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La communication précise des communes concernées par les avertissements de risque de crues

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 76 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 30/09/2022
    • de LIRADELFO Julien
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Lors de travaux de la Commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner les causes et d’évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie, plusieurs spécialistes ont pointé le manque de précision des avis donnant des avertissements de risque de crue. L'exemple régulièrement repris étant celui du sillon Sambre et Meuse qui délimite un immense territoire à l'intérieur duquel, finalement, les habitants ne savent pas s'ils sont eux-mêmes concernés.

    La Commission a recommandé d'organiser la communication par l'Institut royal météorologique de Belgique (IRM) au Service public de Wallonie (SPW) de la liste exacte des communes concernées par ses avertissements.

    Est-ce aujourd'hui le cas ?
    Sinon, pourquoi ?

    Et surtout, pourquoi cette information n'est toujours pas communiquée auprès du grand public qui n'arrive toujours pas à comprendre s'il est directement concerné par un avertissement IRM à l'heure actuelle ?

    Que va mettre en place Monsieur le Ministre pour permettre une information plus précise et donc plus utile pour les Wallonnes et les Wallons ?

    A-t-il prévu de centraliser les avertissements IRM et SPW dans un même endroit facile d'accès pour les autorités locales, la presse et la population directement ?
  • Réponse du 03/04/2023
    • de HENRY Philippe
    Tout d’abord, la question de l’honorable membre concerne à la fois les compétences de la Direction de la Gestion hydrologique (DGH) du SPW Mobilité et Infrastructures, sous mon autorité, et de l’Institut royal Météorologique (IRM) qui relève du Gouvernement fédéral. Ainsi, pour les points relatifs à l’IRM, ma réponse se basera sur les réponses qu’il a déjà adressées au Parlement fédéral.

    Il me semble premièrement utile de rappeler que l’IRM émet des avertissements de « pluies » intenses avec différents niveaux d’alarmes. Ce sont des avertissements « météorologiques » qui ne se traduisent pas nécessairement en risque d’inondations. En effet, l’estimation des risques de crue requiert un suivi hydrologique (niveau d’eau, débits…) qui est une compétence régionale.

    Par ailleurs, il est essentiel de se souvenir que les inondations sont principalement de deux types : les inondations par ruissellement et les inondations par débordement. Les premières résultent de pluies dites convectives, très intenses, localisées et de courte durée, majoritairement sous forme d’orages. Elles causent des inondations souvent extrêmement rapides : saturation du réseau d’égouts, débordement de fossés ou petits ruisseaux, et cetera. Par contre, les inondations par débordement de cours d’eau proviennent de pluies continues moins intenses, mais de longue durée et très étendues spatialement. Leur accumulation sature les cours d’eau qui peuvent ensuite déborder.

    Ce phénomène est plus ou moins lent selon la taille du bassin versant et leur temps de concentration. Dans des cas rares comme en juillet 2021, les deux types de pluies se combinent et créent des inondations catastrophiques avec une amplification probablement due au changement climatique.

    Les avertissements de pluies de l’IRM sont basés sur des critères de quantités, de durée et d’échelle spatiale des précipitations estimées par différents modèles de prévisions météorologiques et l’expertise des prévisionnistes. Actuellement, ces avertissements sont émis par provinces. L’IRM informe que des développements techniques et scientifiques sont encore nécessaires pour parvenir à affiner les outils et déterminer de manière précise les avertissements à l’échelle communale. C’est un objectif stratégique en météorologie pour les dix prochaines années. À l’heure actuelle et en l’état de l’art, vu les incertitudes, les avertissements ne peuvent donc descendre à l’échelle communale.

    Ces avertissements « pluies » sont interprétés par la Direction de la Gestion hydrologique en fonction des conditions hydrologiques observées (débits, état des sols…) et, le cas échéant, analysés dans la Celex (Cellule d’Expertise) réunissant l’IRM, la DGH, le Centre régional de Crise (CRC) et les gestionnaires concernés.

    S’il s’agit d’avertissements « pluies » à caractère convectif, type orage, la DGH ne peut être plus précise que l’échelle provinciale puisque l’incertitude météorologique est à cette échelle : la probabilité d’observer des pluies intenses est similaire dans toutes les communes de la province. Ce type de situation est celui qui a été le plus rencontré en Wallonie en 2022. S’il est compréhensible que les communes et riverains souhaitent une meilleure information des risques encourus dans ces situations, il faut constater qu’aujourd’hui, les outils météorologiques sont incapables d’être plus performants et d’anticiper les intensités et localisations précises des pluies convectives plusieurs heures à l’avance.

    Ces risques sont diffusés sur le portail hydrometrie.wallonie.be lancé en juillet dernier qui remplace l’ancien site Infocrue.wallonie.be.

    Dans les deux ans, la DGH et l’IRM envisagent de développer un outil spécifique d’annonce immédiat (dans l’heure) aux orages par commune accessible à tout un chacun.

    Quant aux impacts, il revient aux communes d’identifier leurs risques, notamment en liaison avec les axes de ruissellement préférentiels (cf. couche Lidaxes disponible sur le Géoportail WalOnMap).

    En ce qui concerne les avertissements « pluies » à caractère continu de l’IRM, leur impact est mesuré via les observations hydrologiques et anticipé au moyen des modèles de prévisions hydrologiques de la DGH.

    Lorsque les prévisions atteignent ou dépassent les seuils de pré-alerte ou d’alerte par ces outils et suivant l’expertise de l’agent de garde, des messages spécifiques sont adressés au CRC qui diffuse ensuite ces informations aux communes concernées.

    Ces messages sont aussi disponibles sur le portail hydrometrie.wallonie.be qui est donc bien le site de référence pour l’annonce de crues en Wallonie pour les autorités locales, la population et la presse.

    Ce portail est évolutif. Ainsi, les prévisions seront progressivement plus explicites, plus complètes et mieux illustrées, tout en sachant qu’elles seront toujours frappées d’incertitudes liées aux aléas météorologiques et hydrologiques. Par ailleurs, le lien avec les cartes d’inondations disponibles sur WalOnMap sera amélioré.

    Enfin, je rappelle que l’interprétation de ces alarmes et prévisions requiert également un travail important de préparation de la part des communes et une véritable prise de conscience, à tous niveaux, de la culture du risque.