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Le phénomène de stress hydrique et le choix des essences arboricoles

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 36 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 21/09/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La sécheresse de cet été et, plus globalement, le réchauffement climatique ont un impact sur les plantations dans les parcs. Le stress hydrique peut causer la cassure de branches sur certains arbres et potentiellement blesser des passants, comme ce fut le cas à Liège cette semaine. Le phénomène se reproduira encore et s'intensifiera probablement.

    Les arbres à grand développement semblent être les premiers touchés par le stress hydrique en Wallonie. Certains spécialistes se sont déjà exprimés sur la problématique et ont tendance à conseiller la plantation d'autres essences plus résistantes, celles que l'on trouve habituellement autour du bassin méditerranéen. Sont concernés les parcs évidemment, mais aussi les alignements au long de nos routes.

    La Wallonie a-t-elle mis en place une réflexion sur la problématique ? Où en est-elle ?

    Est-ce que les grands projets de plantations actuels, notamment dans le cadre de « Yes we Plant », tiennent compte de cette malheureuse évolution ?

    Doit-on envisager un programme de remplacement hâtif des arbres actuels pour leur éviter le stress hydrique avec ses conséquences potentiellement fâcheuses ?
  • Réponse du 18/11/2022
    • de TELLIER Céline
    Les phénomènes climatiques extrêmes soumettent nos arbres à des contraintes auxquelles certaines essences ou certains sujets ont parfois difficile de faire face.

    Mes initiatives en la matière se tournent vers une démarche globale et donc vers le développement de milieux plus résilients afin de leur offrir un contexte qui leur permettra d’affronter ces amplitudes climatiques ou d’évoluer vers un nouvel équilibre écologique.

    Face au dérèglement climatique et au stress hydrique, la meilleure solution semble actuellement être la diversification des essences et de prêter une attention particulière au fait de mettre « le bon arbre au bon endroit », lui permettant ainsi d’être implanté dans un environnement local maximisant ses chances de survie.

    La diversification des plantations est également un axe de la campagne « Yes We Plant! » puisqu’une palette de 65 essences indigènes est mise à l’honneur afin de garantir d’une part l’adaptation locale au contexte de plantation et d’autre part une mixité suffisante pour offrir les meilleures garanties de maintien. De plus, la diversification est également un critère de subventionnement, puisque toute haie doit contenir au moins trois essences pour être subventionnée. Les conditions de plantation (période, paillage, arrosage …) représentent par ailleurs un facteur crucial pour la bonne installation des plantations ainsi que pour leur résistance face aux évènements climatiques extrêmes dans leur jeune âge.

    L’introduction d’essences exotiques ou méditerranéennes est possible même si elle n’est pas subventionnée dans le cas des projets de plantation soutenus par la Région wallonne. En effet, elle doit faire l’objet d’études approfondies et d’une surveillance rapprochée afin de s’assurer que celle-ci ne représente pas une menace pour notre biodiversité locale. Il apparait également que les essences provenant du bassin méditerranéen ne sont pas toujours adaptées à nos périodes de gel. De plus, nos essences régionales ont généralement de meilleures interactions avec notre faune indigène, surtout entomophile. La plus grande prudence reste donc de mise avant de proposer ces alternatives à notre flore régionale. Néanmoins, dans des milieux de plantation plus contraignants comme le milieu urbain, la plantation d’essence non indigène permet parfois une meilleure résistance de l’arbre face à la pollution et à des contraintes fortes au niveau racinaire.

    En ce qui concerne la politique de plantation le long des routes régionales, j’invite l’honorable membre à interpeller le Ministre Henry, compétent en la matière.

    Sans avoir de certitudes sur l’évolution du climat à moyen terme ni sur le comportement des essences présentes dans nos paysages face à celle-ci, il est dans tous les cas prématuré de procéder à un remplacement hâtif du patrimoine arboré en Wallonie. De jeunes plantations ne compensent en effet jamais les pertes occasionnées par la disparition d’un sujet de plusieurs dizaines d’années. De plus, les arbres les plus âgés ont généralement eu le temps de développer un système racinaire plus important, permettant ainsi une meilleure résistance face à la sécheresse.

    Si le stress hydrique peut effectivement fragiliser certains arbres, ceux-ci sont également une opportunité de rafraichir nos villes en période de canicule, période durant laquelle la santé des personnes les plus fragiles est mise en danger. Liège l’a d’ailleurs bien compris en lancement son « Plan Canopée ». Une réflexion quant à l’aménagement de nos espaces publics est donc essentielle afin de permettre une bonne cohabitation entre les hommes et les arbres.

    Il est donc essentiel de conserver notre patrimoine arboré, tout en venant le compléter de nouvelles plantations, qui pourront prendre le relais.