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L'utilisation de l'énergie dans les activités liées au numérique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 36 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 19/09/2022
    • de HARDY Maxime
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Les infrastructures nécessaires au fonctionnement de nos appareils et services numériques sont de grands consommateurs d'énergie.

    La Wallonie possède sur son territoire plusieurs de ces infrastructures, notamment cinq data centers gérés par Google qui consomment énormément d'énergie, pour faire fonctionner les serveurs, mais également pour le refroidissement. Selon certaines estimations, un data center de 10 000 m2 consommerait autant qu'une ville de la taille de Verviers.

    Par ailleurs, chacune de nos actions sur internet consomme de l'énergie, que cela soit l'envoi d'un courriel (19 grammes de CO2) ou regarder un film en streaming, dont on sait que la consommation mondiale annuelle équivaut à 300 millions de tonnes de CO2, soit la consommation annuelle d'un pays comme l'Espagne.

    Le fait que ces coûts énergétiques soient pour certains d'entre eux délocalisés ne doit pas faire oublier leur existence, et partant, notre capacité à agir sur eux.

    À l'heure où la crise énergétique fait rage et/ou nos concitoyens sont sommés de réduire leur consommation, le coût énergétique de l'industrie numérique n'est-elle pas un angle mort de cette stratégie d'économie d'énergie ?

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d'une estimation de la quantité d'énergie consommée par le secteur du numérique en Wallonie ?

    Le Gouvernement envisage-t-il des actions de sensibilisation à l'attention des citoyens, mais également des administrations, pour réduire leur consommation énergétique liée au numérique, par l'adoption de pratiques plus adéquates ?
  • Réponse du 13/10/2022
    • de HENRY Philippe
    Les technologies du numérique occupent une place prépondérante dans le quotidien de nombreux de nos concitoyens et de nos entreprises. Certaines études indiquent que les technologies numériques peuvent contribuer à apporter une réponse au défi climatique en plus de leur apport à la prospérité économique, mais que les effets rebonds sont très difficiles à estimer. Il ne faudrait donc pas d’un point de vue environnemental que ceux-ci entrainent plus d’émissions que ce que ces technologies numériques permettraient de diminuer par ailleurs. En effet, autant ces équipements numériques et les usages qu’ils permettent et promettent semblent être conçus pour relever des défis toujours plus grands, autant leur impact environnemental risque de s’accroître.

    Comme l’honorable membre le relève justement dans sa question, bien que cet impact soit peu ou non perceptible par l’utilisateur final, nous ne devons pas oublier que les technologies du numérique sont bel et bien des supports physiques et non virtuels nécessitant une consommation d’énergie pour être à la fois produites et utilisées. Ainsi pour 2019, on estime que près de 4 % des émissions carbonées mondiales sont dues à la production et à l’utilisation du système numérique. Cela représente davantage que les 2 % usuellement attribués au transport aérien civil et, avec une augmentation qui s’élève aujourd’hui à 8 % par an, cette part pourrait doubler d’ici 2025 pour atteindre 8 % du total – de l’ordre des émissions des voitures et deux-roues actuellement (the Shift project, 2018).

    En Wallonie, nous disposons d’une partie des consommations d’énergie liées aux technologies du numérique. En 2020, la consommation d’électricité des 7 datacenters wallons s’élevait à plus de 800 GWh. À cette consommation, il faudrait ajouter celles liées aux réseaux de télécommunication, ainsi que les terminaux et les périphériques, dont nous ne disposons pas.

    Une étude de l’ADEME et l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), menée pour préciser l’impact environnemental du numérique en France et publiée en janvier 2022, confirme que les terminaux (et en particulier les écrans et téléviseurs) génèrent l’essentiel des impacts environnementaux (65 à 92 %), suivi des centres de données (de 4 à 20 %) puis des réseaux (de 4 à 13 %).

    Dans tous les cas, il convient selon moi de limiter la croissance de la consommation d’électricité liée aux technologies numériques. C’est pourquoi j’estime nécessaire que des mesures soient prises afin d’informer les usagers par rapport à une optimisation de leur consommation d’appareils numériques (rédaction de fiches d’informations par type de produit). Enfin, des mesures à caractère normatif pourraient être mises en place, afin par exemple de limiter la bande passante disponible pour certaines applications (ex : limiter la résolution vidéo par type de terminal) ou encore limiter la quantité totale de contenu accédée par jour. Enfin, de manière à sensibiliser le citoyen, mais aussi les entreprises sur l’impact carbone de l’achat des terminaux et des usages numériques, l’AWaC développe actuellement un calculateur de bilan carbone en ligne.