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La lutte contre les incendies de forêt

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 756 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/07/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Comme la France vient d'en faire douloureusement les frais, le dérèglement climatique amplifie les paramètres favorables aux incendies : sécheresse, vent, fortes températures fragilisent énormément les forêts. Des régions qui n'avaient pas l'habitude de ce genre d'événements sont à présent touchées !

    Rien ne permet de penser que la Wallonie n'est pas sujette à ce type d'aléa, les forêts y étant nombreuses.

    Sachant qu'il vaut mieux prévenir que guérir, l'entretien de la forêt est la première des précautions à prendre. A cet égard, Madame la Ministre peut-elle faire un bilan de santé de la forêt wallonne et des mesures prises pour amplifier la prévention et l'entretien ? Dispose-t-elle d'un outil de suivi et d'analyse efficace et efficient ? Quel est-il ? Des améliorations doivent-elles intervenir ? Lesquelles ?

    Dispose-t-elle des effectifs humains et techniques suffisants pour suivre la forêt wallonne, privée et publique ?

    Quelles sont les recommandations édictées pour entretenir convenablement la forêt ? Où se situe le siège de la matière sur le plan législatif ? Des sanctions sont-elles émises en cas d'infractions ? Quelles sont-elles et quel fut leur volume sur les cinq dernières années ?

    Le citoyen étant le meilleur allié des pompiers, quelle éducation aux risques forestiers est-elle mise en pratique dès le plus jeune âge ?

    Fréquemment, la presse évoque un bulletin de la météo des plages ou des neiges, pourquoi n'existerait-il pas un bulletin des massifs boisés et des risques forestiers ?

    Enfin, même si la compétence de la sécurité civile ne relève pas de l'autorité de Madame la Ministre, est-il saugrenu de penser que l'acquisition d'un Canadair ne serait pas superflue ?

    Des contacts avec la Ministre de l'Intérieur ont-ils été pris et quelle en est l'issue ? Le cas échéant, ne serait-il pas utile de le faire ?
  • Réponse du 11/10/2022
    • de TELLIER Céline
    Nos forêts sont effectivement soumises aux aléas climatiques de ces dernières années. Le stress hydrique que nous connaissons a de nombreuses conséquences directes (changement de couleur du feuillage, mortalité de certains individus), mais également indirectes en favorisant par exemple les attaques d’insectes comme ce fut le cas pour le scolyte de l’épicéa. La situation actuelle est donc préoccupante et fait l’objet de toute mon attention.

    L’Observatoire Wallon de la Santé des Forêts (OWSF) effectue une surveillance permanente de l’état sanitaire de nos forêts grâce à un réseau de 60 relais locaux répartis au sein des gestionnaires publics et privés. L’OWSF a également pour mission d’analyser ces phénomènes et d’informer le public tant sur la situation que sur les mesures à prendre.

    Les services extérieurs du Département de la Nature et des Forêts (DNF) prennent quant à eux les mesures adéquates de prévention, définies notamment dans le Plan interne d’urgence de lutte contre les incendies. Au-delà des éléments préventifs (surveillance, sensibilisation, entretien…), ce plan reprend une liste géoréférencée des sites sensibles. La surveillance soutenue des zones à risque (zones très sèches, zones à forte fréquentation…) est bel et bien d’actualité. Des actions d’information et de sensibilisation à l’égard de l’ensemble des usagers de la forêt sont menées de manière complémentaire.

    Parmi les recommandations édictées pour entretenir convenablement la forêt, la Wallonie a édité en 2017 un document intitulé « Le changement climatique et ses impacts sur les forêts wallonnes – Recommandations aux décideurs, propriétaires et gestionnaires ». De manière complémentaire, un projet du Plan de relance concerne la prévention et la gestion des crises, notamment des incendies de forêt. Il en résultera par exemple une meilleure prise en compte des crises dans la gestion forestière. Au niveau de la prévention, on peut notamment citer la diversification des massifs forestiers. Une forêt mélangée et diversifiée est en effet moins sensible au risque d’incendie. Il importe également de maintenir une certaine humidité au niveau du sol (végétation d’accompagnement), d’entretenir les coupe-feux et de créer des réservoirs d’eau en forêt.
    Sur le plan législatif, c’est essentiellement via le Code forestier et la Loi sur la Conservation de la Nature que des limites sont imposées concernant les pratiques qui pourraient occasionner un affaiblissement des forêts (risque d’incendie, de déstabilisation des peuplements par des mises à blanc trop importantes, tassement des sols, adéquation entre essence et station, etc.). Selon les chiffres relevés pas mon administration, ce sont plus de 50 PV qui sont dressés chaque année depuis 2019. 

    Des actions d’information et de sensibilisation à l’égard de l’ensemble des usagers de la forêt concernant le risque d’incendie sont menées, particulièrement auprès des mouvements de jeunesse sur leur lieu de camps. Des actions de sensibilisation sont également menées bien en amont lors de formations destinées aux encadrants, mais aussi par des actions de communication mises en œuvre par les fédérations.

    Nous ne disposons pas d’un bulletin météo dédié aux massifs forestiers, mais l’Institut Royal Météorologique (IRM) publie des indices de sécheresse, qui ne sont toutefois pas liés au risque d’incendie. Un certain nombre de pays du sud, dont la France, disposent d’un indice forêt-météo (IFM) qui relie des paramètres physiques mesurables à un risque d’incendie. Une adaptation d’un tel système pourrait avoir sa pertinence chez nous.

    Enfin, l’acquisition d’un avion bombardier d’eau n’est pas à l’ordre du jour, mais une collaboration avec les services des pays voisins permet de disposer de matériel adapté à la lutte contre les incendies de forêt. Par ailleurs, un contact avec la Ministre de l’Intérieur est prévu.

    Outre son rôle de prévention (surveillance, entretien, communication, restriction éventuelle des accès), mon administration travaille en étroite collaboration avec les services de secours : guidage des pompiers, ouverture des barrières, dégagement de chemins, éloignement du public, etc.