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L'impact sonore des routes et autoroutes wallonnes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 99 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/10/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Une enquête citoyenne sur la perception de l'environnement sonore en Wallonie a été réalisée par Inter-Environnement Wallonie (IEW) et s'est déroulée d'octobre 2021 à janvier 2022. Elle a touché 1 289 personnes mises au fait de son existence par les réseaux sociaux d'associations mobilisées autour d'enjeux environnementaux et sanitaires, les mailings listes, la promotion d'IEW et les médias.

    La pollution sonore est dénoncée en priorité par les sondés juste après les autres enjeux environnementaux que sont le changement climatique, le déclin et la disparition des espèces, la pollution de l'air. Le principal coupable, c'est de l'avis d'une majorité de sondés le « trafic routier mixte » qui va et vient dans les rues des villes et des villages. Il impose aux quartiers et aux campagnes un bruit de fond permanent généré par les moteurs, mais plus encore par le frottement des pneus larges sur le bitume et le souffle engendré par la pénétration dans l'air des véhicules lourds. L'arrivée des SUV sur le marché a manifestement dopé ce dernier facteur. En Belgique, l'automobile a exposé plus de 2 millions de personnes à des niveaux sonores jugés néfastes pour la santé. Parmi eux, près de 660 600 Wallons (18,7 % de la population de la Région) sont exposés à plus de 55 dB(A) le long des axes routiers dont le trafic dépasse trois millions de véhicules par an, en ne considérant que cette seule source de bruit.

    Depuis l'année dernière, un projet pilote est mené sur le ring d'Anvers. Il est prévu que l'Agentschap Wegen en Verkeer (AWV) imprime des rainures longitudinales directement sur le revêtement. Les travaux s'inscrivent dans le cadre d'une étude qui porte sur l'utilisation de ce qu'on appelle la « Next Generation Concrete Surface » (NGCS), c'est-à-dire d'un béton fonctionnalisé à faible niveau de bruit. Cela contribue à réduire les frottements des pneumatiques à la surface et donc les bruits de roulement. La NGCS, qui est déjà largement utilisée en Allemagne, présente des avantages évidents par rapport aux murs antibruit, car la réduction peut se faire à la source. Selon, l'AWV, on peut s'attendre à une réduction de trois 1 à quatre décibels.

    Que pense Monsieur le Ministre de ce dispositif et envisage-t-il des projets identiques en Région wallonne ?

    Le Centre de recherches routières a-t-il étudié ce nouveau dispositif ?
    Si oui, quel est leur avis ?

    Quel est son plan d'action qui permettra de réduire les nuisances sonores des routes et des autoroutes wallonnes ?
  • Réponse du 08/11/2022
    • de HENRY Philippe
    Le Centre de recherches routières (CRR), a participé au projet flamand GHRANTE (2018-2022), qui étudie ce que l’on appelle la Next Generation Cement Concrete Surface (NGCS) dont l'objectif est de fournir un revêtement routier en béton, durable, avec une texture durable et peu bruyante.

    Les conclusions de cette recherche ne sont pas encore disponibles, car le rapport final du projet GHRANTE n’est, à ce jour, pas encore approuvé il est donc trop tôt pour se prononcer sur la réalisation de tels projets en Wallonie.

    Néanmoins, bien conscient de l’impact de la pollution sonore, le Service public de Wallonie envisage plusieurs pistes afin de réduire le bruit à la source soit par l’utilisation de surfaces moins bruyantes ou par l’amélioration du frottement des pneus. Des tests sur des revêtements moins bruyants sont par ailleurs en cours de réalisation sur le district autoroutier d’Awans.

    Actuellement, la Wallonie procède également, avec le Centre de recherches routières (CRR) à une cartographie des revêtements routiers afin de déterminer quels sont les revêtements les plus bruyants, et ce, suivant la méthode Close ProXimity (CPX).

    Cette méthode CPX est une méthode où le bruit pneu-revêtement est mesuré à l’aide de microphones placés près du pneu d’une roue qui roule sur un revêtement. Le but principal de la méthode CPX est d’évaluer tant la qualité acoustique que l’homogénéité d’un revêtement routier sur un trajet déterminé.

    Outre les revêtements et la qualité de celui-ci, le contrôle et l’amélioration des joints de dilation ainsi que l’utilisation de diffracteurs sont des pistes qui sont à l’étude, tout comme la diminution de la vitesse qui est une piste souvent utilisée en France lors de la traversée de zone plus urbanisée.

    Les diffracteurs sont une invention récente qui peut contribuer à réduire l’exposition des habitations situées à proximité d’axes routiers. Ils consistent en une série de fentes étroites de profondeurs variées, disposées parallèlement à l’axe de la route. Le bruit de la circulation qui se propage par le sol et passe sur le diffracteur en direction des maisons voisines fait vibrer l’air dans les fentes comme s’il s’agissait de longs tuyaux d’orgue plats. Les différentes fentes vibrent à des longueurs d’onde différentes et forment à leur tour des sources de bruit secondaires, dont le bruit dévie vers le haut le bruit excessif de la circulation. Il en résulte une réduction de l’exposition au bruit de la circulation au niveau des habitations.

    L’ensemble de ces dispositifs sont à l’étude au sein de la Direction des études environnementales et paysagères du Service public de Wallonie Mobilité et Infrastructures.