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Le renforcement de l’équipe de l'ASBL "Un pass dans l’impasse"

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 36 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 30/09/2022
    • de LIRADELFO Julien
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Ce 15 septembre, le Gouvernement wallon a approuvé l'engagement de deux professionnels pour renforcer le centre « un pass dans l'impasse » pour faire face à l'augmentation importante de demandes.

    Madame la Ministre pourrait-elle me préciser cette augmentation ?

    Peut-elle me donner son évolution dans le temps et me dire si elle a des éléments d'explication de ce phénomène ?
  • Réponse du 18/11/2022
    • de MORREALE Christie
    Concernant la période du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2023, une subvention de 204 000 euros est prévue. Ce montant correspond au soutien de 3 ETP. Le même montant est envisagé pour 2023.

    Cette enveloppe vise à renforcer et soutenir les missions du service de prévention du suicide dans le contexte des retombées anxiogènes et malheureusement toujours présentes, de la crise sanitaire du Covid-19, à laquelle s’ajoutent les incertitudes liées à l’inflation et à l’augmentation des prix de l’énergie, qui a engendré et engendre toujours, chez une partie de la population, une exacerbation des difficultés psychologiques pouvant mener à des idées suicidaires ou des passages à l’acte.

    En complément à cette enveloppe, l’ASBL reçoit également 136 000 euros pour l’année 2022 dans le cadre du projet de soutien aux indépendants. Ce même montant est prévu pour l’année 2023. Cette enveloppe est prévue pour l’engagement de personnel supplémentaire destiné à apporter un soutien psychologique aux indépendants en détresse dans le contexte de crise sanitaire du Covid-19

    Dans le cadre de l’interpellation de l’honorable membre, j’en profite pour rappeler que l’ASBL dispose aussi d’une convention pluriannuelle allant du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2023 en tant que Centre de prévention du suicide et d’accompagnement. Via ses 8 antennes wallonnes, le centre de prévention du suicide et d’accompagnement de l’ASBL, appelé aussi CPSA, offre un lieu d’écoute aux personnes directement ou indirectement confrontées à la problématique du suicide, quel que soit leur âge (enfant, adolescent et adulte).

    L’objectif est que les personnes puissent exprimer leurs souffrances, trouver des ressources adéquates et prendre du recul afin de désamorcer l’état de crise dans lequel elles se trouvent. L’association sert aussi de relais afin d’orienter les personnes en difficulté vers des services appropriés à leurs besoins (centres hospitaliers, services de santé mentale, services d’assistance aux victimes, et cetera).

    Lors de l’année 2021, le CPSA d’Un pass dans l’impasse a reçu 429 nouveaux patients (soit un total de 4.177 patients depuis la création du Centre). L’ASBL a comptabilisé un total de 4 808 consultations, soit une augmentation de plus de 23 % comparé à 2020. Au total 561 patients ont bénéficié d’un suivi psychologique au cours de l’année 2021, soit une augmentation de plus de 22 % comparé à 2020. Un suivi psychologique en situation de crise suicidaire dure en moyenne 8 séances. En ce qui concerne les accompagnements au deuil après suicide, la durée du suivi est en moyenne légèrement plus courte.

    L’ASBL dispose également d’une reconnaissance en tant que centre de référence en santé mentale spécifique au suicide pour la période du 1er juillet 2022 au 30 juin 2026. L’ASBL a ainsi publié des recommandations par exemple à destination des médecins, des pharmaciens, des journalistes sur comment parler du suicide. L’ASBL aide également les professionnels via la promotion de formations, l’organisation de réunions de concertation, la diffusion de données spécialisées, et cetera. La formation des professionnels sur la prise en charge et la reconnaissance des signaux d’alerte en lien avec le risque suicidaire représente une part importante de la prévention. Pour rappel, les missions de ce centre de référence dépendent du Code wallon de l'action sociale et de la santé (CWASS) relatifs aux services de santé mentale et aux centres de références en santé mentale, notamment l'article 620 ; et des articles 1821 à 1826 du Code réglementaire wallon de l'action sociale et de la Santé sur les centres de référence en santé mentale.

    Face à l’ampleur de la problématique, l’ASBL Un pass dans l’impasse a décidé de répondre en mettant en place en octobre 2020, un dispositif unique et innovant consistant au recrutement de sentinelles en prévention du suicide. L’ASBL appelle désormais toute la population à agir en devenant une sentinelle en prévention du suicide avec une attention particulière pour les indépendants particulièrement touchés par la crise sanitaire et les inondations. La formation à suivre est simple, rapide, entièrement gratuite et à la portée de tous. Elle se donne en visioconférence par un psychologue de l'ASBL ou peut être suivie via de courtes vidéos consultables en ligne. Elle permet de découvrir les signes d'alerte pour détecter la détresse suicidaire, d'apprendre les mots à utiliser pour en discuter avec la personne en mal-être ou encore d'utiliser un formulaire qui permettra à tout moment de lancer une alerte auprès de l'ASBL. Ce projet spécifique est également soutenu par une subvention facultative.

    Aujourd’hui, nous comptons 689 sentinelles actives en Wallonie dont 417 en prévention du suicide et 272 spécifiques pour les entrepreneurs en détresse. De plus, nous comptabilisons 141 sentinelles supplémentaires inscrites dans le dispositif qui bénéficieront de la sensibilisation d’ici la fin de l’année 2022. 573 alertes ont, en outre, été émises par des sentinelles formées par Un pass dans l’impasse à détecter la détresse et à déclencher une alerte.

    Les objectifs du projet « Sentinelles en prévention du suicide » sont ceux poursuivis par le Plan wallon de Promotion et de Prévention de la Santé.

    Le premier objectif est de diminuer le taux de tentatives de suicide et le taux de décès par suicide de 10 % d’ici 2030 en suivant l’action 2.3.1 du Plan wallon de prévention et de promotion de la santé, qui consiste à « suivre les recommandations de l’OMS en ce qui concerne la sensibilisation de la population par rapport à la thématique du suicide (processus suicidaire, représentation, identification des signes avant-coureurs, déclencheurs et facteurs de risque/protection) ».

    Le second objectif consiste à détecter les personnes en détresse suicidaire, rendre plus accessible l’offre de soins et faciliter la recherche d’aide dans une démarche proactive d’amélioration de la santé mentale de la population.

    En ce qui concerne les différents aspects du second objectif du projet, les retours du terrain nous permettent d’avancer que le dispositif facilite la détection et l’orientation des personnes en détresse et, de la sorte, facilite l’accès au soin. Le dispositif permet également de soulager les personnes (les sentinelles) en contact avec le public cible et qui se sentent bien souvent stressées et démunies face à une telle problématique. Pour l’objectif premier, il n’y a pour l’heure pas suffisamment de recul.

    Ces stratégies de prévention font partie, j’en suis convaincue, des interventions pertinentes en matière de prévention du suicide.