer du sein.

    Le stress, le tabagisme, la contraception, la ménopause ou encore la sédentarité sont autant de facteurs qui accroissent la vulnérabilité des femmes.

    La difficulté de poser un diagnostic et de la prise en charge s'explique, selon les spécialistes, notamment par une plus grande variété de symptômes, plus insidieux. Ainsi, des difficultés respiratoires, une gêne dans la poitrine ou des douleurs à l'estomac doivent alerter.

    S'ajoute, en toile de fond, un phénomène de masculinisation des troubles cardiaques. Comme l'indique la Ligue cardiologique de Belgique, une femme a 27 % moins de chance de bénéficier d'un massage cardiaque qu'un homme si elle fait un malaise, la survenance d'un malaise chez la femme étant souvent identifié comme faisant suite à une atteinte bénigne, telle une chute de tension.

    Comment la Wallonie peut-elle contribuer à sensibiliser non seulement les acteurs de la première ligne de soins, mais également le grand public au caractère plus insidieux de l'occurrence des maladies cardiovasculaires chez les femmes ? Des initiatives spécifiques ont-elles déjà été prises en la matière ?

    La Ligue cardiologique recommande un bilan cardiovasculaire complet pour toutes les femmes à partir de 50 ans. Une recommandation qui apparaît assurément opportune lorsque l'on sait que, sur les 15 dernières années, le pourcentage de femmes de moins de 50 ans victimes d'un infarctus a triplé. La Wallonie entend-elle inviter la population cible en ce sens dans le cadre d'une campagne de dépistage ?

    Comment la prévention des maladies cardiovasculaires chez la femme, eu égard à la relative méconnaissance dont celles-ci se manifestent, s'inscrit-elle dans le Plan de prévention et de promotion de la santé de la Wallonie ?
  • Réponse du 21/11/2022
    • de MORREALE Christie
    J’ai pris connaissance des informations livrées par la Ligue cardiologique belge sur les maladies cardiovasculaires chez les femmes (https://liguecardioliga.be/maladies-cardiovasculaires-chez-les-femmes/) dont l’honorable membre fait référence.

    Je me permets d’y apporter quelques nuances, en me basant notamment sur les données de santé validées du rapport de 2021 sur l’état de santé en Belgique de Sciensano (https://www.belgiqueenbonnesante.be/metadata/hsr/HSR2021_FR.pdf (pp13-14)). Le rapport confirme bien que « les 3 principales causes de décès (…) chez les femmes (…) étaient la démence (incluant la démence vasculaire et la maladie d’Alzheimer), les maladies cérébrovasculaires (HTA inclus) et les cardiopathies ischémiques. » Cependant, « les taux de mortalité prématurée ont diminué pour la plupart des causes de décès entre 2000 et 2018. Une forte baisse a été observée pour les cardiopathies ischémiques et les accidents de transport (une diminution de plus de 50 %) ».

    Au niveau de la prévention, c’est la mortalité prématurée qui est intéressante tandis que la mortalité globale est le reflet du vieillissement de la population et de l’augmentation de l’âge de décès. Cette mortalité prématurée concerne « les pathologies présentant la charge la plus élevée en termes d’années potentielles de vie perdues avant 75 ans (…) : le cancer du sein, le cancer du poumon et les maladies cérébrovasculaires chez les femmes. »

    Les facteurs qui accroissent la vulnérabilité des femmes sont surtout retrouvés dans les classes socioéconomiquement les moins favorisées. Le rapport met notamment en avant :
    • « La consommation de tabac : la proportion de fumeurs quotidiens est 2,3 fois plus élevée chez les personnes les moins instruites que chez les plus instruites » ;
    • « Le surpoids et l'obésité sont fortement liés au statut socio-économique, avec une prévalence beaucoup plus élevée chez les personnes ayant un niveau d'éducation plus faible. » ;
    • De plus, « moins d'un tiers (30 %) de la population adulte (18 ans et plus) respecte les recommandations de l'OMS de pratiquer au moins 150 minutes d'activité physique d'intensité modérée par semaine. Les hommes (36 %) sont plus nombreux à s'y conformer que les femmes (25 %). » ; …

    Un facteur très important repris dans ce rapport est celui de la littératie en santé.

    « Un tiers de la population âgée de 15 ans et plus ne dispose pas de compétences suffisantes pour prendre des décisions concernant sa santé ».

    La Wallonie contribue à sensibiliser les acteurs de première ligne ainsi que le grand public :
    - premièrement, les inégalités sociales de santé, y compris sur le niveau de littératie en santé du grand public sont une préoccupation majeure. Plusieurs initiatives existent pour diffuser une information validée : le site info santé (https://www.infosante.be/guides/evaluation-du-risque-cardiovasculaire) à destination du grand public et celui de la SSMG (Société Scientifique de Médecine Générale) pour la formation continue (https://www.ssmg.be/?s=+maladies+cardio+vasculaires) des médecins ;
    - deuxièmement, le Plan de relance wallon consacre en son projet 281, la mise en place d’un outil digital de gestion intégrée « W.all.in.health ». Cette interface numérique bénéficiera à la fois aux professionnels de première ligne et à la fois aux citoyens. Elle se composera de 4 interfaces dont une reprenant les actions en promotion de la santé et de prévention, les opérateurs présents, les campagnes développées ainsi que les données de santé disponibles en Région wallonne. Cela permettra d’avoir une vision en temps réel des actions et de la situation sanitaire aidant à la mise en œuvre d’actions de santé sur le territoire.

    Par après, il est bon de rappeler que des recommandations existent déjà pour la prévention du risque cardiovasculaire global et sont accessibles au niveau de la SSMG (https://www.ssmg.be/wp-content/images/ssmg/files/Cahiers_de_prevention/am3.pdf). C’est en consultation chez son médecin que le sujet peut être abordé.

    Ensuite, la programmation opérationnalisant le Plan wallon en prévention et en promotion de la santé (Plan WAPPS) a été adoptée le 1er septembre 2022 par le Gouvernement wallon. Cet outil est disponible sur le site de l’AViQ et fixe les priorités en termes de promotion de la santé et prévention.

    Les maladies cardiovasculaires y sont abordées dans un premier temps par des stratégies de promotion de la santé. En effet, l’axe 1 de la programmation concerne la promotion des modes de vie dans lequel le point 1.1 est spécifique à l’alimentation, l’activité physique et la sédentarité. Ensuite, le point 1.2 se concentre sur la lutte contre le tabagisme.

    En plus d’agir sur les conditions et modes de vie impactant le développement de maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires, les dépistages et diagnostics précoces permettent de repérer de plus en plus tôt ces maladies, avant même les premiers signes ressentis par les patients. Ainsi, l’axe 3 de la programmation est spécifique à la prévention des maladies chroniques.

    Pour finir, cet outil, étant le fil conducteur pour les opérateurs en promotion de la santé et en prévention, est basé sur les objectifs transversaux du plan WAPPS. Par conséquent, cela signifie que la dimension genre est transversale à toutes les stratégies ainsi que la prise en compte des inégalités sociales de santé.