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L'évolution de l'e-commerce et les risques pour les petits commerces traditionnels

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 11 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 19/09/2022
    • de GALANT Jacqueline
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Avec le développement de l'e-commerce, l'évolution technologique et le changement des habitudes de consommation, le paysage de nos rues commerçantes a bien changé au cours de ces 10 dernières années.

    Selon le bureau d'études Locatus, certains commerces sont en réelle voie de disparition comme les vidéos clubs par exemple. Victimes d'une concurrence accrue de l'e-commerce, les magasins de vêtements et de chaussures sont nombreux à avoir baissé le volet. Les boulangers et les bouchers sont moins qu'auparavant, bien que le nombre de mini-supermarchés et de supermarchés de quartier ait considérablement augmenté. Depuis le 1er janvier 2013, près de 4 500 cafés ont disparu du paysage.

    À leur place, les restaurants à emporter ou en livraison ont ouvert. Les ateliers de réparation de smartphones et tablettes, les clubs de fitness et les tatoueurs se sont multipliés.

    On notera en revanche la stabilité du côté des coiffeurs. Mais le petit coiffeur indépendant a tendance à disparaître au profit de grandes chaînes.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de cette analyse ? Qu'en pense-t-il ?

    Que fait le Gouvernement wallon pour conserver des commerces de qualité partout sur le territoire ?

    Prévoit-il de prendre des mesures pour renforcer l'accompagnement des indépendantes et indépendants à la transition numérique ?
  • Réponse du 11/10/2022
    • de BORSUS Willy
    Tout comme en 2020, le commerce de détail a été confronté en 2021 à la crise du coronavirus avec des mesures de limitation de la clientèle. Dans les centres urbains, il y a de nouveau plus de passage mais le niveau d'avant la pandémie n'a encore été retrouvé. Toutes les études le déplorent. Les commerces qui dépendaient du tourisme dont les cafés ont effectivement beaucoup souffert de la crise.

    L’étude menée par Locatus identifie plusieurs problématiques distinctes :

    1. La disparition de certains commerces dont le business model ne répond plus à une réelle demande de la part des consommateurs. C’est le cas par exemple des vidéos-clubs délaissés par leurs clients au profit des plateformes à portée mondiale telles que Netflix, AmazonPrime, Disney+, etc. Les disquaires et les libraires sont eux aussi impactés par Amazon, Spotify, Deezer et autres. Ces plateformes sont avant tout des entreprises high tech dont le modèle économique se fonde sur une grande largeur d’offre combinée à une importante personnalisation des recommandations grâce à l’intelligence artificielle. Alors qu’auparavant, les commerces distribuaient les best-sellers, aujourd’hui, les plateformes vous donnent accès à l’intégralité de l’offre ou presque et apprennent à connaître le client au travers des algorithmes. On peut qualifier cette première problématique d’évolution naturelle des marchés en fonction de la demande des consommateurs et de la disponibilité de solutions technologiques abordables porteuses d’innovations pour répondre aux nouvelles attentes.

    2. Les commerces « classiques » doivent être accompagnés, aidés pour monter à bord du train du Digital ; c’est l’objet du programme Digital Commerce sur lequel je reviendrai ci-après.

    3. Troisièmement, la concurrence entre hyper marchés et commerces de proximité n’est pas neuve, elle doit être prise en compte au niveau de l’aménagement du territoire et des permis d’exploitation commerciale pour favoriser un tissu commercial varié, complémentaire et qualitatif.

    4. Par ailleurs, la disparition d’un certain nombre de cafés doit être déplorée, il s’agit là notamment de l’effet Covid mais malheureusement, ce phénomène s’ajoute à la difficulté aujourd’hui de trouver du personnel qualifié pour ce secteur déserté par beaucoup de travailleurs au profit d’activités plus stables en cas de nouvelle crise.

    5. Enfin, les nouvelles enseignes de restauration à emporter, de réparation de terminaux digitaux, de salons de tatouage ou encore de clubs de fitness répondent à la demande des clients ainsi qu’à certaines habitudes prises durant le Covid en ce qui concerne la restauration à emporter et le sport notamment. Dans ce contexte, il me semble important que les commerçants de proximité s’inscrivent bien dans une démarche visant à exister de façon phygitale et à se différencier par un contact humain, un ancrage local et surtout, une qualité supérieure de produit et de service qui vaudra le déplacement.

    Concernant les mesures prises par la Wallonie afin de développer la digitalisation des entreprises avec un focus important sur l’e-commerce, les principaux dispositifs sont les suivants :

    1. Digital Commerce ;

    2. Smart Commerce ;

    3. Le nouveau chèque entreprises « Relance par le Numérique » qui s’ajoutent aux autres chèques maturité et croissance numériques.

    Par rapport à la fracture numérique des commerçants locaux, les programmes Digital Commerce et Smart Commerce mis en œuvre par l’Agence du Numérique et différents partenaires, avec mon soutien, apportent des réponses à des besoins complémentaires.

    Ils assurent, d’une part, l’augmentation nécessaire et rapide des compétences numériques des commerçants pour leur visibilité en ligne (Digital commerce).

    Ils apportent, d’autre part, le soutien aux villes et communes pour que celles-ci deviennent des écosystèmes porteurs pour le commerce en activant les opportunités offertes par le numérique en matière de dynamisation commerciale. Cela sera possible notamment, en valorisant les gisements de données qu’elles peuvent activer pour lever les frictions sur le parcours client (Smart Commerce).

    Digital Commerce est le programme de lutte contre la fracture numérique des commerçants de proximité. Il s’agit d’un accompagnement gratuit à la digitalisation qui a permis de faire monter à bord du train du digital plus de 4 000 commerçants entre 2016 et 2021. Au travers du Plan de relance wallon, Digital Commerce est prolongé jusqu’en 2024 avec une forte augmentation de budget. De plus, il est étendu à deux nouveaux publics cibles : l’HORECA et les acteurs du tourisme.

    Afin que les efforts de visibilité web des commerçants soient payants et qu’ils puissent bénéficier pleinement des progrès réalisés en matière de numérique, il y a lieu d’adapter leur cadre de fonctionnement. Des outils mutualisés sont nécessaires afin d’adapter le tissu commercial local aux nouveaux comportements du client. C’est là que Smart Commerce intervient pour aider les communes à créer un territoire « commerce friendly » où le client peut effectuer ses achats de manière phygitale. Concrètement, un outil et une méthodologie sont en cours de développement pour permettre aux villes et communes de faire le cadastre de leurs commerces, de leurs gisements de données et de voir dans quelle mesure ces derniers peuvent être améliorés et valorisés pour créer un parcours d’achats sans friction jusqu’aux commerces de centre-ville et retour.

    Enfin, le nouveau chèque entreprise « Relance par le numérique » permettra grâce à des fonds européens aux PME wallonnes d’augmenter leur digitalisation et d’amorcer ou d’amplifier leurs activités en ligne. Ainsi, dans le but d’encourager la numérisation, l’Union européenne a débloqué 23 millions d'euros pour accompagner les PME wallonnes dans leur relance, et plus particulièrement, au niveau du déploiement ou de l’amélioration de leurs activités en ligne. Des chèques existent déjà pour, notamment, soutenir la création, la croissance, l’innovation, la digitalisation et la transmission d’entreprises. Cette nouvelle thématique « relance par le numérique » s’ajoute au portefeuille des 8 thématiques déjà disponibles. En pratique, mon cabinet, le SPW Economie Emploi Recherche et l’Agence du Numérique ont établi une approche complète et structurée, en 3 étapes, pour concrétiser le projet de numérisation d’une PME :
    • le diagnostic de maturité via le Digiscore de l’Agence du Numérique ;
    • l’élaboration du plan d’action stratégique ;
    • l’implémentation des solutions.

    L’intervention publique s’élève à 90 % des montants concernés avec des plafonds variables pour chacune des phases. Le dispositif est par nature éphémère. Il prendra fin au plus tard le 31 août 2023, ou lorsque les fonds disponibles auront été épuisés.

    Comme l’honorable membre peut le constater, la Wallonie ne ménage pas ses efforts pour soutenir le développement du commerce en ligne au sein de son tissu économique.