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Les risques extrêmes de stress thermique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 47 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 21/09/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le changement climatique est à l'origine de vagues de chaleur et d'autres phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde entier. Cette année, les vagues de chaleur, de l'Inde à l'Europe, ont indécemment affecté le rendement des cultures.

    Selon une récente étude du cabinet britannique d'analyse du risque Verisk Maplecroft, près des trois quarts de la production alimentaire mondiale actuelle seront confrontés à des risques extrêmes de stress thermique d'ici 2045, ce qui mettra en péril la santé des travailleurs en plein air et menacera l'approvisionnement mondial en cultures essentielles.

    Selon la même étude, si l'on compare les classements dans les conditions climatiques actuelles et futures, l'Europe compte 7 des 10 pays qui connaîtront la plus forte augmentation du risque d'ici le milieu du siècle. Les extrêmes climatiques pourraient entraîner des conséquences sur la productivité et affecter par ricochet les grands équilibres économiques de certains pays, déclenchant des crises aux conséquences possibles sur la stabilité sociopolitique.

    Méfions-nous. La vague de chaleur estivale en Europe ne passe pas inaperçue. Serait-elle un avertissement pour le prochain cycle de catastrophe ? N'oublions pas que nos voisins anglais, français, et espagnols ont été sévèrement touchés avec des incendies dévastateurs. Face à cette étude, le Gouvernement wallon devrait prendre conscience de l'urgence d'anticiper les risques climatiques de manière efficace et constructive, avec une planification de sa capacité de résilience.

    Quelles sont les mesures en place pour faire face aux risques climatiques tels que le stress thermique et/ou de potentiels incendies de forêt ?

    Mise à part la création de parcs en milieu urbain, est-ce que le Gouvernement pense à pousser la réflexion plus loin au vu des catastrophes climatiques qui ne cessent de surgir ?

    Y a-t-il eu des concertations avec le Ministre de l'Agriculture et la Ministre de l'Environnement sur le sujet ?
    Si oui, quels en sont les résultats ?
  • Réponse du 13/10/2022
    • de HENRY Philippe
    Le Gouvernement wallon n’a pas attendu la sévère sécheresse de cet été ni même les catastrophiques inondations de l’été passé pour réfléchir à la mise en place de politiques et d’actions d’adaptation aux changements climatiques.

    L’honorable membre n’est pas sans savoir qu’une « stratégie intégrale sècheresse » a été validée par le Gouvernement wallon à la mi-juillet 2021. Depuis 2015 la Wallonie a connu 6 années de sécheresse et un épisode extrême d’inondation. Avec ma collègue la Ministre de l’Environnement et avec nos administrations nous travaillons de manière intense sur l’identification des vulnérabilités, sur la résilience et sur l’adaptation aux impacts des sècheresses de manière holistique.

    Le Plan wallon Air-Climat-Energie, qui existe depuis 2016 comprend une section adaptation. Cette section du PACE 2012-16 fut construite sur base d’une étude de vulnérabilité du territoire aux impacts des changements climatiques. Cette étude avait identifié et évalué les risques et avait également proposé une série de recommandations pour de potentielles mesures d’adaptation. Ces recommandations se retrouvent en partie dans ce premier plan air-climat-énergie.

    Une étape importante a été accomplie à travers la réalisation, par la Plateforme wallonne pour le GIEC, d’un rapport préliminaire « Diagnostic de vulnérabilités. Augmenter la résilience wallonne à travers l’adaptation au dérèglement climatique. Scénarios, impacts et mesures » (Rapport T0) présenté au Gouvernement wallon en juin 2022.

    Pour rappel, le rapport visait à réaliser des recommandations pour la réalisation d’une étude pluridisciplinaire sur l’adaptation, véritable réflexion intégrée permettant de dégager des réponses aux nouveaux risques à court, moyen et long terme et en parallèle orienter sur base de critères scientifiques pertinents les «aides adaptation ».

    Afin de poursuivre la mise en œuvre de ces travaux un budget de 2 millions d’euros a été réservé dans le cadre du projet 317 du Plan de relance pour cette étude dont le cahier des charges est à ce précis moment à l’inspection de finances et devrait être publié dans les jours à venir.

    À côté de cela, comme l’honorable membre le mentionne, les appels à projet en cours ‘Adaptation – Végétalisation’ (parcs urbains, renforcement des maillages bleu et vert, végétalisation d’un quartier) ont pour objectif de mettre en œuvre des actions pour s’adapter aux impacts des changements climatiques (vagues de chaleur, stress thermique, inondations, sécheresses …). Ces appels à projets sont pilotés en étroite collaboration avec ma Collègue Ministre de l’Environnement.

    La Wallonie participe à l’appel « Mission Adaptation to Climate Change du programme cadre de recherche et d’innovation « Horizon Europe » pour les années 2021-2027. L’AwAC pilote ce projet et une collaboration étroite a été mise en place avec le SPW EER. Cette Mission permettra d’apporter des solutions concrètes à nos plus grands défis en termes d’adaptation aux changements climatiques. La Mission aura un impact en confiant un nouveau rôle à la recherche et à l’innovation en les associant à de nouvelles formes de gouvernance et de collaboration, ainsi qu’en faisant participer les citoyens.

    Le nouveau Plan Air Climat Energie PACE 2030 est actuellement en cours de discussion au sein du Gouvernement. Il présente un volet Adaptation particulièrement ambitieux qui reprend les recommandations générales élaborées par le Groupe de Travail II du GIEC et les conseils spécifiques signalés dans le rapport de la Plateforme wallonne pour le GIEC. J’ai voulu élaborer ce plan dans une démarche de co-construction en faisant place à l’apprentissage et à l’intelligence collective. Il me semble essentiel de rendre notre démocratie plus participative car seulement de manière collective on pourra définir des valeurs nouvelles pour la société et proposer éventuellement de mesures basculantes, difficiles, mais plus impactantes.

    Afin de renforcer les politiques d’adaptation face aux changements climatiques, la seule démarche régionale n’est pas suffisante. Les mesures régionales ne peuvent être efficaces que si elles sont complétées par une approche locale et le développement de projets concrets qui permettent de rencontrer l’objectif de cette politique. La participation forte et collaborative des autorités communales est donc déterminante face à ce défi d’envergure.

    C’est pour assurer cette démarche qu’un soutien régional pour l’ensemble des communes wallonnes se doit d’être instauré en vue de mettre en œuvre ou de renforcer la mise en œuvre de projets soutenant l’adaptation de nos communes afin de limiter les dommages dus aux risques naturels liés aux changements climatiques et d’en réduire les conséquences négatives.

    Avec ma collègue la Ministre Tellier, nos administrations préparent un important volet d’aides pour l’adaptation. L’objectif de ces « aides adaptation » est donc la mise en œuvre de projets concrets d’adaptation durant les trois prochaines années sur l’ensemble du territoire wallon. On reviendra certainement sur ce volet dans les semaines à venir.