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Le bien-être des pigeons voyageurs

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 764 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/08/2022
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Toute fin juillet avait lieu à Narbonne (Aude) un lâcher de 26 000 pigeons voyageurs pour ce qui est une des compétitions internationales les plus en vue du monde colombophile européen.

    Une erreur stratégique semble être à la base de ce que les passionnés en la matière définissent comme une véritable catastrophe, après un temps raisonnable au terme duquel tous les athlètes auraient dû réintégrer leur pigeonnier de base, plus de 70 % des compétiteurs (dont un tiers de belges) manquaient à l'appel.

    Selon le porte-parole de la Royale fédération colombophile belge (RFCB), la Belgique, berceau de la colombophilie, a le monopole de l'organisation des concours internationaux. C'est ainsi que la gestion du lancer en question était confiée à une représentante qualifiée de la société colombophile « L'indépendante de Liège » installée à Herstal.

    Les conditions météorologiques locales semblaient peu propices au démarrage de la compétition aviaire, et malheureusement après seulement quelques kilomètres de vol le drame s'est produit : un violent orage a complètement désorganisé le peloton en altérant le sens de l'orientation de nombreux colombidés qui n'ont pas réussi à rentrer à bon port.

    Même si après quelques jours supplémentaires beaucoup de ces pigeons sont revenus à domicile, la plupart d'entre eux ont dû souffrir de ces conditions de compétitions et bien que spécifiquement entrainés pendant des années, nombreux sont ceux qui ont gravement souffert de cette épreuve voire en sont morts.

    Au-delà de l'aspect mercantile que souligne la presse à l'égard de certaines « grosses écuries professionnelles » (certains champions sont vendus comme reproducteurs des centaines de milliers d'euros), je voudrais connaître la position de Madame la Ministre par rapport à ces compétitions, d'autant plus que la RFCB a fait part de sa volonté de rencontrer, dans les différents gouvernements, les Ministres qui ont le bien-être animal dans leurs compétences.

    La RFCB est-elle la seule à être structurée au niveau belge ? Ou alors la colombophilie est-elle régionalisée ? Dans le règlement de ces concours internationaux, le bien-être des animaux compétiteurs est-il bien pris en compte ?

    Les organisateurs et en particulier les responsables sur le site du lâcher doivent-il avoir reçu une formation spécifique ? Le cas échéant quelle est l'autorité responsable de cette formation ?

    Existe-t-il une coordination nationale, voire internationale, sur les conditions de déroulement de ces concours ? Que dit le Code wallon du bien-être animal en la matière ?

    Madame la Ministre a-t-elle rencontré les responsables de la RFCB ? Le cas échéant peut-elle faire le point sur la situation ?

    Compte-t-elle prochainement rencontrer ses collègues qui ont le bien-être animal dans leurs compétences ?
  • Réponse du 01/12/2022
    • de TELLIER Céline
    La Royale fédération colombophile belge (RFCB) est une association sans but lucratif divisée en entités provinciales (EP) et en entités provinciales regroupées (EPR). Pour la Wallonie, l’Association wallonne de Colombophilie (AWC) est, depuis 2017, la personne morale représentative des colombophiles de notre région. Le président de l’AWC dispose du droit du siège de vice-président au sein de la RFCB.

    La RFCB a établi des règlements internes concernant l’organisation des compétitions régionales, provinciales, nationales et internationales ainsi que des instructions pour les convoyeurs et pour le transport des pigeons voyageurs par la route vers les lieux de lâchers. Ces règlements ont notamment pour objectif le respect du bien-être des pigeons. Les agences de convoyage et les convoyeurs sont agréés par la RFCB. Ces acteurs s’engagent à se conformer strictement aux instructions et aux contrôles du Comité sportif national de la RFCB pour les concours nationaux et internationaux.

    L’article D.24 du Code wallon du bien-être des animaux permet au Gouvernement de prescrire des mesures visant à assurer le bien-être des animaux utilisés à des fins de concours ou de compétitions. Il convient de rappeler que les concours ou compétitions avec pigeons sont déjà encadrés par les textes suivants :
    - l’arrêté royal du 14 février 1995 fixant la liste des produits interdits améliorant les prestations chez les pigeons ;
    - l’arrêté royal du 23 septembre 1998 relatif à la protection des animaux lors de compétitions.

    Dès le jeudi 4 août 2022, mon administration s’est réunie avec les représentants de l’AWC afin de faire le point sur le concours de Narbonne, qui a en effet eu des conséquences dramatiques pour de nombreux animaux. Au regard de l’ensemble des informations reçues, il apparaît que la décision du lâcher des pigeons a été prise en contradiction avec l’article 4 de l’arrêté royal du 23 septembre 1998 susvisé et sans respecter strictement le règlement de la RFCB. En conséquence, mon administration a enjoint à l’AWC de prendre des mesures afin que de tels faits ne puissent plus se reproduire.

    Mon administration et moi-même resterons particulièrement attentifs aux mesures qui seront prises. Je rappelle qu’il m’appartient de valider le calendrier des concours avant le début de chaque saison. Le cas échéant, il sera envisageable de refuser de valider tout ou partie du l’organisation de concours, si les mesures proposées par l’AWC s’avéraient insuffisantes. Pour mémoire, j’avais d’ailleurs déjà refusé de valider l’organisation de deux concours planifiés en 2022, qui avaient été confiés à un organisateur dont la responsabilité avait été mise en cause lors d’un incident du même type.

    Enfin, à mon initiative, l’Université de Liège mène actuellement une étude relative au bien-être des pigeons lors des compétitions. Cette étude devrait nous fournir une idée globale des pratiques colombophiles. Mes collègues régionaux ont déjà fait preuve d’intérêt pour cette étude, dont je ne manquerai pas de leur partager les résultats.