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La maîtrise des prix de l’énergie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 7 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 08/09/2022
    • de LOMBA Eric
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Ce mercredi 31 août a eu lieu un CODECO en vue d'alléger la facture énergétique des Belges. Sans surprise, le CODECO s'en réfère à l'Europe pour le plafonnement des prix de l'électricité et le changement de mécanisme de calcul.

    En effet, la flambée du prix de l'électricité, selon les lois du marché, est liée au prix du gaz, la ressource la plus chère productrice d'électricité. Plusieurs facteurs alimentent cette flambée des prix : d'une part, la crainte sur les marchés que le géant russe Gazprom ne stoppe ses livraisons vers l'Europe. Deuxièmement, la production d'électricité via d'autres ressources que le gaz comme le charbon est impactée par le coût des certificats nécessaire pour compenser les émissions de CO2, ce qui fait augmenter le prix de l'électricité. D'autre part, on constate une indisponibilité d'un grand nombre de centrales nucléaires en France pour des problèmes de corrosion et des entretiens, et les centrales hydrauliques françaises, italiennes et suisses produisent peu d'électricité vu les niveaux d'eau. Quant à l'énergie solaire, elle tourne à plein régime, mais n'est pas encore prête à être stockée et, vu la météo, les éoliennes manquent de vent.

    Enfin, on note une augmentation de la consommation électrique liée au refroidissement lors des vagues de chaleur. On comprend bien que la crise énergétique est systémique, faisant intervenir plusieurs facteurs : les ressources naturelles, le climat naturel et le climat géopolitique, le système économique et productif, nos modes de vie et les besoins en consommation qui en découlent. S'il est indispensable d'alléger les dépenses des ménages belges, il est primordial de prendre des mesures à plus long terme afin d'effectuer une transition énergétique soutenable pour le plus grand nombre.

    Comment Monsieur le Ministre compte-t-il agir ou à tout le moins participer à la réalisation des objectifs de la DPR qui prévoyait qu'« en complément des mesures d'efficacité énergétique et d'énergies renouvelables, le Gouvernement œuvre à la maîtrise des prix de l'énergie, en concertation avec l'Autorité fédérale, les autres Régions et les régulateurs fédéral et régionaux de l'énergie, dans le respect des compétences de chacun » ?

    À long terme, quels sont les leviers au niveau wallon pour contribuer à la maîtrise des prix de l'énergie ?
  • Réponse du 26/09/2022
    • de HENRY Philippe
    L’honorable membre a parfaitement noté que le prix du marché était déterminé par le prix de la ressource la plus chère pour la production d’électricité. Pour le moment il s’agit la plupart du temps du gaz, dont le coût est particulièrement élevé actuellement pour les raisons qu’il évoque.

    Pour faire baisser le prix du marché, il convient de promouvoir les ressources qui ont un coût plus abordable. La responsabilité de la Région, vu ses compétences, est de faire en sorte que d’augmenter la production d’électricité d’origine renouvelable pour pouvoir, sur des périodes de plus en plus longues, ne plus dépendre du gaz (via les TGV : Turbines Gaz Vapeur). En effet, l’électricité se caractérise par son instantanéité (l’injection et le prélèvement se font au même moment) ce qui conduit à des variations fréquentes et importantes du prix du marché durant la journée. Le prix du marché ne dépend du prix du gaz que durant les moments où les TGV sont sollicités. Aux autres moments, le prix du marché s’établit à des niveaux beaucoup plus bas.

    À côté de cette responsabilité fondamentale qui ne produira tous ses effets que dans le moyen terme, la Région dispose d’autres moyens pour agir sur les prix de l’énergie. En favorisant la gestion active de la demande (GAD), qui permet de déplacer certaines consommations vers des périodes où l’électricité est abondante et bon marché, la facture moyenne du consommateur diminue. C’est l’objectif poursuivi par le décret tarifaire, approuvé en mai dernier, qui fixe les lignes directrices des tarifs de distribution. Dans ce cadre, la CWaPE devrait approuver très prochainement des tarifs incitatifs qui entreront en vigueur lors de la prochaine période tarifaire, soit à partir du 1er janvier 2024. Ces tarifs incitatifs favoriseront aussi dans certaines circonstances le recours aux batteries. Tout ceci conduira à une meilleure valorisation de l’électricité d’origine renouvelable et une limitation du recours aux centrales TGV.

    À moyen terme, ces centrales TGV ne devraient plus intervenir que pendant les heures de pointe ou lorsque l’électricité d’origine renouvelable se révèle insuffisante. L’objectif est bien entendu de pouvoir s’en passer complètement.

    Les autres niveaux de pouvoir ont également un rôle à jouer qui peut avoir un impact à plus court terme. Au niveau européen, il doit être possible de réduire le prix d’achat du gaz en se présentant en acheteur unique. Le niveau fédéral est le niveau de pouvoir le mieux adapté pour identifier les surprofits réalisés par certains producteurs et intermédiaires dans cette situation de prix élevés, et d’en organiser un juste prélèvement. De mon côté, j’ai interrogé la CWaPE pour savoir si des surprofits étaient constatés au niveau des producteurs wallons, ainsi que des bonis réalisés par les gestionnaires de réseaux de distribution.

    Je partage entièrement sa conviction qu’il convient de favoriser les actions qui auront un impact durable sur les citoyens et les entreprises, au moyen d’une transition énergétique au bénéfice de tous.