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La méconnaissances des infections sexuelles transmissibles et leur croissance

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 9 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 19/09/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Neuf Belges sur dix pensent ne courir aucun risque de contracter une infection sexuellement transmissible. Moins redoutées que le VIH, certaines infections sexuellement transmissibles (IST) progressent. Les associations de terrain constatent une méconnaissance globale de la population sur leurs modes de transmission et les risques pour la santé. Des associations telles que "O'Yes" mettent en place des programmes de sensibilisation afin de créer des discussions autour de ce sujet complexe à aborder. Elles ont en effet constaté que la plupart des jeunes ne connaissent pas les risques d'une IST « car ils n'en parleraient pas assez ».

    Louise-Marie Drousie, animatrice formatrice à l'ASBL "O'Yes", explique qu'il y a beaucoup de choses que les jeunes ignorent en matière de comportements sexuels : « Les jeunes ne sont pas toujours au courant des pratiques qui peuvent être à risque et des méthodes de protection diversifiées qui existent ». Le préservatif externe est connu, mais concernant la pose du préservatif, on apprend qu'il y a une méconnaissance de la pose adéquate et que les utilisateurs ne savent pas qu'il faut toujours regarder la date de péremption avant d'en poser un. La gonorrhée, par exemple, progresse chez les hommes de 17,8/100 000 en 2008 à 26/100 000 en 2019. Les associations constatent une méconnaissance sur le type de tests à effectuer ou sur les risques. Lors de la pandémie, moins d'IST ont été dépistées puisque le Covid a freiné certaines personnes à aller se faire dépister.

    Un travail conséquent est donc à mener en termes de prévention, d'accès au dépistage et d'information auprès du jeune public. D'autant que les IST peuvent avoir de lourdes conséquences en augmentant le risque de stérilité pour ne citer que cet exemple. Madame la Ministre présentera-t-elle une nouvelle campagne d'information sur les IST dans les prochaines semaines ?

    Pourquoi ne pas favoriser l'accès au dépistage pour les plus jeunes qui en sont trop souvent éloignés ?
  • Réponse du 18/10/2022
    • de MORREALE Christie
    L’article 187 du Code wallon de l’Action sociale et de la Santé, CWASS, confie aux centres de planning familial les missions suivantes :

    « 1° l'information, la sensibilisation et l'éducation en matière de vie affective, relationnelle et sexuelle ;
    2° la promotion de la contraception et l'amélioration de son accessibilité ;
    3° la prévention des grossesses non souhaitées et l'accès à l'avortement visé à l'article 350 du Code pénal. L'accès à l'avortement implique que tout centre de planning soit procède à l'avortement, soit oriente, voire accompagne, la personne qui souhaite en bénéficier, vers un centre ou planning qui y procède si son personnel ou les médecins y attachés ne veulent pas y procéder. Aucune demande ou détresse ne peut rester sans réponse dans le chef d'un centre de planning ;
    4° la prévention et le dépistage des infections sexuellement transmissibles ;
    5° l'aide et l'accompagnement des personnes en lien avec leur vie affective, relationnelle et sexuelle ;
    6° la prévention des violences exercées au sein des couples et, le cas échéant, leur prise en charge sans préjudice des compétences des organismes intervenant en la matière ;
    7° l'information au public sur les notions de droit familial ;
    8° l'organisation des animations liées aux missions définies ci-avant ;
    9° l'information et la sensibilisation des professionnels en lien avec la vie affective, relationnelle et sexuelle. »

    Sur cette base, les plannings familiaux contribuent à l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle, l’EVRAS. Ils développent des actions collectives d’information sur les infections sexuellement transmissibles (IST) à l’égard du public jeune en milieux scolaires, dans les événements festifs, à l’occasion de manifestations diverses ou en leurs murs, lors de tout contact individuel.

    Tout centre de planning familial doit s’assurer d’être accessible au plus grand nombre, en s’organisant, le cas échéant, avec d’autres centres ou opérateurs du réseau local.

    L’accessibilité financière des centres de planning familial est garantie par l’article 208 du CWASS. Ce dernier étant relatif à la gratuité pouvant être appliquée par le centre subsidié par la Région wallonne.

    La Wallonie soutient également le site love attitude (http://www.loveattitude.be/ist-vih/) qui dispense des informations sur les IST à travers différents formats à destination des jeunes, ainsi que des tutoriels sur l’usage des préservatifs.

    De manière plus institutionnelle, un accord de coopération est en préparation entre les différents cabinets concernés en Wallonie, à Bruxelles et pour la Communauté française, en vue d’aboutir à la généralisation de l’EVRAS en particulier à destination des publics jeunes. Cet accord de coopération sera ensuite soumis à l’approbation des parlements respectifs pour constituer une base décrétale.

    Par ailleurs, le Plan de relance de la Wallonie a prévu un budget de 3 690 000 euros pour le projet 288 : « Renforcer les animations EVRAS via les centres de planning familial wallons », reconnaissant en cela l’importance de la dynamique de l’EVRAS en faveur d’une population en bonne santé.

    D’autres projets y contribuent également : il s’agit du subventionnement des stratégies concertées EVRAS. En effet, beaucoup d’autres opérateurs mènent des actions de prévention et de dépistage des IST. C’est le cas d’Exæquo, de SidaSol, du Collectif santé Mons-Borinage, …

    Enfin, la thématique de l’EVRAS a d’ailleurs été intégrée à la programmation 2023-2024 adoptée par le Gouvernement wallon ce 1er septembre 2022, en vue de l’exécution du Plan de promotion de la santé, le plan WAPPS. Cette programmation a été élaborée par une « task force » composée d’experts de terrain, par l’équipe RESO UCL, de Sciensano, de l’AViQ et de la Fédération wallonne de la Promotion de la Santé, dont les travaux ont été coordonnés par Esprit ULg. Elle a fondé ses travaux sur la connaissance scientifique et l’expertise de terrain pour identifier notamment cette priorité.

    L’exécution du décret relatif à la promotion de la santé est en cours et fait suite à l’adoption de la programmation. Une fois que les opérateurs introduiront leurs demandes d’agrément, il est certain que plusieurs d’entre eux déposeront une proposition visant à développer la littératie en santé comme l’accès au dépistage et recourront à la communication à l’égard des jeunes parmi leurs stratégies.