/

L’arrêté mettant en œuvre la mesure 265 du Plan de relance wallon : "augmenter les compétences des personnes d’origine extra-européenne"

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 727 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 02/09/2022
    • de DESQUESNES François
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    L'ordre du jour du Conseil des ministres du 19 juillet dernier comportait, au point A30, un projet d'arrêté visant à mettre en œuvre la mesure 265 du Plan de relance. Sous l'axe 4 « Bien-être, solidarité et inclusion sociale », cette mesure a pour but d'augmenter les compétences ders personnes d'origine extra-européenne. Cette mission relèverait du FOREm, en articulation avec l'accompagnement adapté.

    La mesure 265 annonce les étapes clés suivantes :

    - faire évoluer le dispositif primo-arrivant actuel en un service transversal spécifique en articulation avec l'accompagnement adapté et dédié aux personnes extra-européennes présentes sur le territoire;
    - identifier les compétences par une équipe spécifique lors de l'inscription;
    - faciliter l'immersion en entreprise via des dispositifs existants et des projets partenariaux.

    Cette mesure apparaît fort louable dans son principe, mais assez floue dans ses modalités pratiques.
    Madame la Ministre peut-elle nous fournir des précisions ?

    En quoi consistera l'évolution du dispositif primo-arrivant actuel ?

    En quoi consistera le service transversal spécifique annoncé ?

    S'agit-il d'une équipe spécifiquement dédiée à l'accueil, à l'évaluation des compétences et à l'accompagnement des personnes d'origine extra-européenne ? Est-il question de réserver à ce public des « coaches » spécifiquement formés à cette mission ?

    Si oui, des formations sont-elles prévues ou en cours à l'attention des agents destinés à cette mission particulière ?

    Comportent-elles des compétences linguistiques, une sensibilisation aux contacts interculturels ?

    L'évaluation des compétences passe-t-elle, le cas échéant, par des échanges de données avec les autorités des pays d'origine ?

    L'identification des compétences est-elle toujours possible « dès l'inscription », comme le prévoit la mesure ?

    Des démarches particulières existent-elles ou sont-elles en cours d'élaboration pour faciliter l'immersion en entreprise de ce public ? Peut-elle préciser les « « dispositifs existants » et les « projets partenariaux » évoqués dans la mesure ?

    Quels sont les objectifs et les résultats attendus en ce qui concerne le nombre de profils de compétences évalués, le nombre de personnes d'origine extra-européenne accompagnées, mises en formation, en immersion en entreprises, ou insérées dans la vie professionnelle ?

    Dans le Plan de relance, une enveloppe budgétaire de 262 000 d'euros était envisagée pour la mesure 265. Or, l'arrêté du Gouvernement wallon prévoit 652 000 d'euros en crédits d'engagement et 562 000 d'euros en crédits de liquidation. Comment expliquer cette revue à la hausse ?

    Depuis la publication du Plan de relance, des éléments géopolitiques amènent-ils à reconsidérer dans une telle mesure l'augmentation des besoins nécessaires pour cette politique dans l'année en cours ? Est-ce en lien avec la crise ukrainienne ?

    Cette augmentation des besoins est-elle liée au plan d'actions prioritaires convenu avec les partenaires sociaux de Wallonie ?

    Quelle est la période envisagée pour la mise en œuvre de cette mesure ? Est-elle destinée à être structurelle et pérenne ?
  • Réponse du 29/09/2022
    • de MORREALE Christie
    Le projet lié à la mesure 265 du Plan de relance wallon, proposant une évolution du dispositif primo-arrivants, vise à optimaliser la prise en charge spécifique du public cible dès son inscription comme demandeur d’emploi au FOREm et à l’ancrer davantage dans le nouvel accompagnement assuré par le FOREm.

    Les équipes de conseillers primo-arrivants font partie d’une cellule spécifique dans le cadre de l’accompagnement. En raison des spécificités du public-cible (pas ou peu de maitrise du français, qualifications non-reconnues ou manque de qualification, différences culturelles liées à la connaissance et à l’appréhension de notre marché de l’emploi …), les conseillers primo-arrivants doivent disposer d’une forte sensibilité à l’interculturalité et d’une capacité à interagir positivement avec des primo-arrivants. Ils doivent également avoir la capacité de collaborer avec de nombreux services internes (services ouverts, compétences, équipes sectorielles et socioprofessionnelles…) et des partenaires externes spécialisés dans la prise en charge de ce public cible. Pour faciliter les premières interactions, ces conseillers doivent disposer d’une bonne connaissance de l’anglais car le public primo-arrivant a bien souvent quelques notions de cette langue. Des outils de traduction sont utilisés dans un premier temps et des entretiens sont également menés avec le soutien d’un interprète du SETIS-W. Les nouveaux conseillers suivent des formations diverses en lien avec l’accompagnement du public-cible en interne et en externe (par exemple la formation à l’interculturalité).

    L’approche transversale proposée aux primo-arrivants inclut les différentes étapes allant de l’inscription à la mise à l’emploi, et implique une articulation forte en interne au FOREm entre lignes de service (emploi et formation) et à l’externe avec les partenaires (centres d’accueil, centres régionaux d’intégration, centres d’insertion socioprofessionnelle …).

    Dès l’inscription, un premier bilan est réalisé. Lors de ce premier entretien avec un conseiller, un test de prépositionnement en langue française est réalisé permettant d’identifier les besoins de formation en français et en alphabétisation. Les personnes ne disposant d’aucune compétence en français sont directement orientées vers les partenaires spécialisés. Pour les personnes disposant de certains acquis en français, une analyse de leurs compétences est réalisée permettant de positionner la personne sur un ou plusieurs métiers.

    Plusieurs outils du FOREm sont utilisés à cet effet tels qu’Horizon-Emploi, Screening, Essais-métiers …. Cette analyse permet aussi d’identifier les éventuels besoins de formation. L’objectif visé est l’insertion la plus rapide dans un emploi durable.

    Plusieurs actions spécifiques sont en outre mises en place, telle qu’une offre de formation en français langue étrangère axée sur les compétences clés. Celle-ci vise à développer les compétences clés et linguistiques du public par une approche pédagogique différenciée en soutien des parcours de formations qualifiantes, de la validation des compétences ainsi que l’accès à l’emploi. Elle permet une modularité et une concomitance de l’apprentissage de la langue du travail avec l’acquisition d’autres compétences clés ou transversales ou des compétences techniques et permet de condenser les parcours d’insertion.

    Pour mettre en œuvre cette nouvelle offre, la mesure 265 du Plan de relance wallon prévoit l’engagement de 5 formateurs supplémentaires, tel que validé par le Gouvernement. Des screenings pour certains métiers du secteur de la construction ont également été traduits dans différentes langues afin de faciliter la première identification des compétences professionnelles valorisables par les candidats de nationalité étrangère. L’usage de ces outils est en cours d’expérimentation par les conseillers primo-arrivants.

    Dans le cadre du projet Interreg AB Refugies, qui s’est terminé en juin 2022, une application « FACT » a été développée. Il s’agit d’un dictionnaire numérique d'images sous forme d'application pour smartphones qui vise à faciliter les échanges sur le lieu de travail. Cette application combine images, langage écrit et prononciation de manière conviviale. Une fois installée, l'application fonctionne également hors ligne. Le vocabulaire pour les secteurs de la métallurgie, du nettoyage et de l'horticulture a été développé dans 10 langues : néerlandais, français, anglais, arabe, dari, pachtou, roumain, polonais, espagnol et somali.

    La mesure 265 du Plan de relance permet la poursuite, d’une part, de l’alimentation de l’application par l’implémentation de la langue ukrainienne et du vocabulaire des secteurs emballage et HoReCa et, d’autre part, le développement et l’implémentation du vocabulaire des secteurs de la construction, du bois et des soins de santé.

    Pour la mise en lien avec l’emploi, les conseillers peuvent faire appel à des dispositifs existants telle que Coup de Boost, le stage de mise en situation professionnelle, le plan formation insertion ou le stage d’acculturation organisé par des partenaires tels que les missions régionales pour l’emploi. Des collaborations sont également menées avec des partenaires organisant du mentorat, notamment Duo for a Job. Par ailleurs, les conseillers contribuent aux projets menés par les centres régionaux d’intégration, Fedasil et les secteurs, Constructiv notamment.

    Par l’augmentation de la capacité d’accompagnement des personnes et les différentes actions prévues susmentionnées, le dispositif primo-arrivants vise à offrir une offre de service complète, à chaque ressortissant étranger inscrit au FOREm et par ce fait augmenter leur taux d’insertion, qui se chiffrait en 2020 à 47,5 %.

    L’évaluation des compétences portées par les personnes est bien incluse dans l’accompagnement, de même que l’inscription dans un parcours de formation.

    En conclusion, les moyens 2022 du Plan de relance pour la mesure 265 sont utilisés essentiellement en ressources humaines complémentaires, tel que décrit ci-avant, à hauteur d’un montant total de 615 000 euros, pour compléter le dispositif et rencontrer, avec 5 formateurs et 5 conseillers supplémentaires. Une partie du budget, à hauteur de 37 000 euros, est en outre consacré au développement de l’outil FACT, tel que décrit plus haut.

    Plusieurs mesures du Plan de relance ont été réorganisées, c’est-à-dire regroupées par thématiques par souci de cohérence. C’est ainsi que des activités relatives au dispositif d’accompagnement des publics extraeuropéens ont été intégrées dans le projet 265, expliquant ainsi l’apparente augmentation de budget. L’augmentation par rapport au budget initialement prévu pour ce projet 265 se limite à 90 000 euros.

    Le renforcement du dispositif d’accompagnement des publics extraeuropéens, objet du projet 265 du Plan de relance, est indispensable pour répondre aux défis suivants :
    - l’afflux important de demandeurs de la protection internationale (plus de 19 000 personnes ont introduit depuis début 2022 une demande de protection internationale, près de 6 000 ont déjà reçu une réponse positive) dont plus de 10 000 adultes sont hébergés dans des centres d’accueil en Wallonie ; suite à la guerre en Ukraine, la Belgique accueille également des Ukrainiens (plus de 1 500 personnes sont déjà inscrites au FOREm) ;
    - la nécessaire augmentation du taux d'emploi des ressortissants étrangers en Belgique (actuellement la différence de taux d'emploi entre Belges et non-Européens s'établit à 31 %) ; en Europe, c'est d'ailleurs dans notre pays qu'il est le plus bas, 53,6 % en 2021 pour une moyenne de 63,4 % dans l'Europe des 27.