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La réutilisation des eaux usées

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 775 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/08/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le Commissaire européen à l'Environnement, Virginijus Sinkevicius, lançait le message suivant au début du mois d'août : « Les ressources en eau douce sont rares et de plus en plus tendues. Il est de notre devoir de cesser de gaspiller l'eau et d'utiliser cette ressource plus efficacement. »

    Si la priorité doit être celle de chercher les solutions pour consommer moins d'eau, la récupération des eaux qui sort des stations d'épuration, pour la traiter et la réutiliser, représente un potentiel et est encouragée par l'Europe.

    Madame la Ministre peut-elle faire le point sur le dossier en Wallonie et chiffrer l'importance de la pratique ? Des mesures sont-elles prises pour augmenter et améliorer la technique ? Lesquelles ?

    La réutilisation est-elle uniquement destinée à des usages agricoles, industriels ou domestiques, ou peut-elle également être réinjectée dans des circuits d'eau potable ? À quelles conditions, avec quelles garanties et sous quelle surveillance ?
  • Réponse du 11/10/2022
    • de TELLIER Céline
    Les périodes de sécheresse attirent l’attention sur la fragilité de nos ressources en eau et l’importance d’une utilisation raisonnée. Nous devons assurer la préservation des ressources en eau potabilisable dont une solution est l’utilisation d’une eau de qualité adaptée à l’usage envisagé.

    Dans ce cadre, la stratégie de REUSE promue par la Commission européenne se doit d’être adaptée au contexte de chaque pays. En effet, la situation hydrique de la Wallonie n’est pas comparable à d’autres pays comme l’Espagne, par exemple. En Wallonie, la grande majorité de la population est alimentée par des ressources d’eau souterraine profonde et résiliente en cas d’épisode de sécheresse. Seules certaines zones du territoire sont plus fragiles et doivent bénéficier d’une attention sur la diversification des ressources.

    C’est pourquoi le REUSE doit être combiné avec d’autres solutions, car ce n’est pas nécessairement une réponse en période de sécheresse au regard des volumes d’entrées dans les réseaux d’assainissement et l’étiage des cours d’eau. En revanche, il peut être utile au départ de bonnes qualités d’eau épurée pour équilibrer les nappes entre les différentes saisons (réinfiltration en hiver et consommation en été), celles-ci jouant le rôle de réservoir tampon. C’est d’ailleurs la politique déployée par la Flandre. De plus, le REUSE peut également être utile en fonction de la variabilité de la demande agricole et de l’évolution du climat.

    Par ailleurs, il convient de rappeler que la Wallonie est un exemple dans la réutilisation d’eaux fatales. Ce sont ainsi plus de 13 millions m³/an d’eau d’exhaure et 4 millions m³/an d’eau provenant du démergement qui sont réutilisées pour assurer les besoins des citoyens et des entreprises. D’autres projets sont en cours. Ceux-ci devraient augmenter ces volumes avec des conditions techniques et économiques maîtrisées.

    En résumé, pour le cas de la Wallonie, le REUSE sera un des moyens pour diversifier les ressources et répondre à de nouveaux besoins, mais ce ne sera pas certainement la solution universelle pour faire face aux situations de sécheresse.

    Cela étant précisé, en Région wallonne, les eaux usées traitées représentent un gisement potentiel réparti sur l’ensemble du territoire au travers des 446 stations d’épuration publiques. Ces ouvrages sont financés par la SPGE et exploités par 7 Organismes d’Assainissement Agréés. Le secteur de l’assainissement favorise, autant que faire se peut, l’utilisation de ses propres eaux usées traitées sous forme d’eau de service sur ses sites d’exploitation. Cela représente un volume d’eau réutilisé de 2,9 millions de mètre cube sur les 340 millions de mètres cubes transitant annuellement par les stations d’épuration publiques.

    Cette gestion reste dans un cycle fermé de réutilisation en termes d’acteurs, mais la mise en application le 26 juin 2023 du règlement européen relatif aux exigences minimales applicables à la réutilisation de l'eau devra permettre d’ouvrir le cycle de réutilisation à des acteurs extérieurs au secteur de l’assainissement. À défaut d’une décision contraire, la réutilisation des eaux usées traitées sera autorisée moyennant un permis octroyé au titre du règlement. Les pratiques devront également respecter les règles en matière d’hygiène des denrées alimentaires applicables à l’ensemble des sources d’eau.

    À ce stade, une mise à disposition des eaux de station d’épuration au secteur industriel parait plus aisée, mais il y a également une volonté d’éprouver des filières de réutilisation vers le secteur agricole. La potabilisation des usées traitées pour des usages domestiques et/ou l’alimentation des réseaux de distribution d’eau potable n’est pas actuellement nécessaire dans le contexte wallon.

    Afin de permettre la maitrise et le déploiement de filières valorisant des eaux dites alternatives, le Plan de Relance ainsi que la stratégie de développement Circular Wallonia participent à l’évolution des connaissances en la matière. De manière concrète, les projets 103 et 105 du Plan de relance de la Wallonie visent à développer, sur le territoire wallon, des projets pilotes de réseaux d’alimentation décentralisés en ce compris la fourniture d’eau pour des usages agricoles et industriels à partir d’eaux usées traitées par station d’épuration, d’eaux de démergement, d’eaux de nappe alluviale ou d’eaux pluviales.