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La prévention du diabète en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 6 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 19/09/2022
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    En marge du Forum belge du diabète qui rassemblait le personnel soignant et les associations de patients, le diabétologue Laurent Crenier, qui est également président de l'Association belge du diabète (ABD), dressait un état des lieux de la maladie dans notre pays. Le diabète, qui touche environ une personne sur vingt en Belgique, doit être connu, dépisté et diagnostiqué le plus rapidement possible pour éviter toute complication chronique à long terme.

    S'il y a eu énormément de progrès durant ces dernières années et que, d'autre part, on estime que notre pays figure parmi les bons élèves en la matière, certains points demeurent améliorables. Pour le professeur Crenier, l'un des principaux facteurs de risques, l'obésité, n'est pas combattu efficacement. Un plan national obésité et un plan national diabète sont réclamés par les professionnels du secteur depuis des dizaines d'années.

    En outre, améliorer la prévention est largement souhaité. Cela passerait inévitablement par plus de sensibilisation et d'informations, mais aussi par des dépistages plus systématiques.

    Madame la Ministre a-t-elle pu assister ou avoir un retour de ce Forum belge du diabète ? Le cas échéant, quels enseignements en tire-t-elle ?

    Un plan de lutte contre l'obésité ainsi qu'un plan diabète sont-ils à l'ordre du jour en Région wallonne ?

    Que prévoit-elle pour améliorer la prévention du diabète ?
  • Réponse du 18/10/2022
    • de MORREALE Christie
    En marge du Forum belge du diabète qui rassemblait le personnel soignant et les associations de patients, le diabétologue Laurent Crenier, qui est également Président de l'Association belge du diabète, dressait un état des lieux de la maladie dans notre pays. Le diabète, qui touche environ une personne sur vingt en Belgique, doit être connu, dépisté et diagnostiqué le plus rapidement possible pour éviter toute complication chronique à long terme.

    L’AViQ n’a malheureusement pas pu assister au Forum belge du diabète, mais j’y étais représentée par une de mes conseillères Santé. Les interventions du panel allaient dans le sens des principales recommandations issues du Livre Blanc (Nobels F., « Le Diabète en Belgique, Livre Blanc », Belgian Diabetes Forum, septembre 2020).

    Le nombre de personnes souffrant du diabète augmente considérablement dans le monde, en particulier sous l’influence de l’épidémie d’obésité, qui est associée à un risque accru de diabète de type 2. Selon le Rapport mondial sur le Diabète 2016 de l’OMS, le nombre de personnes atteintes de diabète dans le monde est passé de 108 millions à 422 millions entre 1980 et 2014 et est estimé avoir atteint le chiffre de 463 millions en 2019.

    La prévalence de la maladie a progressé durant la même période de 4,7 % à 8,5 %. Le diabète a causé 1,6 million de décès dans le monde en 2015, dont près de la moitié concernaient des personnes de moins de 70 ans. En Belgique, les chiffres du diabète sont limités et incomplets. Il n’est pas possible de déterminer le nombre exact de personnes souffrant du diabète, car il n’existe pas d’enregistrement systématique des cas diagnostiqués. D’après Sciensano, un adulte sur dix souffre du diabète en Belgique, et ce pourcentage passe à 27 % parmi les personnes de 65 ans et plus. En outre, 5 % de la population adulte présente une glycémie élevée, c’est-à-dire un risque de développer un diabète à un moment ultérieur. Globalement, il y a près de 1 million de personnes en Belgique qui souffrent d’hyperglycémie (prédiabète et diabète), ce qui veut dire qu’elles bénéficient ou devraient bénéficier de la prévention et du traitement du diabète et de ses complications.

    Outre les souffrances pour les patients et leurs familles, la pathologie entraîne des coûts significatifs. Au total, les coûts de santé liés au diabète se sont élevés à 5,82 milliards d’euros pour le système de sécurité sociale belge en 2018. En dépit de l’absence d’un monitoring précis, la majeure partie de ce budget semble lié à la gestion des complications causées par le diabète, tandis que 6 % à peine sont liés aux coûts des médicaments destinés au traitement du diabète et de ses comorbidités.

    Un prérequis essentiel pour contenir l’épidémie de diabète consiste à soutenir des politiques appliquées largement, cohérentes et ambitieuses visant à améliorer le mode de vie de chacun, prévenant ainsi l’obésité et le diabète de type 2 et la survenue de complications liées au diabète en général. Ceci implique une amélioration de la qualité de notre alimentation, l’adoption d’un mode de vie actif et la lutte contre la sédentarité, mais aussi l’arrêt d’habitudes à risques comme la consommation excessive d’alcool et le tabagisme. Il existe aujourd’hui bon nombre d’initiatives fragmentées, mais elles manquent de l’ambition nécessaire pour nous permettre de relever les défis existants. La responsabilité de changer nos modes de vie est globale et n’est pas le seul apanage des acteurs de la Santé publique.

    Ainsi, la réponse pour tenter d’endiguer cette épidémie doit être globale et faire le focus sur 9 aspects : une politique de données à l’épreuve de l’avenir ; un investissement dans la prévention, le dépistage et la détection précoce ; une amélioration continue du traitement du diabète ; le développement d’une approche destinée aux enfants ; le renforcement de la prévention des complications ; l’organisation multidisciplinaire de la prise en charge des patients ; permettre aux patients de suivre leur traitement sur le long terme ; limiter les obstacles juridiques et sociaux ; et rendre les soins accessibles pour tous.

    Un Plan de lutte contre l’obésité ou un plan diabète ne sont pas à l’ordre du jour en Région wallonne. Mais au travers de la Programmation wallonne en promotion de la santé, en ce compris la prévention, étant la mise en œuvre du Plan wallon de Promotion et de Prévention de la Santé, différents axes sont concernés par la problématique du diabète. Celui-ci, ayant une étiologie multifactorielle, touche dès lors de multiples axes : l’axe 3 pour la prise en charge des maladies chroniques, l’axe 1 pour la pratique d’une activité physique et une alimentation saine. La prévention et les actions de promotion de la santé relatives à cette maladie chronique seront donc bien intégrées de manière structurelle, au travers des actions menées par les différents opérateurs et suivies par le comité de pilotage.

    En effet, des opérateurs seront subsidiés par la Région dans ce cadre, en particulier pour agir sur les bienfaits d’une alimentation équilibrée ou sur la pratique d’une activité physique régulière.

    Parallèlement aux objectifs poursuivis par le WAPPS qui visent à prévenir l’apparition de la maladie, il existe 12 réseaux locaux multidisciplinaires (RLM) qui couvrent presque l’entièreté du territoire. Le RLM collabore avec le SISD (Soins Intégrés de Soins à Domicile) correspondant à sa région en vue de développer un trajet de soins. Le trajet de soins apporte plusieurs avantages : les consultations chez le généraliste et le spécialiste liées à la maladie (diabète et insuffisance rénale) sont entièrement remboursées par la mutualité pendant la durée du trajet de soins, et selon la maladie, il est donné accès au matériel spécifique, aux consultations de diététicien, de podologue, d’éducateur au diabète, ...

    Enfin, le médecin généraliste est l’acteur central de la promotion des attitudes saines, de la prévention, du traitement et du suivi du diabète. Il participe activement à un travail multidisciplinaire, mais reste le prestataire idéal pour l’identification des « cas à risque » dans sa patientèle (case-finding) et pour aborder la prévention en général et recommander les attitudes saines à maintenir ou à développer.

    L’ensemble de ces professionnels sont amenés à débattre de l’organisation de la première ligne de soins, depuis quelques mois : le design de cette nouvelle organisation doit justement permettre d’améliorer la prise en charge intégrée des patients, y compris avant qu’ils ne soient concernés par la maladie.