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Le plan de lutte contre les maladies infectieuses en lien avec le réchauffement climatique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 12 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 19/09/2022
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le constat est partagé par la communauté scientifique : le réchauffement climatique est responsable de l'augmentation de maladies infectieuses. À cet égard aussi, le besoin de réduire les émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale devient urgent. Par exemple, selon un professeur de Gembloux Agro-bio tech-ULiège la météo de ce printemps a été particulièrement propice au développement de certains insectes tels que les tiques, souvent porteuses de la maladie de Lyme.

    Existe-t-il un système de surveillance des déplacements de certaines espèces d'insectes contribuant à la prolifération de maladies infectieuses en Wallonie ?

    Quelle stratégie Madame la Ministre envisage-t-elle pour contrer les zoonoses - maladie infectieuse qui est passée de l'animal à l'homme - en Wallonie ?

    Se concerte-t-elle avec sa collègue en charge de la santé afin d'établir une cartographie des corrélations « changements climatiques - recrudescence de maladies infectieuses » ?

    Plus spécifiquement, la maladie de Lyme ayant fait l'objet début juillet d'une attention particulière, il a été dit qu'elle ferait l'objet d'une campagne de prévention à destination des citoyens.

    Qu'en est-il au niveau de son calendrier, contenu et moyens mobilisés pour sa bonne mise en œuvre ?
  • Réponse du 28/10/2022
    • de TELLIER Céline
    En ce qui concerne les zoonoses en général, soit « les maladies infectieuses transmissibles à l'être humain par des animaux », une convention toujours en cours avec l’Université de Liège vise à permettre la réalisation d’études ciblées sur des rongeurs et des chiroptères en 2022. Ces taxons sont considérés comme des réservoirs potentiels d’agents pathogènes zoonotiques. En 2021, des études ont déjà été réalisées chez le hérisson (résultats imminents). En 2022, ces études visent le ragondin (Myocastor coypus, une espèce invasive), le rat musqué (Ondatra zibethicus) et le rat surmulot (Rattus norvegicus). Y seront concernés les bactéries du genre Leptospira, le protozoaire Toxoplasma gondii, l’hantavirus et le parasite Echinoccocus mutilocularis. La présence de ce dernier ayant été déjà identifiée dans les populations de renard présentes sur notre territoire et celles de rat musqué.

    En ce qui concerne les chauves-souris (24 espèces actuellement recensées en Belgique), il s’agira d'inventorier les virus potentiellement à risque pour la santé humaine/animale et qui sont hébergés au sein des populations présentes en Wallonie.

    En outre, des études de suivi plus générales sont également prévues au niveau de la faune sauvage. Elles visent à détecter de nouvelles maladies émergentes et à étudier la prévalence de certains agents pathogènes circulant de manière endémique au sein des populations d’animaux sauvages en Wallonie.

    Pour ce qui est d’un « système de surveillance des déplacements de certaines espèces d'insectes » lié au risque de voir se propager des maladies infectieuses, le seul ayant été mis en place à ce jour concerne la surveillance des espèces de moustiques exotiques ; à savoir, le projet « MEMO+ ». Ce projet, coordonné par Sciensano, comprend à la fois la surveillance active de points d’entrée pré-identifiés sur le territoire belge et une surveillance passive basée sur le principe de science citoyenne. Une plateforme web permet de centraliser les signalements de moustiques et des investigations de terrains sont menées après que les animaux ont été identifiés comme appartenant bien à une espèce invasive. Cette surveillance n’implique toutefois pas pour l’instant la détection d’éventuel pathogène.

    Pour ce qui concerne les tiques, Sciensano gère depuis plusieurs années déjà la plateforme web TiquesNet/TekenNet permettant aux citoyens de signaler les piqures de tiques tout en leur donnant la possibilité de leur envoyer le spécimen pour analyse des pathogènes présents.

    Pour ce qui est de l’évolution des populations de tiques, l’humidité favorise leur propagation et leur multiplication, contrairement à un temps plus sec. L’année 2022 s’est caractérisée par un climat fort sec durant les mois de mars, d’avril et la première quinzaine de mai (situation critique de sécheresse ayant impacté les cultures). La pluie s’est avérée abondante entre le 16 au 31 mai (68,4 mm de précipitations alors que la normale est de 34,6 mm). L'été 2022 (entre juin et août) a été marqué par plusieurs canicules et une grave sécheresse, comme cela a été le cas pour toute l’Europe.

    Les conditions climatiques générales auxquelles nous avons été confrontés ne se sont donc pas avérées idéales pour les populations de tiques. Toutefois, il convient de rester prudent et d’attendre le rapport de TiquesNet pour 2022. Dans son dernier rapport en date correspondant à l’année 2021, Sciensano indiquait que les résultats enregistrés en 2021 étaient similaires aux résultats moyens de la période 2016-2019.

    En 2020, une augmentation des morsures de tiques avait néanmoins été observée. Les résultats de TiquesNet étant influencés aussi bien par le comportement des gens que par la présence et l’activité des tiques, cette augmentation pourrait être une conséquence de l'épidémie de COVID-19 et des changements de comportement de la population qui s’était retrouvée en vacances dans son propre pays, et avec plus de loisirs dans la nature. Cela reste naturellement à ce stade une hypothèse, les tendances ne se dessinant qu’au fil des ans.

    Au niveau des actions « tiques » prises au niveau régional, des panneaux d’information ont été distribués au niveau des communes forestières pour être apposés aux endroits stratégiques déterminés par le Département de la Nature et des Forêts (DNF). Ces endroits se trouvent ainsi aussi bien en forêts communales qu’en forêts domaniales. Au niveau du DEMNA/CPES, des discussions sont en cours en vue de relancer des actions de prévention tels qu’il en a déjà existé dans le passé. Des outils de communications pourraient être préparés début de l’année 2023 pour faire l’objet d’une campagne orientée « grand public » au printemps.

    Enfin, l’adaptation aux effets du changement climatique sur la santé en Belgique est un des thèmes envisagés dans l’élaboration concertée du troisième Plan national environnement-santé (NEHAP 3).