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Les conséquences de l'implantation d'éoliennes dans la Commune de Dalhem sur le projet de télescope Einstein

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 784 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/08/2022
    • de MAUEL Christine
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le télescope Einstein est un projet ambitieux qui permettra de mesurer des ondes gravitationnelles via un grand réseau de tunnels souterrains.

    Le site des trois frontières (Belgique, Pays-Bas et Allemagne) est envisagé, car il offre des conditions optimales pour collecter de telles données avec précision : du calme et une grande stabilité. De plus, les centres d'études et les entreprises à la pointe en matière de technologies aérospatiales se trouvent non loin de l'endroit.

    L'enthousiasme autour de ce dossier est très important. En effet, l'Italie, la Pologne, les Pays-Bas, la Belgique et le Gouvernement wallon soutiennent ce projet. De plus, en termes de financement, ce ne sont pas moins de 800 millions d'euros qui seraient débloqués. Jusqu'à 2 milliards si le projet est porté à l'échelle mondiale.

    Cependant, en décembre 2021, la Région wallonne a, sous certaines conditions, délivré un permis d'environnement pour un nouveau projet d'implantation de six éoliennes présenté par Engie et Windvision. Or, la présence d'éoliennes nuirait à la stabilité du sol et aurait ainsi des conséquences sur les mesures d'ondes gravitationnelles du futur télescope.

    La Commune de Fourons a fait appel de la décision d'octroi du permis, les Ministres Flamands Zuhal Demir et Matthias Diependaele également. L'Université de Liège qui participe au projet a elle aussi introduit un recours.

    Plus récemment, le Limbourg néerlandais a interdit l'implantation d'éoliennes dans un rayon de 10 kilomètres autour de la zone où le télescope devrait être implanté.

    Dès lors, Madame la Ministre peut-elle expliquer les raisons qui justifient l'implantation d'éoliennes à cet endroit alors que cela pourrait nuire à un projet d'ampleur internationale ?

    Quelles solutions propose-t-elle afin de ne pas mettre à mal la mise en place du télescope Einstein ?

    A-t-elle pris ou va-t-elle entreprendre des discussions avec les différentes parties ayant introduit des recours ?
  • Réponse du 02/11/2022
    • de TELLIER Céline
    Tout d’abord, le fait qu’il n’y ait pas eu d’accord entre le Ministre Borsus et moi-même sur les recours introduits contre le permis unique octroyé en première instance pour les éoliennes de Warsage, dites aussi éoliennes de Dalhem, a effectivement pour conséquence de confirmer l’octroi de ce permis.

    Comme l’honorable membre le sait, l’analyse des ministres sur recours se base sur un rapport de synthèse élaboré par les experts de l’administration.

    Dans le cas présent, le rapport des fonctionnaires techniques et délégués compétents sur recours comportait un avis défavorable, mais motivé uniquement par des raisons urbanistiques. Sur le plan environnemental, les signaux étaient au vert pour ce projet éolien. Par ailleurs, sur le plan légal, l’analyse des fonctionnaires a relevé plusieurs arrêts du Conseil d’État indiquant que des projets futurs et incertains, comme c’est précisément le cas pour le télescope Einstein, ne devaient pas être pris en compte pour l’évaluation des incidences et des impacts potentiels.

    Indépendamment de ce dossier, l’honorable membre imagine l’insécurité juridique que cela créerait de baser une décision pour un projet sur un hypothétique autre projet. Pour rappel, la décision relative au site retenu pour les projets de télescope ne devrait pas intervenir avant début 2025, au mieux. La construction même du télescope ne pourrait s’envisager avant 2035, voire 2040. Il n’est bien sûr pas envisageable de mettre en place un moratoire complet du développement éolien dans un périmètre de 10 kilomètres autour du site du potentiel futur télescope, alors même qu’il existe déjà des éoliennes dans ce périmètre.

    Au regard des enjeux du réchauffement climatique, notamment le dernier rapport du GIEC, du développement des énergies renouvelables, bien nécessaires pour non seulement décarboner nos sociétés, mais aussi accroître notre indépendance énergétique, des objectifs que s’est fixée la Wallonie en la matière, de l’avis favorable du fonctionnaire technique sur recours, et compte tenu du contexte géopolitique et de ses conséquences sur le prix de l’énergie, il m’a semblé nécessaire de soutenir la décision favorable prise par les fonctionnaires techniques et délégués en première instance.

    Néanmoins, il va de soi que la Wallonie poursuit son soutien au projet de télescope, comme j’ai eu l’occasion de l’indiquer à M. le Recteur de l’ULg. Rien n’indique, à ce stade, que le projet éolien soit incompatible avec le projet de télescope. En effet, l’analyse des fonctionnaires relevait également que les vibrations parasites jugées rédhibitoires pour le télescope sont en fait issues de mesures faites sur des éoliennes d’ancienne génération. Or, de gros progrès ont été faits en cette matière sur les éoliennes actuelles. Cette analyse relevait également le fait que des conceptions particulières pour les fondations des éoliennes sont possibles et permettent de ne pas répercuter dans le sol, en profondeur, les vibrations engendrées par le fonctionnement des éoliennes.

    Cette même analyse précisait enfin que les possibles interactions entre ces deux projets font l’objet de travaux d’étude au sein de l’Université de Liège. Un groupe interdisciplinaire y a été spécifiquement créé, et du groupe Engie, avec Electrabel, Tractebel ou Laborelec, afin d’essayer de dégager des solutions pour permettre la compatibilité des deux projets.

    Des contacts ont été pris avec les différents acteurs afin de les encourager à poursuivre dans cette voie.

    Par ailleurs, dans l’attente d’une solution et afin de permettre un dialogue serein entre les acteurs, j’ai sollicité et obtenu un accord écrit d’Engie-Electrabel, qui s’engagent à ne poser aucun acte de construction des éoliennes tant qu’un recours administratif est en cours devant le Conseil d’État. Cela permet de facto de dégager du temps de discussion pour des modalités techniques entre les différentes parties.

    Il n’y a donc, à ce stade, aucun élément permettant d’affirmer que l’implantation des éoliennes empêchera celle éventuelle – à nouveau, le site n’a pas encore été choisi – du futur télescope dans la région frontalière de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Allemagne.