/

Les suites de l’étude sur l’abattage à la ferme et l’éventuelle mise en place d’un abattoir mobile

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 871 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 17/08/2022
    • de LENZINI Mauro
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Suite à l'étude relative à la concrétisation de l'abattage à la ferme en Wallonie, commandée avec la collègue de Monsieur le Ministre en charge du Bien-être animal, il semblerait qu'il soit nécessaire d'analyser plus en détail l'opportunité de permettre d'établir un abattoir mobile dans des fermes qui demandent plus d'abattage.

    Des questions se posent aussi sur l'engagement des éleveurs à utiliser un tel outil.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres sur le nombre d'agriculteurs wallons désireux de s'inscrire dans ce type de projet ?

    La mise en place d'un abattoir mobile est-elle facilement réalisable ?

    Combien d'exploitations wallonnes pourraient bénéficier de ce type de dispositif ?
  • Réponse du 06/09/2022
    • de BORSUS Willy
    L’étude sur l'abattage à la ferme s’est en effet terminée au début de cette année. Les résultats ont été communiqués au Comité d’accompagnement au mois de mars. Ils ont fait l’objet d’une restitution en avril dernier, à travers l’organisation d’un moment d’échange avec le secteur agricole et le monde académique. Le rapport est disponible sur le portail du bien-être animal.

    Chaque possibilité étudiée est à l’heure actuelle confrontée à certains freins. Les résultats de cette étude peuvent être résumés, de manière très synthétique, comme suit.

    Techniquement, l’abattage à la ferme sous certaines formes est réalisable. La tendance laisse penser que des techniques vont encore se développer dans un avenir proche.

    L’idée d’abattre les animaux dans leur lieu de vie suscite un vrai intérêt en Wallonie. Beaucoup d’éleveurs ont démontré leur intérêt pour une telle pratique, pour des raisons de bien-être animal. Au niveau des abattoirs wallons, certains ont fait part de leur disponibilité. Cet aspect est particulièrement important, étant donné que les abattoirs constituent des partenaires potentiels importants pour la mise en place de cette pratique.

    D’un point de vue environnemental, certaines exigences régionales peuvent être contraignantes, mais ne sont pas insurmontables.

    D’un point de vue sanitaire, il a pu être prouvé dans les expériences passées qu’un animal abattu à la ferme pouvait produire une viande de qualité organoleptique et sanitaire au moins semblable à celle d’un animal abattu classiquement. Néanmoins, une problématique, non négligeable, subsiste quant au délai entre la saignée à la ferme et l’éviscération à l’abattoir, et leur conséquence sur la contamination microbiologique de la viande.

    En effet, le délai entre la saignée et l’éviscération est, selon les normes de l’AFSCA de 45 minutes.

    D’un point de vue économique, toute forme d’abattage à la ferme engendre un surcoût par rapport au prix d’un abattage classique, qui se répercute donc au moins en partie sur le coût de la viande. Si ce surcoût est en pratique inenvisageable dans certains scénarii comme, par exemple ceux impliquant le déplacement d’un abattoir mobile pour un très faible nombre d’ongulés, dans d’autres cas, son interprétation est subjective et doit être laissée à l’appréciation des éleveurs et des consommateurs.

    De manière globale, il ressort que c’est l’abattage à la ferme d’ongulés domestiques via une unité mobile d’abattage couplée à un transport de la carcasse vers un abattoir fixe qui rencontrerait la meilleure faisabilité.

    Ce sont surtout les éleveurs de bovins qui développent le circuit court qui ont manifesté un intérêt pour ce mode d’abattage alternatif.

    Très clairement, la mise en place d’un tel outil - et c’est la conclusion des auteurs de l’étude - des études complémentaires serait indispensable pour compléter les données de la littérature existantes sur la plus-value d'un abattage à la ferme en termes de bien-être animal et de qualité de la viande, essentiellement pour évaluer le risque lié à une augmentation de délai entre la saignée et l’éviscération. Avant d’envisager la mise en place concrète d’un abattoir mobile suivi du transport de la carcasse vers un abattoir fixe, il est nécessaire de résoudre ce principal frein sanitaire.

    C’est pourquoi, avec ma collègue Céline Tellier en charge du bien-être animal, j’ai proposé d’établir une convention de recherche avec l’Université de Liège. L’objectif est d’étudier les impacts de l’allongement du délai entre la saignée et, en cas de résultats probants, de les faire valider auprès du Comité scientifique de l’AFSCA.

    La mise en place d’un projet pilote pourrait, en fonction des résultats de ladite étude, ensuite être éventuellement proposée dans un second temps.