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La pénurie de bornes de chargement

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 1098 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/08/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    La frontière linguistique semble ne pas être que linguistique tant il convient de s'interroger quant au constat que les bornes de chargement sont amplement présentes au nord de celle-ci et quasiment absentes au sud ! L'application privée Chargemap est, à cet effet, très révélatrice et permet également de constater que la Wallonie doit également tenir le record des bornes installées et défectueuses, faute d'entretien ! Ce constat ne pousse évidemment pas les automobilistes wallons à s'engager vers la mobilité électrique !

    Comment expliquer ce différentiel entre la Flandre et la Wallonie ?

    Comment expliquer que la cartographie publique des bornes de chargement disponibles et fonctionnelles, souvent promise, n'est toujours pas disponible ? Quel est le calendrier de Monsieur le Ministre ?

    Comment expliquer que les projections en besoin de la SOFICO, des GRD et des intercommunales ne soient pas encore connues et diffusées ? Un échéancier peut-il à tout le moins être publié ?

    Comment expliquer que, contrairement à la Flandre et à ce qu'il se passe dans d'autres pays, les aires de repos autoroutières dont la concession est confiée à la SOFICO ne font pas l'objet d'un marché public permettant l'installation de bornes de chargement ? Monsieur le Ministre ne peut-il inviter l'organisme à plus de dynamisme ?

    Une simple comparaison des prix pratiqués par les détenteurs de « fast charging », entre les Pays-Bas, la France, l'Allemagne et la Wallonie, atteste que les grands groupes se partagent le gâteau et que l'insuffisance de concurrence pousse les prix au plafond en Wallonie ! Quelle est sa politique pour modifier cet état de fait ?
  • Réponse du 09/09/2022
    • de HENRY Philippe
    Avant tout, en ce qui concerne la cartographie, les données ont été transmises aux services compétents dès mai, je ne puis donc que partager mon étonnement de ne pas les voir publiées à ce jour. Néanmoins, elles n’ont aucun caractère confidentiel dans la mesure où elles ont servi de base à l’élaboration de la stratégie wallonne qui devrait être présentée plus globalement en septembre au Gouvernement. Les différentes agences de Développement territorial et les gestionnaires de Réseau de Distribution interagissent d’ailleurs sur base de la cartographie dans leurs contacts avec les services communaux qui le souhaitent.

    En ce qui concerne le différentiel constaté entre la Wallonie et la Flandre, elle s’explique très facilement par l’obligation de service public établie il y a quelques années par un précédent gouvernement flamand et qui a mené au déploiement de nombreuses bornes. De l’aveu même de l’adjudicataire, ALLEGO, cette OSP n’a pas eu l’efficacité escomptée, le risque commercial lié à l’OSP dans laquelle aucun risque n’était pris par le pouvoir public, a mené à de grandes difficultés financières de l’opérateur. Il convient par ailleurs de noter que l’OSP n’a pas amené le boom espéré dans les ventes de véhicules, contrairement à ce qui avait été imaginé. Il y a certes 53 000 voitures électriques immatriculées en Flandre, mais seul ¼ sont des véhicules de particuliers, le reste étant des véhicules de société ou de leasing.

    Il n’empêche que, oui, il y a plus de bornes en Flandre même si l’impact des primes données aux opérateurs privés installant des bornes sur le domaine privé semble montrer une meilleure efficacité en termes de dynamisation du déploiement que l’obligation de service public.

    Il convient de noter que la Flandre semble vouloir renforcer l’électrification du parc automobile et qu’il conviendra à mon homologue flamande de bien mesurer l’évolution du besoin pour y répondre sans commettre les mêmes erreurs que ses prédécesseurs.

    En ce qui concerne la SOFICO, l’intention est bien de renforcer encore l’équipement de ses aires concédées. En rappelant qu’elles sont déjà en partie équipées. J’invite ainsi l’honorable membre à visiter le site dédié de la SOFICO https://sofico.org/fr/reseau-structurant/aires-autoroutieres/ qui reprend les équipements disponibles dans les aires concédées. Je le concède, c’est un début, mais la typologie des aires ne permet pas l’équipement de toutes les aires, seulement celles de type I et II (certaines aires annexes n’étant d’ailleurs que très limitées en puissance électrique).

    En ce qui concerne le prix, je suis assez étonné du constat de l'honorable membre, les prix diffèrent, mais il faut garder à l’esprit que les coûts d’investissements pour une borne de 350 kW ou de 150 kW sont très différents et qu’ils impactent le prix de kilowatt-heure fourni. Les opérateurs installent généralement leurs bornes avec une stratégie intégrée à l’échelle européenne et essayent d’éviter, en grande partie, tout caractère spéculatif. C’est un élément qui, d’ailleurs, est théoriquement évalué par l’autorité fédérale de protection des consommateurs.

    Je constate simplement qu’en effet, il faudra probablement bien baliser le prix du service en cas de soutien étatique. Même si je ne pense pas qu’il serait légitime de plafonner le prix alors que le coût de l’électricité augmente pour les opérateurs de bornes.

    Pour le reste, je ne partage pas l'analyse de l'honorable membre en ce qui concerne le manque de concurrence. On pourra en effet tomber indistinctement sur des bornes de grands opérateurs, mais aussi sur des bornes d’autres opérateurs, plus petits et moins connus. Dans tous les cas, je préfère créer un contexte favorable pour l’installation de bornes en visant à garantir une couverture géographique optimale. C’est probablement ainsi et avec plus de clients potentiels que les prix pourront probablement se rééquilibrer à l’échelle des opérateurs de terrains.