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Les itinéraires de culture industrielle

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 493 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/07/2022
    • de DISABATO Manu
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Nous fêtions début juillet les 10 ans de l'inscription des sites miniers majeurs de Wallonie au patrimoine mondial de l'UNESCO.

    Dans le cadre de la préparation de cette reconnaissance avant 2012, des projets Interreg IV ont été mis en place, dont le projet « ICI – Itinéraire de culture industrielle » en 2009, pour environ 2 millions d'euros, qui a mené à la concrétisation d'une série d'actions dont les suivantes :
    - action 1 – une cartographie de points d'intérêts du patrimoine industriel frontalier ;
    - action 2 – une publication détaillée des points d'intérêts relevés sur la carte avec des focus d'informations sur le passé industriel ;
    - action 3 – un guide multimédia. Il s'agissait d'une application disponible sur iPhone permettant de réaliser des visites géolocalisées sur le territoire ;
    - action 4 – une exposition en triptyque qui a été accueillie par trois opérateurs (Musée d'Histoire naturelle de Lille, SPARKOH ! (anciennement le Pass) et le Bois du Cazier ;
    - actions 5 et 6 – la tenue d'événements et de visites de part et d'autre de la frontière ;
    - action 7 – communication autour du projet de ces actions qui s'est traduit par la mise en ligne d'un site web les répertoriant. Malheureusement, ce site web n'existe plus après plus de 10 ans de mise en ligne.

    Force est de constater que les actions 1, 2, 3 et 7 n'ont pas été pérennisées au-delà du projet mis en place entre 2009 et 2013. Les liens menant à des sites et outils dans le cadre de cet itinéraire ne sont d'ailleurs plus attribués ou ne mènent pas vers des sites correspondants (par exemple, le site web censé accueillir des cartes 3D et une application, dont voici l'URL communiquée : www.ici-itineraire.eu).

    En réponse à une question écrite de mon collègue M. Di Mattia du 17 novembre 2020, Madame la Ministre évoquait, dans le cadre du programme Interreg 5, qu'un projet « Destination terrils » serait créé et reprendrait notamment un itinéraire cyclable transfrontalier visant à valoriser le patrimoine industriel en créant une « véloroute du patrimoine industriel » qui pourrait ensuite être reconnu par EuroVelo

    Madame la Ministre peut-elle faire le point sur les actions mises en place depuis sa prise de fonction pour la mise en avant du patrimoine industriel ?

    Par ailleurs, peut-elle nous expliquer les raisons qui ont mené à ne pas pérenniser les actions mises en place sur ce point dans le cadre du programme Interreg 4 ? Et les raisons d'un nouveau lancement dans le programme Interreg 5, qui semble pourtant reprendre les mêmes bases de création d'un itinéraire cyclable, notamment ? Quels moyens sont prévus pour ce dernier ? Une mise à jour des actions mises en place il y a 10 ans est-elle possible et, le cas échéant, ne serait-elle pas moins coûteuse pour la Région wallonne ?

    Enfin, peut-elle préciser les actions qui ont été pérennisées et leur taux de fréquentation par site identifié ?
  • Réponse du 26/08/2022
    • de DE BUE Valérie
    Je laisse à l'honorable membre la liberté d’établir une corrélation entre la préparation du dossier d’inscription des sites miniers majeurs de Wallonie et le projet Interreg IV : Itinéraire de culture industrielle. Toutefois, je voudrais préciser que les objectifs me semblent assez différents.

    Le projet ICI relève du secteur Tourisme et aborde également des thématiques étrangères au patrimoine immobilier comme le folklore, les arts… En outre, je rappellerai que la France et la Belgique ont présenté des dossiers distincts à l’UNESCO, la France choisissant une approche territoriale et paysagère en proposant le bassin minier du Nord, et la Belgique optant pour une approche sérielle de quatre sites assez distants. Cette divergence a été comprise et admise par l’UNESCO puisque les deux propositions ont été avalisées la même année.

    Je souhaite aussi souligner les différences fondamentales d’approche entre patrimoine mondial et programme Interreg. Le patrimoine mondial s’intéresse à des biens immobiliers protégés au niveau national en raison de leur valeur universelle exceptionnelle. Il relève de la compétence des États qui sont invités à travailler avec les communautés locales pour l’élaboration du dossier de candidature et la gestion des sites, mais qui sont responsables de la présentation du dossier et qui doivent rendre compte au Comité du Patrimoine mondial des éventuels problèmes de gestion.

    En revanche, le programme Interreg vise, au travers de cofinancements, à favoriser les échanges économiques, sociaux et culturels dans des régions transfrontalières. Le patrimoine est un des domaines d’action, mais la qualité exceptionnelle des biens concernés n’est pas une exigence. Par ailleurs, le programme vise le développement de collaboration entre des acteurs locaux des différentes régions concernées.

    L’approche est donc plus bottom-up et le dynamisme local est essentiel dans la pérennisation des projets. Le Gouvernement wallon peut intervenir en soutien, mais certainement pas comme moteur.

    Les actions du projet INTERREG « ICI – itinéraire de culture industrielle » ont été mises en œuvre directement par six opérateurs d’origine française et belge (dont le PASS – SPARK’OH, Le Bois du Cazier et l’Écomusée du Bois-du-Luc du côté wallon) à l’aide de financements octroyés par l’Union européenne et les États membres concernés, incluant la Wallonie. C’est donc aux bénéficiaires des subventions qu’est revenue la mission de mettre en œuvre ce projet conformément à la décision des Autorités politiques du programme INTERREG France-Wallonie-Vlaanderen et au cadre d’éligibilité et de gestion en vigueur.

    À cet égard, il ressort de la lecture du rapport d’activités final du projet approuvé par le comité d’accompagnement en date du 11 octobre 2013 que l’ensemble des actions de la fiche-projet ont été réalisées :
    - recenser, documenter, classifier et cartographier des témoignages remarquables du patrimoine industriel transfrontalier ;
    - créer et diffuser une carte et un carnet d’exploration du territoire transfrontalier ;
    - créer un guide multimédia touristique ;
    - créer une exposition sur l’évolution et les caractéristiques du « paysage industriel » ;
    - mettre en œuvre une programmation culturelle événementielle ;
    - concevoir un programme d’animation et d’échanges à destination des populations vivant au cœur du patrimoine industriel et élaborer un plan de communication.

    En ce qui concerne la vie du projet au-delà du financement INTERREG, il incombe aux opérateurs de prendre les dispositions pour assurer la pérennité du partenariat et des résultats issus du projet et pour capitaliser sur les dynamiques rendues possibles par le projet INTERREG. J’ai cependant mandaté récemment le CGT afin de solliciter les opérateurs wallons ayant bénéficié dans soutien dans ce cadre pour rendre les itinéraires accessibles via le site des organismes touristiques et au travers de la base de données PIVOT.

    Si le projet ICI s’est arrêté, d’autres existent et permettent aux sites industriels wallons de se faire connaître et reconnaître tant auprès du public wallon qu’étranger. Le patrimoine industriel wallon reste bien entendu une thématique importante à valoriser.

    Le projet « Destination terrils » s’inscrit implicitement dans cette logique de valorisation du patrimoine industriel comme destination touristique à part entière. Le Commissariat général au Tourisme collabore avec les opérateurs (dont 4 wallons : Espace Environnement, NATECOM, CARAH et Ardenne & Gaume) du projet INTERREG V France-Wallonie-Vlaanderen pour les aspects touristiques du projet.

    L’objectif de ce projet est de favoriser l’attractivité et le développement touristique sur les terrils de l'arc minier franco-wallon tout en respectant la biodiversité, l'intégrité des sites et en conciliant les usages.

    En termes de réalisations, un travail de collecte de données (fréquentation, biodiversité, vestiges de l'activité, sensibilité…), de prise d’informations (schémas d'accueil, accessibilité des sites : voies douces, transports en commun) et de formation d’acteurs locaux (32 guides ambassadeurs transfrontaliers ont été formés et 40 autres, en cours de formation) a été accompli et toutes ces informations ont été rassemblées sur le portail internet https://www.destinationterrils.eu/fr/ . Ce portail est accessible à tous et regroupe, dans une interface conviviale et intuitive, tous les renseignements utiles aux visiteurs désirant se rendre sur l’un des 75 terrils étudiés durant le projet.

    Le CGT poursuit d’ailleurs les contacts avec l’ASBL « Espace Environnement » en vue de déterminer dès à présent les possibilités de collaboration pour la programmation future en matière d’accessibilité des personnes à besoins spécifiques, de vélotourisme ou de calcul de la fréquentation des terrils. Des liens seront faits avec le projet du Plan de Relance wallon d’estimation des flux dans les espaces naturels.

    L’itinéraire européen du patrimoine industriel est un projet indépendant de « Destination terrils », mais rejoint les mêmes objectifs de valorisation.

    En 2016, le « Regionalverband Rhur » a mené une étude conceptuelle pour la création d’un itinéraire cyclable européen du patrimoine industriel. Le CGT, le SPW « Mobilité-Infrastructures » et l’ASBL « Chemins du Rail » avaient été sollicités pour apporter leur expertise pour le tronçon wallon. Les résultats de cette étude furent probants et ont démontré de l’intérêt de ce thème fédérateur transfrontalier avec 2 sites UNESCO et de nombreux vestiges du passé industriel à proximité du tracé wallon. L’objectif final est d’encourager la certification de cet itinéraire européen du patrimoine industriel comme EuroVelo.

    En ce qui concerne la fréquentation de manière générale de ces sites, les données suivantes émanant de l’Observatoire wallon du Tourisme sont intéressantes à souligner. Il existe 39 musées de type « Patrimoine industriel » en Wallonie sur les 202 musées recensés par l’Observatoire wallon du Tourisme. Si l’on considère une année « normale », donc avant la crise sanitaire « covid », en 2019, la fréquentation de l’ensemble des musées wallons atteignait près de 3 millions de visiteurs. Les musées classés « Patrimoine industriel » représentaient une peu plus de 10 % du nombre total de touristes des musées, soit près de 320 000 visiteurs. Les 4 sites UNESCO quant à eux (Grand-Hornu, Bois-du-Luc, Bois du Cazier et Blegny-Mine) totalisent près de 160 000 visiteurs, soit près de 50 % de la fréquentation des musées de type « Patrimoine industriel ».

    La crise sanitaire « covid » a évidemment eu des répercussions sur la fréquentation en 2020 : -64 % du nombre de visiteurs pour le patrimoine industriel et -58 % pour les 4 sites UNESCO. Même si une augmentation a été constatée en 2021, les résultats sont loin d’atteindre les bons chiffres de 2019.

    Enfin, je voudrais rappeler que le patrimoine industriel est régulièrement mis en avant à travers divers canaux de WBT. Il est intégré dans des publications papier et/ou web relatifs à la promotion des villes, à la route UNESCO à vélo, sur la section UNESCO des sites VISITWallonia, à travers la promotion de balades sur ou à proximité de terril, de sites miniers, il est également valorisé avec travers nos newsletters et réseaux sociaux en Belgique et à l’étranger.  

    Les sites miniers sont également particulièrement mis en avant cette année via une série d’événements dans le cadre des 10 ans de leur inscription à l’UNESCO intégrés dans l’agenda des évènements promus. 
     
    La création d’un itinéraire cyclable ne faisait par contre pas partie des objectifs de la programmation de l’Interreg V, mais certains itinéraires balades à pied ou à vélo ont été créés autour de l’un ou l’autre site en vue de mettre valeur le patrimoine minier et industriel (notamment ceux créés par CPIE Chaîne des Terrils, partie prenante du projet Destination Terrils). 

    En outre, WBT a développé depuis quelques années le produit route UNESCO à vélo qui comprend notamment ces témoins majeurs du patrimoine. Ce parcours long de 500 km est promu via différentes actions directement auprès du grand public, mais aussi des professionnels du voyage. De facto, cet itinéraire visite également les sites de culture industrielle qui figurent sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.