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Les difficultés de recrutement de personnel qualifié dans le secteur du grand handicap

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 24 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 21/09/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    L'Institut royal pour sourds et aveugles, Irsa, institution qui propose à Uccle, les services les plus complets autour des personnes extraordinaires, accueille plus d'un millier de « bénéficiaires ». Elle cherche à renforcer ses équipes, ce n'est manifestement pas facile.

    Selon Rose Romain, directrice de l'Irsa, l'institut manque d'éducateurs, de médecins, d'infirmières ainsi que de quelques enseignants depuis janvier 2022. Outre les équipes à renforcer, l'institution est impactée par la problématique du manque de chauffeurs pour le transport scolaire de jeunes handicapés. « Nous l'avons fait savoir, mais nous recevons peu de réponses. En ce qui nous concerne, une société qui va sacrifier ses membres les plus fragiles n'est pas une société dans laquelle les acteurs de l'Irsa veulent vivre. ». Selon elle, le monde du grand handicap n'attire manifestement pas : « nous avons cherché via les canaux classiques, les réseaux sociaux, en utilisant les agendas personnels et en lançant des bouteilles à la mer tous azimuts. Il y a urgence pour les personnes en situation de fragilité à l'Irsa et pour leurs familles.

    Ne pas connaître la langue des signes serait-il un obstacle ? Rose Romain répond, dans l'interview qui lui est consacrée, qu'en partenariat avec l'UCL, l'Irsa propose un catalogue de formations gratuites dans lequel on retrouve des cours d'apprentissage à la langue signée et, de manière plus générale, d'approche des communautés sensoriellement différentes.

    Madame la Ministre a-t-elle la même analyse concernant les emplois liés au grand handicap en Wallonie ? Quelles en seraient les raisons ?

    En tant que Ministre de l'Emploi, quelles sont les actions possibles pour booster les réponses aux offres d'emploi dans le secteur du grand handicap ?

    Existe-t-il des formations offertes afin de se spécialiser dans ce domaine, tel que la formation en langue des signes ?

    Ne serait-ce pas un tremplin pour les personnes en situation de handicap de pouvoir travailler dans ce secteur vu les compétences qu'elles ont pu développer en vivant leur parcours ?

    Il existe un site web Wheelit.be, géré par le privé, à destination des employés et employeurs et qui cible les personnes en situation de handicap. Que pense-t-elle de cette idée ?
  • Réponse du 20/12/2022
    • de MORREALE Christie
    Il existe effectivement un site Internet qui propose des offres d’emploi exclusivement réservées aux personnes en situation de handicap (www.wheelit.be). L’AViQ diffuse également sur son site Internet des offres d’emploi émanant d’entreprises « ouvertes à l’embauche de travailleurs en situation de handicap ».

    Diverses associations font de même. Pour ces différentes situations, cela ne signifie pas que les offres soient réservées aux personnes en situation de handicap. J’attire l’attention de l’honorable membre sur le fait que les actions menées par les pouvoirs publics visent à rendre l’emploi accessible à tous, personnes en situation de handicap comprises, plutôt que de promouvoir la réservation de certains emplois aux personnes en situation de handicap. Une telle réservation pose problème en termes de discrimination – même « positive ».

    Je suis persuadée que les personnes en situation de handicap ont des compétences à faire valoir sur le marché du travail et notamment dans le secteur d’activité de l’aide aux personnes. Elles doivent pouvoir accéder aux emplois proposés par les employeurs en étant accompagnées si nécessaire dans l’ajustement de leurs situations de travail par des services tels que ceux de l’AViQ.

    En ce qui concerne le secteur de l’accueil-hébergement des personnes en situation de handicap en Wallonie, des inquiétudes et des constats identiques me remontent du terrain. Les causes en sont probablement multiples : en effet, la gestion de la crise covid a été très éprouvante et a généré des remises en question par rapport à leur réorientation professionnelle chez toute une série de membres du personnel des services.

    Par ailleurs, d’autres secteurs sont plus attractifs en termes de salaires pour certains profils de fonctions ; c’est pourquoi des services font parfois face à des départs de leur personnel vers ces secteurs plus attractifs.

    En outre, il semblerait que le travail dans le secteur est souvent ressenti comme plus lourd que par le passé eu égard, d’une part, aux situations de handicap de plus en plus complexes et d’autre part, à la responsabilité qui semble peser davantage sur les services eux-mêmes compte tenu du désinvestissement constaté de plus en plus de familles dans la situation de leur proche en situation de handicap. Ce désinvestissement étant souvent lié à la précarité sociale.

    Bref, le métier est aujourd’hui vécu par nombre de professionnels comme plus pénible qu’auparavant ; les burnout liés au covid ont conduit toute une série de personnes à réorienter leur carrière. Le secteur semble ne pas suffisamment attirer les jeunes travailleurs qui lui préfèrent d’autres opportunités professionnelles.

    Ainsi que l’honorable membre le sait, j’ai dégagé des moyens considérables dans le cadre de l’accord non-marchand 2021-2024 (100 millions d’euros en 2021, 150 millions d’euros en 2022, 200 millions d’euros en 2023 et 260 millions d’euros à partir de 2024). J’ai souhaité baliser un certain nombre de mesures visant à rencontrer, du moins en partie les problématiques qu’elle évoque, en l’occurrence revaloriser le personnel et améliorer leurs conditions de travail notamment en allégeant la charge de travail par des engagements complémentaires. Cela permettra également de susciter de nouvelles vocations notamment chez les jeunes.

    Pour le secteur de l’accueil, de l’hébergement et de l’aide en milieu de vie l’enveloppe budgétaire s’élève à environ 30 millions d’euros.