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La problématique du "tout numérique par défaut" des services publics

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 5 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 19/09/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à COLLIGNON Christophe, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    Alors que la digitalisation dans les services se développe rapidement dans un souci d'efficience et de performance, et donc aussi dans les services publics, une partie de la population risque de rester sur le banc de touche. Le « tout numérique » ne fait pas que des heureux !

    Le « tout numérique » par défaut, instauré de manière accélérée dans les services publics, renforce la discrimination envers les usagers éloignés des TIC.

    Couplé à la réduction des canaux de communication traditionnels (guichet, téléphone, papier) dans le service public, cela mène à une perte de droits essentiels pour les usagers en difficultés de lecture et d'écriture, et numériquement non autonomes.

    En Belgique, un adulte sur dix a des difficultés à lire et écrire. C'est plus d'un million de belges qui sont concernés ! Pourtant, soyons honnêtes, nous devrions tous être concernés. Le numérique ne rend pas de facto la vie des citoyens plus facile.

    Dans ce contexte, l'ASBL « Lire et Ecrire » vient de communiquer une lettre à différents responsables politiques, notamment Monsieur le Ministre, en appelant à « penser » le caractère abordable et l'accessibilité du service public, à « identifier » les mécanismes de discrimination, et finalement à « proposer » des mesures pour rétablir une égalité d'accès aux droits et aux services d'intérêt général.

    Face aux oubliés du « tout numérique », quelles sont les mesures qui ont déjà été prises ou que l'on pourrait prendre, afin viser la garantie d'un accès à tous les services d'intérêt général avec un réseau suffisant de guichets ?

    Y a-t-il une réflexion quant à la possibilité de mettre en place un plan de lutte contre les inégalités numériques ?

    Prévoit-il un financement pour les organismes d'alphabétisation ?
  • Réponse du 19/10/2022
    • de COLLIGNON Christophe
    Je suis bien conscient de l’existence d’une fracture numérique, qui affecte les plus vulnérables de nos concitoyens.

    Le « Baromètre de l’inclusion numérique » publié en 2020 par la Fondation Roi Baudouin, établit trois degrés dans la fracture numérique qui dénotent des inégalités sur plusieurs plans :
    - les inégalités d’accès aux technologies numériques font essentiellement référence aux disparités dans la possibilité de se connecter et donc de disposer de l’équipement et de la connexion ad hoc. C’est la fracture numérique de premier degré ;
    - les inégalités d’usage des technologies numériques qui traduisent une maturité numérique faible. C’est la fracture numérique de second degré ;
    - les inégalités liées aux implications sociales de ces différences d’accès et d’utilisation. Elles font référence aux capacités inégales des personnes à transformer les opportunités offertes par le numérique en bénéfices effectifs dans les multiples domaines de la vie sociale tels que l’éducation ou l’emploi. Ces inégalités sont susceptibles de générer des phénomènes de discrimination, comme le non-recours aux droits, par exemple. C’est la fracture numérique de troisième degré.

    Le baromètre 2021 de maturité numérique des citoyens wallons, publié par l’Agence du Numérique, fait état des constats que ces 3 types de fractures numériques sont en baisse, mais constituent encore une réalité pour de nombreux citoyens.

    Je suis attentif à la problématique dans le cadre de mes compétences. J’ai par exemple veillé à intégrer dans l’appel à projets relatif à la digitalisation des pouvoirs locaux dans le cadre de l’accord avec les opérateurs de téléphonie mobile, un critère relatif à l’impact social des dossiers déposés par les pouvoirs locaux. Ce critère reprenait des mesures en matière d’accessibilité, de fracture numérique ou encore d’inclusion des publics vulnérables (les plus éloignés des institutions).

    Au-delà de la numérisation, nous devons veiller à façonner la transformation numérique de manière inclusive : des initiatives telles que les écrivains publics, les EPN et le partenariat avec l’ASBL « Lire et Ecrire », que le Gouvernement wallon soutient financièrement, apportent une aide concrète et directe.