/

Le risque croissant de maladies infectieuses en lien avec le réchauffement climatique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 7 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 19/09/2022
    • de WITSEL Thierry
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Dengue, Malaria ou encore Zika semblent être des maladies qui risquent d'être de plus en plus courantes. Plusieurs journaux relayaient des chiffres édifiants et semblent confirmer l'importance de prendre d'urgence les mesures permettant de freiner l'impact du dérèglement climatique et l'aggravation des maladies infectieuses en lien.

    Selon Debarati Guha Sapit de l'UCLouvain, il y a effectivement un risque que les maladies infectieuses se renforcent et soient plus contagieuses, et que d'autres voient le jour.

    Le dérèglement climatique générerait une hausse des allergies et favoriserait l'émergence de nouvelles maladies ou le développement, chez nous, des maladies qu'on croyait limitées aux zones tropicales.

    Via les soutiens logistiques de Sciensano et du FARES, quel bilan tire l'AViQ de la situation en Wallonie quant à la recrudescence des maladies infectieuses ? Un suivi particulier est-il prévu avec l'ECDC ?

    Madame la Ministre s’est-elle concertée avec la Ministre Tellier afin d'esquisser à court et moyen termes les corrélations entre le changement climatique et la recrudescence des maladies infectieuses ? Quelles en sont les conclusions ?

    D'un point de vue Santé publique, prévoit-elle une communication spécifique au sujet du réchauffement climatique et des enjeux santé ?

    Quelle stratégie mettra-t-elle en place afin de renforcer nos infrastructures de santé publique et prévenir ou traiter le problème à la source ?

    S’est-elle concertée avec la Ministre Glatigny quant à un programme spécifique de formation pour les futurs médecins, sur base des recommandations réalisées par l'AViQ et l'Institut de médecine tropicale ?

    La lutte contre les inégalités socio-économiques me tient, comme à vous, particulièrement à cœur. Comment envisage-t-elle de réduire celles générées par les bouleversements climatiques sur la santé ?
  • Réponse du 19/10/2022
    • de MORREALE Christie
    En 2022, aucune recrudescence des maladies infectieuses en Wallonie n’est confirmée par les chiffres mis à disposition par Sciensano et, pour la tuberculose, par le FARES. Les notifications des maladies infectieuses à déclaration obligatoire ont naturellement augmenté en comparaison aux années 2021 et 2020, vu la progressive levée des mesures de confinement. En effet, ce type des mesures a vraisemblablement limité la propagation de toute maladie infectieuse et non uniquement du Covid-19.

    Les notifications de maladies infectieuses à déclaration obligatoire reçues par la Cellule de surveillance des maladies infectieuses s’élèvent à 508 entre janvier et août 2022, en augmentation par rapport à l’année précédente (475) et à 2020 (492), mais bien moindre que les 1312 notifications reçues en 2019.

    Concernant la tuberculose, le dernier rapport « Aperçu de la Tuberculose en Belgique-2022 » du FARES (https://www.fares.be/tuberculose/publications/rapports-epidemiologiques/tbc_apercu2022_fr_3.pdf) montre une tendance continue à la diminution malgré des fluctuations importantes. Pour cette maladie, une recrudescence semble exclue pour le moment.

    L’ECDC monitore depuis plusieurs années l’impact du réchauffement climatique sur la propagation des maladies infectieuses. L’ECDC évalue avec attention la création du European Environment and Epidemiology Network (E3), organisme qui pourrait relier les données sur les changements climatiques et les données sur les maladies infectieuses afin de renforcer le système européen de prévision, de surveillance et de réponse aux menaces posées par des maladies nouvelles et émergentes.

    L’AViQ et le SPW Environnement participent au groupe de travail MEMO+, animé par le SPF Santé publique. Ce groupe de travail analyse les risques conséquents à l’introduction des moustiques tropicaux avec des actions de surveillance et de contrôle de ces espèces. Conséquemment, les effets de ce groupe de travail ont un bénéfice pour la limitation du risque lié aux maladies à transmission vectorielle. Le groupe MEMO+ fait partie du projet NEHAP, le Plan d'action nationale Environnement-Santé, qui à la suite des décisions de la CIMES du 20 juillet 2022, a été agrandi récemment avec la création d’un nouveau GT pour analyser les effets du changement climatique sur la santé en Belgique.

    Une possible concertation avec Madame Valérie Glatigny n’a pas encore été réfléchie à propos d’un programme spécifique de formation des futurs médecins, sur la base des recommandations réalisées par l’AViQ et l’Institut de Médecine tropicale. Il conviendrait éventuellement de l’envisager à la suite des travaux du NEHAP mentionnés ci-avant, lorsqu’ils seront plus avancés, tout en veillant à rester attentifs aux situations individuelles qui peuvent se produire. Ainsi, récemment, la cellule de surveillance des maladies a eu à connaître un cas de malaria qui s’est avéré lié à la présence d’un moustique présent dans de la marchandise importée, sans autorisation, dans une valise. Cette situation ponctuelle nous démontre l’importance de la surveillance des maladies infectieuses et du suivi de cas, lequel a bien été suivi et rapporté à chaque niveau d’information.

    Quant à la lutte contre les inégalités socio-économiques que génèrent les bouleversements climatiques sur la santé, comme relevé, j’y suis particulièrement attentive. Lors des inondations de 2021, là aussi, la cellule de surveillance des maladies infectieuses et les outbreak support teams, ainsi que la première ligne de soins se sont coordonnés pour intervenir auprès de la population, en prenant en compte leur vulnérabilité.

    Récemment, le 4 octobre, l’AViQ a participé au comité de contingence convoqué à Lille par les autorités des Hauts de France afin de faire le point sur les différents types de risques, dont les risques sanitaires, mais aussi les risques liés à l’environnement, aux situations sociales …d’un point de vue transfrontalier. En effet, dans ces matières, les frontières entre les pays n’arrêtent pas les situations à risque. Lors de cette réunion, un inventaire des mesures adoptées par les deux côtés de la frontière a été réalisé en vue d’identifier les éventuelles lacunes pour les combler. Ce travail va se poursuivre et évoluer au niveau de l’AViQ dans le cadre de la gestion de la crise en prenant en compte tous ces aspects dans leurs impacts sur la santé de nos concitoyens.

    Enfin, de manière plus générale, le Plan WAPPS adopté sous la précédente législature n’a pas intégré le réchauffement climatique : il ne figure donc pas parmi les priorités actuellement définies. Toutefois, le Comité de pilotage du Plan promotion de la santé va prochainement pouvoir se mettre en place et aura les moyens de revoir le Plan WAPPS initial de 2018. Il lui appartiendra de faire le point sur les évolutions épidémiologiques, les priorités, en tenant compte de l’état des connaissances et, en particulier, des déterminants de la santé ainsi que leur impact. Ce sera à lui aussi de convenir d’inclure ces évolutions liées notamment aux bouleversements climatiques et aux effets sur la santé de tous, et particulièrement sur celles des personnes plus vulnérables.