/

Le ralentissement de l’économie et le risque de récession

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 857 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/07/2022
    • de GALANT Jacqueline
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    À l'exception de l'industrie manufacturière, la confiance des chefs d'entreprises en Belgique s'est à nouveau légèrement détériorée, passant de -1,8 en juin à -2,8 points en juillet 2022. C'est la troisième baisse consécutive du principal indicateur conjoncturel pour l'économie belge, qui s'appuie sur une enquête mensuelle de la Banque Nationale de Belgique auprès des secteurs.

    La confiance des consommateurs suit la même tendance puisqu'elle s'est également repliée au mois de juillet. Ces tendances parallèles ne doivent cependant pas masquer le fait que les deux indicateurs évoluent à des niveaux sensiblement différents. La confiance patronale reste actuellement au-dessus de la moyenne historique, ce qui indique que, même si l'économie ralentit, nous ne sommes pas encore dans un contexte de récession selon un économiste à la Banque Nationale de Belgique.

    La confiance des consommateurs évolue quant à elle à un niveau inférieur à la moyenne historique. Les ménages sont lourdement affectés par les incertitudes générées par le contexte inflationniste et la guerre en Ukraine notamment.

    Comment Monsieur le Ministre prépare-t-il la Wallonie à endurer un ralentissement économique ?

    Le Plan de relance de la Wallonie pourrait-il éviter le risque de récession ?

    Que fait-il à court terme afin de protéger les entreprises et les citoyens de ces risques économiques ?
  • Réponse du 26/08/2022
    • de BORSUS Willy
    La Banque Nationale de Belgique a publié, le 25 juillet dernier, son enquête mensuelle de conjoncture auprès des entreprises. Cette enquête confirme que le baromètre de conjoncture s’est replié pour le troisième mois consécutif, la confiance des entreprises ayant continué à s’affaiblir, à l’exception de l’industrie manufacturière (https://www.nbb.be/doc/dq/f/dq3/pfc.pdf).

    L’enquête indique que ce sont surtout les perspectives pour l’activité qui se sont dégradées. Il faut ainsi évoquer l’évolution plus défavorable des carnets de commandes et du matériel utilisé, mais également les perspectives d’emploi qui contribuent à la baisse de la confiance des chefs d’entreprise.

    On notera que la courbe synthétique brute affiche un niveau comparable aux années 2017 à 2019, l’année 2020 ayant été fortement marquée par l’impact sur l’économie de la crise du Covid-19, l’année 2021 ayant été, à l’inverse, marquée par la forte reprise économique post-Covid.


    L’enquête mensuelle du 22 août 2022 relative à la confiance des consommateurs indique quant à elle un léger redressement, l’indicateur de confiance pointant à – 11, contre – 13 pour le mois de juillet (https://www.nbb.be/doc/dq/f/dq3/pfe.pdf).


    En ce qui concerne les prévisions économiques, le Bureau du Plan a estimé, en date du 5 juillet que le taux d'inflation annuel devrait s'élever à 8,5 % en 2022.

    En effet, les entreprises font face à une incertitude concernant les approvisionnements et à l’explosion des coûts énergétiques à laquelle les citoyens sont bien entendu également confrontés.

    Un article paru dans l’Echo ce 24 août (https://www.lecho.be/entreprises/energie/couts-energetiques-astronomiques-en-vue-pour-les-entreprises/10409098.html), fait état d’un coût énergétique encore plus important pour les entreprises, constat dressé par plusieurs fédérations sectorielles. AGORIA estime ainsi une charge de 10 milliards d'euros supplémentaires pour l’industrie technologique belge en 2023. La Confédération de la construction relève le fait que la hausse des prix de l’énergie et des matériaux de construction a, à ce stade, entraîné l’annulation de 5 % des chantiers et le report de 7 % des chantiers. L’Union Professionnelle du Transport et de la Logistique, estime que la série d’annulations de chantiers risque de provoquer elle-même des annulations de demandes de transport, tandis que Fedustria estime que pour certaines entreprises le coût de l'énergie atteint 50 % des charges.

    Après la crise du Covid, après, pour celles et ceux qui ont été concernés, les inondations, affronter une telle situation représente pour bon nombre d’entreprises un véritable défi, pour certaines une immense difficulté.

    Les outils économiques (Sowalfin, SRIW, SOGEPA) disposent déjà d’un ensemble de produits et de services qui peuvent apporter des solutions aux entreprises concernées et plus particulièrement pour ce qui concerne la hausse des prix de l'énergie, des dispositifs de financement au travers du prêt Propulsion et du dispositif Easy Green au départ du groupe Sowalfin. Ces dispositifs s'ajoutent aux prêts, garanties et participations en capital que peuvent proposer la SRIW, la SOGEPA et la Sowalfin. Le Gouvernement a approuvé en sa séance du 17 juin dernier, le régime wallon de montant d’aide limité, de garanties publiques et de prêts bonifiés, lequel a été notifié auprès de la Commission européenne sur la base de l’encadrement temporaire de crise pour les mesures d’aide d’État visant à soutenir l’économie à la suite de l’agression de la Russie contre l’Ukraine.

    C’est cependant le travail sur le coût de l’énergie qui doit être un élément extrêmement structurant et majeur. Je pense aux actions qui doivent être menées pour le court et moyen terme, afin de préserver durablement la compétitivité énergétique de nos entreprises. Je pense notamment aux accords de branche de troisième génération, mais également à d’autres mécanismes devant permettre une réaction en cas de crise énergétique. Nous sommes en dialogue avec mon collègue Philippe Henry, en charge de la matière, en vue d’avancer sur ces mesures. Bien entendu, les niveaux fédéral et européen sont aussi directement concernés par les décisions à prendre en la matière.

    Les perspectives économiques régionales 2022-2027 publiées par le Bureau du Plan le 18 juillet indiquent, pour ce qui concerne les estimations de croissance du PIB pour cette année, que le choc inflationniste et la guerre en Ukraine brident la reprise, qui devrait quand même se traduire par une croissance économique encore supérieure à 2 % dans chaque région, estimée à 2,5 % en Wallonie (2,1 % à Bruxelles, 2,8 % en Flandre) (https://www.plan.be/publications/publication-2267-fr-perspectives_economiques_regionales_2022_2027).

    Les prévisions pour 2023 prévoient un ralentissement sensible de la croissance du PIB, à 1,1 % en Wallonie (à 1,3 % à Bruxelles et en Flandre).

    Au total, au cours de la période 2024-2027, la croissance du PIB wallon serait de 1,3 % par an en moyenne (1,5 % en Flandre et 1,1 % à Bruxelles).

    Concernant les effets économiques délétères de l’inflation sur les revenus des citoyens, j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer devant l'honorable membre le mécanisme de l’indexation automatique des salaires – que je soutiens. Il s’agit d’un mécanisme qui relève des compétences du Fédéral.

    En ce qui concerne le pouvoir d’achat des ménages, les prévisions 2022-2027 prévoient à moyen terme, une croissance similaire à celle d’avant-crise (2015-2019), soit 1,2 % par an en Wallonie (1,4 % à Bruxelles et 1,1 % en Flandre).

    Cette année, la forte inflation entraînerait une baisse du pouvoir d’achat des ménages wallons de 0,2 % (0,8 % à Bruxelles et 0,4 % en Flandre). En 2023, le revenu disponible réel par habitant devrait augmenter dans les trois régions, grâce à l’indexation des salaires et des allocations sociales qui, cette année-là, dépasse l’inflation.

    On notera également qu’au deuxième trimestre 2022, la croissance de la zone euro a été meilleure que prévu (0,7 % du PIB de la zone euro), selon les chiffres publiés par Eurostat le 29 juillet dernier, mais l’inflation a été de 8,9 % au niveau de la zone euro (https://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/14644653/2-29072022-BP-FR.pdf/89e34196-3ae6-e977-8d06-8d8468a8ebea?t=1659086471540).

    Enfin, le plan de relance de la Wallonie vise spécifiquement à agir sur un certain nombre de facteurs structurels de l’économie wallonne qui sont de nature à renforcer le potentiel de croissance de la Wallonie et sa résilience à long terme. Il s’agit notamment de renforcer le potentiel d’innovation en Wallonie au travers de la stratégie de spécialisation intelligente et des moyens conséquents dédiés à la recherche et à l’innovation, de consolider des chaines de valeur industrielles structurantes et exportatrices, de développer les efforts de formation, autant d’éléments qui doivent permettre de saisir les opportunités et de lever les freins à la reprise et qui auront un impact positif sur nos entreprises.