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La production de gaz wallon

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 70 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 26/09/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Si l'on en croit un article récent dans Trends/Tendances, les trois unités de biométhanisation qui injectent du biogaz dans le réseau pourraient couvrir à court terme la moitié de la consommation des ménages et des PME en Wallonie. D'autres projets devraient démarrer dans les deux prochaines années à Mettet, Chièvres et Estinnes. Et c'est sans compter sur les plus petites unités, une quarantaine, qui, grâce à la cogénération, alimentent en électricité et chaleur des exploitations agricoles.

    Selon ValBiom, grâce à l'isolation et à d'autres mesures de réduction de notre dépendance au gaz, on pourrait aller au-delà des 50 % de biométhane sur le réseau tout en dégageant huit fois moins de CO2 que le gaz naturel. Même chez ORES, on juge cette technologie mature. Quand on lit tout cela, on se demande pourquoi n'investissons-nous pas plus dans cette voie.

    Comment Monsieur le Ministre soutient-il ce secteur aujourd'hui ?

    Pousse-t-il les gestionnaires de réseaux à adapter leurs installations pour l'injection du biogaz ?

    Quels moyens ont été et seront déployés par la Wallonie pour soutenir cette technologie d'avenir ?

    Y a-t-il une coordination entre son administration et celles des Ministres Tellier et Borsus également compétents ? Comment s'organise-t-elle ?
  • Réponse du 28/11/2022
    • de HENRY Philippe
    À l’heure actuelle, les trois sites d’injection de biométhane en Wallonie produisent environ 150 GWh de biométhane par an. D’après le bilan énergétique global de la Wallonie en 2019 publié sur le site de l’Administration, 13 268 GWh de gaz naturel étaient consommés pour le logement et le secteur tertiaire. La production actuelle de biométhane actuelle est donc très loin de pouvoir couvrir la consommation de gaz naturel des ménages et des PME en Wallonie.

    Par ailleurs, d’après une étude de Valbiom, le potentiel réaliste pour la production de biogaz en Wallonie s’élève à environ 8250 GWh. Toujours d’après cette étude, deux tiers de ce potentiel pourrait être injectés dans le réseau existant de gaz naturel. En réduisant notre dépendance au gaz naturel, le biométhane pourrait donc bien représenter plus de 50 % de la consommation de gaz sur le réseau de distribution.

    Actuellement, seul un mécanisme au champ d’application réduit permet de soutenir la production de biométhane. Celui-ci permet de valoriser l’injection de biométhane dans des cogénérations fossiles pour verdir leur production d’électricité et de chaleur via l’émission de certificats verts spécifiques. Certains consommateurs de gaz peuvent également valoriser l’utilisation de biométhane au travers de l’Emission Trading System (ETS). Cela passe cependant par l’utilisation de labels de garantie d’origine qui, selon le cadre légal actuel, ne peuvent être émises que pour la production de biométhane destinée à être valorisée dans une cogénération fossile. Le système actuel de soutien est donc très limité.

    Les gestionnaires de réseaux collaborent bien avec les porteurs de projet pour le raccordement de l’installation au réseau de gaz et sont responsables des cabines d’injection de biométhane.

    En revanche, la législation actuelle n’incite pas les gestionnaires de réseau à étendre le réseau pour rendre l’injection de biométhane possible dans des zones isolées.

    Pour les sites de production éloignés du réseau, la valorisation du biogaz directement sur site pour la production d’électricité et de chaleur est favorisée.

    Plusieurs possibilités s’offrent à la Wallonie pour soutenir cette technologie à l’avenir. Tout d’abord, le cadre légal doit être revu afin de permettre aux différents consommateurs de gaz d’acheter du biométhane. Actuellement, seules les cogénérations au gaz peuvent le faire et cela diversifierait les sources de revenus pour les producteurs de biométhane. Ensuite, il faut trouver une autre source de revenus que les certificats verts pour cette filière en développant un mécanisme de soutien spécifique à la production de gaz vert. Cela peut se faire via un système d’appel d’offres, via un “Contract for difference” ou encore via un mécanisme similaire aux certificats verts pour la production de gaz renouvelable.

    Enfin, il est également possible de soutenir la filière en rémunérant les externalités positives générées par la filière comme la création d’emplois locaux, la diminution du recours aux engrais minéraux via l’utilisation du digestat, la pérennisation des activités agricoles, la diminution des émissions de gaz à effet de serre, la production d’une énergie stockable, et cetera.

    La mise en place de ce type de soutien doit passer par une coordination entre les Administrations de mes Collègues, les Ministres Tellier, Borsus et moi-même.