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Les terrils et la préservation de la nature

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 753 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/07/2022
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Vestiges d'un passé minier autrefois florissant, les terrils attestent aujourd'hui d'une belle capacité de la nature à reprendre inévitablement ses droits sur ces témoins de l'industrie charbonnière si prospère à la fin du XIXe siècle dans nos contrées. Sur l'axe minier wallon, de Dour à Blegny, on compte 542 terrils historiques, dont environ 300 sont toujours en place.

    Par endroits, l'intérêt croissant du grand public pour les terrils a provoqué une surfréquentation. L'herbe s'immisce entre ce qu'il reste des rails et des dalles de béton se retrouvent déformées, çà et là, par les racines des arbres. Des zones humides temporaires hébergeant quelques batraciens ou des oiseaux témoignant, eux aussi, de la richesse de ces sites sur le plan de la biodiversité. Les amoureux de la nature, quant à eux, tentent de contrer la prolifération de certaines plantes invasives.

    Plusieurs programmes visant à mener une étude sur la valorisation des terrils en vue d'y développer un tourisme durable ont vu le jour dans notre Région, permettant aux promeneurs de connaître les zones à éviter, qu'elles soient investies par certaines espèces ou sujettes aux fumerolles, suggérant que le terril est encore en combustion.

    Grâce aux précieux inventaires effectués ces 20 dernières années, la biodiversité présente sur les terrils a pratiquement livré tous ses secrets. Le travail n'est toutefois pas fini pour autant.

    À l'exception de quelques sites rendus inaccessibles par leurs propriétaires privés, naturalistes et opérateurs essaient de préserver et de valoriser au mieux ces espaces au bénéfice de la nature. Garder des zones humides, déboiser ou débroussailler les milieux encore ouverts ou encore entretenir les chemins de promenade sont autant de missions dévolues à des bénévoles, des élèves ou des entreprises en vue de préserver des zones humides et conserver une richesse florale sur les prairies encore très rocheuses.

    Madame la Ministre voudrait-elle nous informer de son souhait de procéder à une réunion des acteurs des terrils autour de la table, à l'image des contrats de rivières, permettant de capter des subsides cofinancés par l'Union européenne, pour accélérer considérablement les opérations de préservation et de restauration de la biodiversité, tout en permettant, aux amoureux de la nature et des escapades en ces endroits témoins de notre histoire, de les fréquenter tout en s'inscrivant dans un objectif de durabilité ?
  • Réponse du 05/01/2023
    • de TELLIER Céline
    Les terrils sont en effet des territoires tout à fait remarquables en matière d’accueil de la nature, ils abritent des milieux particuliers dont profitent une faune et flore spécifiques devenues souvent rares en Wallonie : des milieux pionniers et instables, thermophiles, humides, des roselières, des recolonisations forestières spontanées… La fonction d’accueil et de développement de la biodiversité est donc en effet très importante, et sa connaissance relativement bien avancée grâce à l’ensemble des usagers naturalistes qui fréquentent ces milieux.

    Du fait de leurs caractéristiques naturelles et de leur localisation bien souvent proche des agglomérations urbaines, les terrils attirent en effet de nombreux promeneurs et autres usagers. Leur potentiel en termes de fonction sociorécréative est donc important. Comme l’honorable membre le souligne, la surfréquentation peut être un problème en certains endroits. Il s’agit souvent de différents types de fréquentation, dont certaines sont non désirées ou inappropriées.

    Je suis convaincue que nous devons garder nos espaces naturels les plus ouverts au public possible, afin que chacun de nos concitoyens dispose d’espaces naturels de qualité à proximité de chez lui, voire comme attrait touristique pour un public un peu plus lointain. La chaîne des terrils de Wallonie regorge également d’un potentiel à ce niveau dont témoignent d’ailleurs de nombreux sentiers balisés, comme la fameuse « boucle noire ». Mes actions en matière de fonction sociorécréative des espaces naturels consistent donc plutôt à les pourvoir d’infrastructures adaptées, permettant d’organiser les flux et d’orienter les usagers, ou dans certains cas décourager certains usages.

    J’ai déjà exprimé ma volonté qu’une attention particulière soit réservée aux terrils. Plusieurs démarches ont été prises à mon niveau afin de soutenir des initiatives concernant la protection et la valorisation des terrils. Au-delà des outils plus largement mis en place pour les aires protégées, la fonction sociorécréative ou le maillage écologique, et qui bénéficient également aux terrils, je citerai notamment les dispositions du code de la gestion des ressources du sous-sol que j’ai présenté au Gouvernement et qui prévoit une nouvelle classification des terrils ainsi que des contrats de gestion.

    En préparation à ces contrats de gestion des terrils, une étude a été réalisée au travers du projet pilote du Contrat de Bassin Minier, que je souhaite poursuivre cette année.

    Au travers de cette structure de concertation, mais également au travers des rencontres avec les nombreuses parties prenantes autour des terrils, j’ai pu me faire une idée précise des multiples enjeux dans le cadre de mes compétences. De nombreux nouveaux projets de valorisation, de restauration et de protection ont d’ailleurs déjà vu le jour grâce aux actions menées jusqu’ici, et mon intention est bien de les poursuivre et de les intensifier.