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Les voitures partagées

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 1118 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/08/2022
    • de NEMES Samuel
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Les voitures partagées (par exemple : Cambio) sont une des solutions pour améliorer la mobilité puisqu'en moyenne, une voiture partagée remplace 10 voitures particulières.

    Il est écrit dans la Déclaration de politique régionale que : « Le Gouvernement développera un plan d'action en vue de multiplier les formes de mobilité partagée (covoiturage, voitures partagées, autopartage, taxis, etc.). Il s'agira de mener des campagnes de promotion, développer un portail de promotion des pratiques de covoiturage et d'autopartage, renforcer le soutien, notamment auprès des travailleurs et employeurs, et augmenter les places de stationnement réservées et les bandes prioritaires sur autoroute. Il est essentiel de promouvoir les véhicules partagés pouvant représenter une réponse efficace et concrète pour diminuer l'empreinte environnementale des transports. »

    Quelle est l'évolution de la part modale des voitures partagées depuis 2019 ?

    Quelles mesures Monsieur le Ministre a-t-il mises en place pour développer l'utilisation des voitures partagées ?
  • Réponse du 26/09/2022
    • de HENRY Philippe
    En ce qui concerne l’évaluation des parts modales du car sharing, il faut se tourner vers la définition et le suivi des indicateurs de mobilité, dont les parts modales font parties intégrantes. Cela relève de la mise en œuvre du « Tableau de bord de la mobilité ». Pour rappel, l’objectif général de celui-ci est de mettre en place un système de collecte, de centralisation et d’analyse des données visant à assurer un monitoring de la mobilité régionale et permettant notamment de déceler tout écart par rapport aux trajectoires escomptées par le Gouvernement wallon. Le développement de ce tableau de bord est en cours en partenariat avec l’IWEPS.

    Parallèlement à cela, le projet TRADEMEX (TRAffic Data Exploitation, Management and EXchange), conjointement mené par la SOFICO et le centre PEREX, doit permettre la collecte précise des données de trafic ainsi que le comptage des véhicules sur le réseau routier structurant (réseau SOFICO).

    Si ces deux éléments permettront une meilleure vue d’ensemble de la répartition modale, il reste cependant deux importantes zones d’ombre qui devront encore faire l’objet d’une attention particulière :
    - la mesure systématique et régulière du trafic sur l’ensemble des réseaux non-structurants, qui nécessitera de facto des moyens supplémentaires ;
    - l’estimation, dans des unités de mesure comparables (voyageurs.kilomètres), du trafic ferroviaire.

    L’inconvénient d’un indicateur comme les parts modales est qu’il implique de connaître, de la même manière, avec le même degré de précision, à la même échelle et dans une même temporalité, l’usage particulier des différents modes qui sont comparés.

    L’honorable membre l’aura donc compris, il reste difficile à ce stade de proposer une image précise des parts modales et de leur évolution récente à l’échelle de la Wallonie. Des estimations peuvent toutefois être proposées, comme elles l’ont été dans la Vision FAST 2030, les dernières se trouvant ici : http://etat.environnement.wallonie.be/contents/indicatorsheets/TRANS%204.html

    Même si le développement du car sharing reste actuellement plus faible en Wallonie que dans le reste du pays, principalement du fait de la moindre densité de population, nous constatons une augmentation constante, tant pour le nombre de stations que pour le nombre d’utilisateurs ou de trajets effectués. En 2021, nous comptions 8 233 utilisateurs pour 377 voitures partagées et 58 903 trajets (rapport autodelen.net 2021). Cela représente 24 % d’utilisateurs et 37 % de trajets supplémentaires par rapport à 2020, et si l’on compare cela à 2019, cela représente plus du double d’utilisateurs recourant à l’autopartage en Wallonie. Cette évolution est donc significative et encourageante.

    Malgré une croissance rapide, le car sharing représente encore une proportion faible de l’ensemble des trajets. Toutefois, il convient de souligner qu’il s’agit là d’utilisateurs ayant fait le choix d’une autre mobilité, souvent en se passant d’un véhicule privé, et utilisant en priorité les autres modes de transports alternatifs à la voiture. De ce fait, le car sharing vient combler la part résiduelle de ce qui ne peut être raisonnablement fait en transports en commun ou en modes actifs. Autrement dit, lorsqu’un utilisateur fait le choix du car sharing, ce sont davantage les parts modales des transports en commun et des modes doux qui augmentent.

    En ce qui concerne les mesures mises en place en faveur de la voiture partagée, je me permets d’introduire le sujet par une remarque préliminaire. La Stratégie régionale de Mobilité le mentionne clairement : le partage de la voiture individuelle est l’étape la plus cruciale vers l’adoption d’un nouveau modèle de mobilité. C’est aussi peut-être l’étape la plus difficile à franchir, car elle implique une évolution de notre manière de « consommer la mobilité » qui se heurte à la force de persuasion de la publicité automobile.

    Concrètement, pour détailler la manière dont la voiture partagée est prise en compte dans le travail du Gouvernement et de l’Administration wallonne, je le renvoie pour plus de détail à la réponse du 03/05/2021 à la question écrite n°445, mais les principales actions menées concernent :
    1) le travail de planification de la mobilité, par le SPW M&I, en intégrant la voiture partagée comme une solution à privilégier dans le cadre des actions relatives au Management de la Mobilité. Cet enjeu est donc abordé par le biais des Plans communaux de Mobilité et des Plans urbains de Mobilité en ce qui concerne les agglomérations, mais également en accompagnant les acteurs privés impliqués dans ce type de services ;
    2) la sensibilisation, la formation et la communication sur les avantages et contraintes de la voiture partagée, ainsi que sur les projets en cours et l’évolution des services disponibles. Ceci se réalise par le biais de la formation des Conseillers en Mobilité, du Réseau CeM, de la Semaine de la mobilité ou d’actions ponctuelles de communication ;
    3) les aides financières, par le soutien apporté indirectement à la société Cambio, dont l’OTW détient 25 % du capital, et les subsides attribués à l’ASBL Mpact et à son produit Cozywheels, qui réalise la promotion du partage de véhicules privés ;
    4) le développement des Mobipôles, où l’intégration de la voiture partagée sera souvent indispensable afin de construire de réelles solutions multimodales, et la participation de la Wallonie au projet Interreg européen eHubs, qui vise à promouvoir le déploiement de solutions de mobilité partagées et électriques en alternative à la voiture individuelle ;
    5) l’évolution de la règlementation, via un groupe de travail constitué au sein du SPW M&I, afin d’encadrer le déploiement de solutions de mobilité locales flexibles (en ce compris la question du financement) ;
    6) la valeur d’exemple, par les actions d’autopartage mises en place au sein du SPW et des Cabinets ministériels et dans le cadre du Plan de déplacement durable du SPW.

    Dans tous les cas, l’ensemble des mesures décrites ci-dessus montrent que je suis effectivement convaincu que la voiture partagée constitue une alternative crédible en termes de report modal par rapport à l’utilisation de la voiture individuelle.

    Le contexte actuel de l’augmentation du coût de la vie et en particulier, des carburants, est également une opportunité propice à saisir pour augmenter l’utilisation de la voiture partagée, quelle qu’en soit la forme.

    Que l’honorable membre soit donc assuré que je poursuivrai les efforts entrepris afin d’intensifier la communication et la sensibilisation sur le sujet et de concrétiser tout ce qui peut l’être en matière d’investissements dans les infrastructures dédiées.