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Le recours aux chiens de protection pour faire face à la présence du loup

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 794 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 30/08/2022
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le retour du loup en Wallonie est confirmé depuis 2016. À ce jour, une seule meute est installée sur notre territoire, dans les Hautes-Fagnes.
    Le Plan loup de la Région wallonne envisage toutefois que, à terme, il pourrait y avoir une quarantaine de meutes au regard des forêts et des campagnes disponibles représentant 800 000 hectares.

    Nous serons dès lors amenés à déployer et optimiser un arsenal de mesures permettant une coexistence harmonieuse du loup et des activités humaines, telles que l'élevage. Ainsi, il nous est indiqué que ce ne seront plus les seuls ovins et caprins qui seront concernés par des attaques potentielles, mais aussi les bovidés.

    Parmi les mesures à déployer, les chiens de protection constituent le moyen de protection le plus efficace, à condition d'avoir recours aux races adaptées et bien éduquées, s'il est couplé à la pose de clôtures électriques destinées à contenir lesdits chiens. Toutefois, une formation préalable des éleveurs à ce type de chiens est plus que recommandée au risque de générer plus de problèmes que de solutions.

    À ce jour, selon un groupe Facebook spécialement créé sur le sujet, il y aurait 35 chiens de protection pour 25 éleveurs wallons. Les experts estiment qu'il faudrait normalement 3 chiens par troupeau : un autour duquel les brebis se rassemblent en cas de danger et deux qui font la ronde et la garde, mais de tels investissements ont un coût.

    Les experts estiment qu'il faudrait normalement trois chiens par troupeau : un autour duquel les individus du troupeau se rassemblent en cas de danger et deux qui font la ronde et opèrent la garde.

    C'est donc toute une filière qu'il s'agit de développer en Wallonie, avec un savoir-faire à réapprendre et des investissements qui constitueront des coûts supplémentaires pour les éleveurs.

    Comment Madame la Ministre entend-elle développer la filière en question ?

    Quels en sont les jalons ? Quel est le timing ?

    Comment développer le savoir-faire en la matière ?

    Des écoles de dressage spécialisées sont-elles amenées à voir le jour ?

    Le coût généré par le recours aux chiens de protection fera-t-il l'objet d'une aide financière de la Région ?
  • Réponse du 03/11/2022
    • de TELLIER Céline
    Pour se protéger d’éventuelles attaques de loup, il est utile de se référer aux mesures prises par les pays qui sont confrontés depuis longtemps à la présence de l’espèce. Les mesures jugées les plus efficaces sont généralement les clôtures, lorsqu’elles sont correctement électrifiées, le gardiennage et, en troisième lieu, la présence de chiens de protection de troupeaux. Disposer d’une combinaison d’au moins deux de ces moyens diminue plus encore le risque d’attaque.

    Nettement plus longue et difficile, voire problématique à mettre en place par rapport à de simples clôtures, l’utilisation de chien de troupeaux est surtout conseillée par les spécialistes de l’IDELE (Institut de l’Élevage français) pour des troupeaux de minimum 100 têtes, notamment pour que l’investissement puisse être rentable.

    En Wallonie seulement 2 % des troupeaux sont constitués de plus de 100 individus et l’allotement est bien plus important que dans les alpages par exemple. La protection par des chiens n’est donc pas souvent adaptée aux particularités des exploitations wallonnes où les troupeaux fréquentent des prairies clôturées et où l’allotement des animaux sur plusieurs parcelles est généralement de rigueur. Elle l’est encore moins pour les éleveurs hobbyistes détenant de petits troupeaux en Wallonie qui constituent une part importante des détenteurs de troupeaux. Cette piste est donc plutôt à envisager pour des contextes particuliers comme la gestion en réserve naturelle.

    C’est la raison pour laquelle le plan loup wallon privilégie l’usage de clôtures électrifiées comme moyen de protection à mettre en œuvre de manière prioritaire. Cela n’empêche pas certains éleveurs de disposer de chiens de protection, indépendamment du contexte du retour du loup.

    Le financement de tout ou partie des frais liés à l’acquisition et à l’entretien de ces auxiliaires de protection n’est pas exclu d’emblée et peut être envisagé dans la Zone de présence permanente du loup moyennant une analyse préalable sérieuse des avantages et inconvénients de cette méthode au regard du contexte de l’éleveur.

    Par ailleurs, une veille scientifique est exercée par mon administration (DEMNA, DNF) appuyée de divers experts (Natagriwal, Wolf Fencing Team, …) afin de mieux cerner les avantages et contraintes de cette technique complexe et d’informer au mieux les potentiels adhérents.

    Les risques d’attaque par le chien sur les promeneurs, cyclistes et autres usagers des campagnes ne sont pas complètement nuls. Aussi, l’éducation très spécifique et très exigeante de ces chiens ne doit pas être prise à la légère et doit s’envisager à moyen ou long terme.

    L’organisation d’une formation spécifique à la gestion de chiens de protection est en cours de réflexion.

    Compte tenu des éléments qui précèdent, le soutien au développement d’une filière spécifique n’est pas envisagé à ce stade.