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La baisse de la consommation des fruits et légumes et les difficultés des producteurs locaux

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 881 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/08/2022
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les producteurs de fruits et légumes wallons subissent une chute considérable de la consommation de leurs produits et il ne s'agit pas uniquement de problèmes liés à la météo.

    Les chiffres que le bureau d'études GFK nous livre sont, en effet, évocateurs : durant les six premiers mois de l'année, comparativement à la même période de 2021, les volumes de fruits et légumes écoulés en Belgique se sont effondrés de 9 %, alors qu'ils avaient déjà accusé un recul de 4 % dans la seconde moitié de 2021 (par rapport aux six derniers mois de 2020). Certes, les ventes FMCG, c'est-à-dire, les produits de grande consommation, que l'on achète régulièrement, que l'on consomme et que l'on achète de nouveau, ces produits de consommation à haute rotation, se sont contractées entre janvier et juin, mais pas si fortement : -5,9 %.

    Plusieurs facteurs sont à prendre en considération.

    Premièrement, l'assouplissement des mesures sanitaires et la réouverture du secteur de l'HORECA ont logiquement provoqué une baisse de la consommation. Après des mois de restrictions sanitaires, qui ont pesé sur la santé mentale de beaucoup de nos concitoyens, les consommateurs semblent, et c'est fort compréhensible, avoir repris goût à la restauration au sein de nos établissements HORECA.

    Deuxièmement, l'inflation, guidée par la hausse des coûts de l'énergie, pousse les ménages à revoir leur consommation quotidienne, et cela semble se faire au détriment de la consommation des fruits et légumes frais.

    Troisièmement, la météo défavorable accélère la croissance de certaines cultures et en limite d'autres. La réflexion porte même plus loin en lien avec la problématique du dérèglement climatique : les transformateurs de légumes constatent, depuis des années, que le climat maritime tempéré, qui faisait autrefois grandir et prospérer le secteur, est en train de disparaître. Les stress hydriques et thermiques ont impacté le rendement et la qualité des cultures.

    Enfin, des mesures plus structurelles sont attendues de la part du gouvernement face à la politique des permis pour permettre le stockage d'eau. En effet, la chaleur et la sécheresse de cet été ont contraint nos producteurs à recourir massivement à l'irrigation. Si cela a pu leur permettre de limiter la casse jusqu'ici, la multiplication des transports d'eau par camions-citernes et le recours à de l'eau de distribution pour ce faire leur ont coûté cher. À cela s'ajoute la hausse des prix des engrais, des produits phytosanitaires, des emballages et de la rémunération de la main-d'œuvre dans les champs et les vergers. Cette hausse des coûts n'est malheureusement pas compensée par une rémunération plus généreuse : les prix pratiqués par les grossistes sont trop bas et les enseignes se taillent la part du lion.

    Face à la situation, eu égard aux éléments susmentionnés, quelles mesures apparaît à Monsieur le Ministre opportun de prendre pour relancer la consommation de nos fruits et légumes et faire baisser les coûts supportés par nos producteurs ?

    S'est-il entretenu avec le collège des producteurs à cet égard ?

    Que ressort-il de ces contacts ?

    Le recours aux producteurs locaux par le secteur HORECA et le secteur de la transformation alimentaire sont-ils encouragés dans une perspective de circuit court ?

    Des mesures ont-elles été prises ou soutenues en ce sens ?

    Avec sa collègue, la Ministre de l'Environnement, a-t-il planché sur les permis autorisant le stockage de l'eau compte tenu des besoins évoqués par le secteur ?

    Tous les acteurs de la chaîne ont-ils été sollicités pour permettre une juste rémunération des producteurs et l'affichage d'un prix également correct pour le consommateur ?
  • Réponse du 21/09/2022
    • de BORSUS Willy
    Comme l’honorable membre le relève, de nombreux éléments affectent actuellement le secteur des fruits et légumes qui doit en même temps faire face à des coûts de production croissants liés au climat, au contexte inflationniste et à une perte de valeur générale de l’alimentation dans le panier de consommation des ménages. Nous sommes bien entendu en dialogue à ce sujet avec le Collège des Producteurs et les différentes organisations du secteur.

    Au travers du Plan de relance, nous soutenons notamment une « interface producteurs distributeurs » qui, sur la base d’une collaboration entre la Socopro, l’APAQ-W, l’Interprofession fruits et légumes de Wallonie (IFELW) et MABIO (structure en création qui vise à approvisionner en produits bio wallons les hôtels, restaurants, cuisines de collectivité, magasins bio, petites et moyennes surfaces situées à Bruxelles), vise à augmenter la part de produits locaux, dont les fruits et légumes présents dans 4 segments de distribution ciblés par l’intervention : grandes et moyennes enseignes, commerçants franchisés, magasins spécialisés, circuits courts et cantines.

    Dans ce cadre, un portefeuille d’usagers de plus de 200 points de distribution, la consolidation de catalogues d’offres de plus de 500 produits et des campagnes de promotion ciblées ont pour objectif de contribuer à la relance de consommation de nos fruits et légumes.

    Différentes initiatives de promotion agissent complémentairement sur le secteur HORECA (dont tables de terroirs, Horecatel, et cetera).

    L’« interface producteurs distributeurs » travaille aussi à la mise en place de réseautage logistique au travers d’outils numériques interopérables pour les fruits et légumes et d’optimalisation des capacités physiques de transport et de stockage.

    Parallèlement, les halls relais agricoles, lancés par le Gouvernement wallon ont déjà permis de soutenir différentes initiatives de transformation alimentaire. Le nouvel appel à projets lancé en juillet par ma Collègue la Ministre de l'Environnement met une priorité sur les propositions liées à la filière des fruits et légumes.

    Vis-à-vis des impacts climatiques sur les coûts de production, La Direction de la Recherche et du Développement du SPW Agriculture a développé un nouveau site de vulgarisation sur la sécheresse. Celui-ci contient une série d’informations pour mettre en place une agriculture pour répondre aux défis liés aux changements climatiques que nous connaissons actuellement. Ce site est bien entendu alimenté de manière continue pour répondre au mieux aux interrogations de nos producteurs. Les résultats des essais en cours, notamment en sorgho pour assurer une production de fourrage en période de sécheresse y sont relatés.