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Les violences sexuelles à l'égard des personnes âgées

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 25 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 21/09/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Une étude menée par les universités de Gand et de Liège, l'Institut national de criminalistique et de criminologie, et des collaborateurs experts internationaux affirment que 8,4 % des personnes âgées de plus de 70 ans ont subi des violences sexuelles au cours des 12 derniers mois. Et sur l'échelle d'une vie, le chiffre monte jusqu'à 44 %.

    7 % de l'échantillon ont indiqué avoir subi des violences sexuelles sans contacts physiques (agressions verbales, via réseaux sociaux, exhibitionnisme, …), 2,5 % ont été victimes de violences sexuelles avec des contacts physiques et 0,6 % de (tentatives de) viols. 60 % des personnes connaissaient leur agresseur : partenaire ou ex-partenaire, ami, connaissance… L'agresseur le plus fréquent a la cinquantaine. Et, pour 12 % des personnes sondées, il était une figure d'autorité, donc du personnel de la maison de repos, un soignant ou autre. « J'ai essentiellement rencontré deux cas de figure jusqu'ici, explique Samuel Leistedt, psychiatre médico-légal, anthropologue médical et professeur à l'ULB et à l'UMons. Des viols commis par des gérontophiles. L'autre cas de figure pointe des profils plus âgés. On parle ici de viol opportuniste. En général, je les considère comme responsables de leurs actes. Les auteurs savent qu'ils ont cette déviance et distinguent le bien du mal ».

    Selon l'étude, la victime âgée franchira peut-être moins le cap du dépôt de plainte ou ne se rendra-t-elle pas compte du mal qu'on vient de lui faire en raison de sa démence. S'il y a malgré tout accusation, l'auteur avancera facilement que sa victime a des absences, une perte de mémoire ou une démence.

    Madame la Ministre a-t-elle eu connaissance de cette étude ? Quelle est son analyse ?

    Quelles sont les actions préconisées pour prévenir et écouter les victimes ?

    Les personnes les encadrant dans les maisons de repos, les infirmiers, les médecins généralistes sont-ils formés pour les soutenir lors de ces violences ?

    Prévoit-elle une campagne de sensibilisation sur le sujet ?
  • Réponse du 08/11/2022
    • de MORREALE Christie
    J’ai été récemment interpellée concernant les chiffres révélés par l’étude des Universités de Liège et de Gand, l'Institut national de criminalistique et de criminologie ainsi que des collaborateurs experts internationaux.

    En effet, Madame la Députée Véronique Durenne en date du 13 septembre 2022 m’avait interrogée concernant les actions du Gouvernement entreprises afin de diminuer les chiffres liés aux violences sexuelles dans les maisons de repos.

    À ma demande, des travaux de groupe « Bientraitance en MR.S» ont été mis en place. Leur objectif est d’améliorer la bientraitance dans les établissements pour aînés. Ce projet est soutenu par l’Unité de la sénescence du Département de psychologie de l’U-Liège. Respect Seniors -Agence de lutte contre la maltraitance- et des associations comme Sénoah, le Bien Vieillir ou encore le Gang des Vieux en Colère sont membres du comité d’accompagnement.

    Comme déjà exposé, le comité d’accompagnement a décidé de mettre en place trois actions :
    - premièrement, créer un canevas d’autoévaluation de la satisfaction des résidents en MR.S ;
    - deuxièmement, réaliser des capsules de sensibilisation à la bientraitance, qui ;
    - troisièmement, seront accompagnées d’une brochure d’information et de sensibilisation aux approches non médicamenteuses et non contraignantes.

    La question des violences sexuelles en MR.S a été récemment abordée. Les experts de ce groupe de travail souhaitent ainsi travailler sur la prévention des violences sexuelles et plus largement du respect de l’intimité de la personne âgée. Les directions seront ainsi amenées à évaluer ce taux d’incidence.

    Le personnel des MR.S bénéficie de formations spécifiques consacrées à la vie relationnelle, affective et sexuelle des aînés.

    Au niveau de l’Agence, celle-ci organise, en collaboration avec Respect Seniors et Aditi, une journée de formation, le 16 novembre prochain, consacrée au droit à l’intimité de nos aînés. Cette journée sera l’occasion pour les responsables de MR.S de lever certains tabous, d’échanger des bonnes pratiques et de mieux comprendre comment intégrer durablement le droit de choisir, le droit à l’intimité et à la sexualité.

    L’Administration a également créé un site internet www.enviedamour.aviq.be qui reprend des ressources, informations et événements concernant la vie relationnelle, affective et sexuelle des seniors. Tous les 2 ans, sauf en 2020 en raison de la crise sanitaire, le salon enVIE d’amour est organisé à destination des professionnels, des seniors et des personnes en situation de handicap. Cette année, la vitrine enVIE d’amour de l’Agence était présente au salon autonomie à Namur Expo.

    Concernant les chiffres, les premiers résultats du rapport trisannuel 2022 dans les établissements d’hébergement et d’accueil pour aînés sont assez encourageants puisque ceux-ci montrent que 82 % du personnel des MR.S est formé à la thématique de la vie relationnelle, affective et sexuelle des aînés. 63 % des MR.S mettent en place des initiatives pour préserver l’intimité des résidents.