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Les difficultés de recrutement de volontaires pour le biomonitoring autour des broyeurs à métaux

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 805 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 02/09/2022
    • de DESQUESNES François
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En complément du biomonitoring wallon qui a livré ses premiers résultats, Madame la Ministre a décidé de lancer un biomonitoring spécifique destiné à pouvoir donner une information transparente aux riverains de ces broyeurs de métaux sur leur taux de PCB par rapport aux valeurs de référence en Wallonie. Dans ce cadre, l'ISSeP devait procéder au recrutement de volontaires vivant à proximité de ces broyeurs et, en particulier d'adolescents entre 12 et 19 ans vivant autour de l'un des sept broyeurs à métaux wallons depuis au minimum cinq ans.

    En mai dernier, un de mes collègues l'interrogeait sur le nombre de volontaires considéré comme insuffisant à Aubange. Elle a alors confirmé la situation spécifique à cette localité. Elle a d'ailleurs déclaré que « Faute de pouvoir avoir accès à un nombre suffisant de volontaires dans une des zones d'étude, le risque est réel que le protocole ne puisse être mis en œuvre dans la zone en question. ».

    Après avoir constaté le faible retour de la population, elle a indiqué que la commune avait déjà relancé une communication ciblée vers sa population, et que l'ISSeP avait pris contact avec plus d'une vingtaine d'associations de jeunes, clubs de sport, scouts, guides, maisons de jeunes, académies, ainsi que les écoles secondaires aux alentours. Dans ce contexte, la période de recrutement des volontaires a été prolongée jusqu'à fin juin.

    Lors de cette même question, elle n'a pas abordé la situation des autres broyeurs à métaux.

    Au cours de l'été, la presse a fait état des discussions intervenues lors du Conseil communal d'Aubange. À cette occasion, une représentante de l'ISSeP faisait alors le point sur l'ensemble de ce projet. Elle indiquait ainsi, pour l'ISSeP, que « Nous manquons terriblement, pour tous les sites, de volontaires. À Aubange, il n'y en a que 11 ». Dès lors, la situation à Aubange ne semble pas s'être améliorée, mais elle pointe également des difficultés concernant les autres sites.

    Qu'en est-il exactement ? Madame la Ministre pourrait-elle dresser le nombre de volontaires déjà enregistrés pour chacun des sites ?

    Est-ce que l'ensemble du biomonitoring est menacé ?

    Pour la concrétisation de cette analyse, cette représentante de l'ISSeP indiquait en outre que « Si nous ne parvenons pas à un strict minimum de 35 participants adolescents pour les analyses d'urine et de sang, nous ne pourrons réaliser qu'une étude générale et non plus locale ».

    Est-ce qu'une étude générale, appréhendée en complément du biomonitoring wallon déjà réalisé, aurait du sens à ses yeux ?

    Est-ce son intention de renoncer aux différentes études locales plus spécifiques ?

    À défaut, comment compte-t-elle pallier à ces difficultés de recrutement et ainsi au retard qui est occasionné ? Dans ce cadre, quel est son calendrier révisé ?

    Plus spécifiquement, quels ont été les résultats des sollicitations de l'ISSeP auprès des associations locales ?

    Quelles ont été les réponses apportées ?

    Est-ce que cette démarche a été réalisée pour ce qui concerne les autres broyeurs à métaux ?

    Enfin, concernant la nécessaire sensibilisation des riverains à la participation à ce biomonitoring, compte-t-elle mener des démarches personnelles au-delà de celle déjà mise en œuvre par les communes, l'ISSeP et son administration ?

    Le cas échéant, lesquelles ?


  • Réponse du 12/10/2022
    • de TELLIER Céline
    Le projet « BioBro » ne constitue pas un « complément » au projet de Biomonitoring général wallon. Il s’agit d’une étude distincte visant à répondre à une inquiétude de la population dans un contexte donné. C’est justement dans ce cadre que le projet de Biomonitoring wallon prend tout son sens. Ses résultats, représentatifs de la population wallonne, pourront être utilisés comme références par rapport aux valeurs mesurées chez les personnes spécifiquement exposées à l’influence des broyeurs. Jusqu’ici, les scientifiques ne disposaient pas toujours de données types issues de notre population. Ils devaient alors, soit utiliser des données issues de populations voisines, dont l’historique des expositions environnementales pouvait être différent, soit reconstruire des valeurs seuil sur base de la littérature scientifique.

    Le protocole initialement établi par les experts du Consortium « Biomonitoring Wallon » prévoyait le recrutement de 500 adolescents de 12 à 19 ans répartis sur les sept sites. Un groupe de 50 adolescents permettait de réaliser les analyses statistiques entreprise par entreprise. Le chiffre avait été augmenté à 100 pour certains sites, notamment ceux pour lesquels l’ISSeP disposait déjà des résultats d’un monitoring environnemental. Pouvoir disposer de davantage de données pour ces sites permettrait d’affiner les analyses statistiques.

    En date du 5 septembre courant, 161 adolescents étaient inscrits comme volontaires pour l’étude. Ce chiffre comprend les membres des fratries. Si l’on ne tient compte que d’un seul adolescent par foyer, le chiffre total est de 124. Entre la relance de la campagne de communication au début de l’été et la rentrée de septembre, le nombre de volontaires a faiblement progressé.

    En comparaison, le nombre de volontaires pour l’étude annexe, à savoir l’analyse des poussières collectées dans des habitations, s’est avéré plus simple. L’ISSeP enregistre à la même date 309 volontaires et 54 autres destinés à servir de témoins.

    Le caractère « invasif » de l’étude principale impliquant la collecte d’un échantillon de sang (collecte prévue par une infirmière) est souvent mis en avant par les citoyens intéressés par l’étude, mais ne souhaitant pas pour cette raison y contribuer.

    Le principe même du Biomonitoring n’est pas remis en question. Au cours de la réunion du Comité technique du projet qui s’est tenue le 29 juin, il avait été clairement acté par les experts qu’il ne serait pas possible d’interpréter des résultats par site si 70 % de l’effectif initialement prévu n’était pas atteint. C’est encore le cas pour tous les sites à l’exception de celui d’Obourg. La suite de l’étude a été discutée par les experts qui ont convenu qu’une manière d’aboutir à un résultat sans pénaliser les volontaires qui s’étaient manifestés jusqu’ici serait de globaliser l’analyse des sites.

    L’intérêt de réaliser une telle étude générale reste évident surtout si l’on tient compte du fait qu’il existe très peu d’études de ce type. La globalisation renseignera sur l’influence que peut avoir le fait de vivre à proximité de telles installations sur l’imprégnation en POP (Polluant Organique Persistant) de nos concitoyens. Dans l’état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons considérer ces entreprises que comme autant de « hot spots » pouvant être à l’origine ou non d’une surexposition de la population. En comparant les résultats obtenus à proximité des broyeurs avec ceux issus du Biomonitoring wallon, les experts pourront en déduire des valeurs-guides qui nous permettront de mieux encadrer les activités du secteur des broyeurs à métaux.

    Les niveaux de contamination que mettraient en évidence les analyses réalisées dans le cadre de ce projet seraient le reflet d’une situation antérieure à la mise en place de filtres. Cette dernière est relativement récente tandis que les valeurs mesurées refléteront à minima les 5 années passées. Pour connaitre précisément l’efficacité de ces aménagements sur l’état d’imprégnation moyen de la population, il conviendrait de refaire une nouvelle campagne de mesure dans au moins 5 ans.

    À l’heure où nous ont été communiqués ces chiffres, la période de recrutement avait déjà été étendue jusqu’au 15 septembre. Les premiers prélèvements sont prévus pour le mois d’octobre.

    Le déficit de candidats sera prochainement discuté par les experts du Consortium et d’autres contacts sont envisagés avec les communes concernées. Il est donc encore un peu tôt pour confirmer si de nouvelles pistes pourront être dégagées afin de permettre un important recrutement de dernière minute. L’ISSeP nous a toutefois confirmé que les volontaires pourraient toujours se manifester après le 15 septembre et participer à l’étude, dans la mesure du calendrier des collectes d’échantillon.

    Depuis le début de l’été, une relance générale a été lancée auprès des populations concernées. Ce processus a impliqué tous les canaux déjà utilisés pour la première demande à participation accompagnés d’un travail avec toutes les communes concernées pour rendre cette communication plus efficace. La relance de la communication a donc impliqué toutes les communes concernées.

    Pendant l’été, des contacts ont été pris avec les clubs de sports (pour les stages et la reprise des activités à la mi-août). Les réseaux sociaux de l’ISSeP et des communes ont été mis à contribution. Cela a été complété par des campagnes d’affichages et des réunions citoyennes pour les communes qui le désiraient. Des séances publiques d’information se sont tenues le 19 avril à Obourg, le 7 septembre à Courcelles, le 8 septembre à Marchienne-au-Pont et le 19 septembre à Engis.