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L'utilisation des capteurs de glycémie pour perdre du poids

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 49 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/10/2022
    • de GALANT Jacqueline
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Certains influenceurs ont récemment partagé leur astuce douteuse et stupide pour ne pas grossir.

    Ils contrôleront leur consommation de sucre en se collant sur le bras des capteurs de glucose destinés aux diabétiques.

    Ces capteurs connectés permettent aux personnes diabétiques de surveiller leur taux de glycémie et d'adapter, en fonction, leurs injections d'insuline. Partiellement remboursables, ces appareils coûtent une cinquantaine d'euros et doivent être remplacés toutes les deux semaines.

    L'idée saugrenue des influenceurs pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les patients. Même si le risque est fort limité selon les associations, il pourrait y avoir pénurie de capteurs diabétiques si le phénomène des influenceurs se généralise.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de cette problématique ?

    Qu'en pense-t-elle ?

    A-t-elle l'intention de sensibiliser les jeunes sur les difficultés que connaissent les patients diabétiques ?

    Une pénurie de capteurs est-elle réellement possible ?
  • Réponse du 18/11/2022
    • de MORREALE Christie
    Selon Nadia Tubiana-Rufi et Patricia Sierra du service d’endocrinologie et de diabétologie à l’hôpital universitaire Robert-Debré à Paris concernant la place des nouvelles technologies dans le traitement de l’enfant atteint de diabète de type 1: « La mesure continue de la glycémie (MCG) en temps réel est une innovation technologique récente et marquante, possible depuis 10 ans, grâce au développement de capteurs de mesure du glucose interstitiel qui donnent aux patients diabétiques de type I un accès permanent aux valeurs de glucose et qui permettent de générer des alertes en cas d’hypo ou d’hyperglycémies. Plus récemment, les capteurs couplés à la pompe à insuline sont capables de « contrôler » la pompe pour éviter des hypoglycémies sévères ou profondes. Ce sont les prémices du pancréas artificiel qui est au stade d’essais cliniques à domicile chez les adultes et les enfants atteints de DT1 » (Tubiana-Rufi, N.; Sierra, P. (2016). La mesure continue du glucose chez l’enfant et l’adolescent. Médecine des Maladies Métaboliques, 10(7), 636–643. doi:10.1016/s1957-2557(16)30190-0).

    L’intérêt de l’utilisation de ces capteurs est donc indéniable à bien des égards. D’une part, il s’agit d’un système très simple et d’autre part, il est discret et permet de vivre une vie normale.

    Cependant, il est primordial que l’utilisation de cette technologie soit réservée aux personnes diabétiques. En effet, comme l’honorable membre, j’ai pu voir dans la presse certains articles faisant référence à quelques influenceurs qui inciteraient leurs « followers » à utiliser cette technologie, et cela est regrettable. Il convient de rappeler que ces dispositifs ont une triple valeur : diagnostique, thérapeutique et éducative. Une utilisation détournée ne peut être cautionnée.

    En outre, l’enfance est une compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Néanmoins, la Région wallonne met l’accent sur l’adoption de comportements propices à la santé au travers de la programmation du Plan wallon de promotion et de prévention de la santé adoptée le 1er septembre par le Gouvernement. L’axe 1 de cet outil promeut les modes de vie sains en favorisant l’activité physique, une alimentation saine, la diminution de la sédentarité, etc. Il est essentiel d’agir en amont sur les facteurs impactant les états de santé des populations.

    Ensuite, le nombre de personnes souffrant du diabète augmente considérablement dans le monde, en particulier sous l’influence de l’épidémie d’obésité qui est associée à un risque accru de diabète de type 2. Selon le Rapport mondial sur le diabète 2016 de l’OMS, le nombre de personnes atteintes de diabète dans le monde est passé de 108 millions à 422 millions entre 1980 et 2014 et est estimé avoir atteint le chiffre de 463 millions en 2019. La prévalence de la maladie a progressé durant la même période de 4,7 % à 8,5 %. Le diabète a causé 1,6 million de décès dans le monde en 2015, dont près de la moitié concernaient des personnes de moins de 70 ans.

    En Belgique, les chiffres du diabète sont limités et incomplets. Il n’est pas possible de déterminer le nombre exact de personnes souffrant du diabète, car il n’existe pas d’enregistrement systématique des cas diagnostiqués. D’après Sciensano, un adulte sur 10 souffre du diabète en Belgique, et ce pourcentage passe à 27 % parmi les personnes de 65 ans et plus. En outre, 5 % de la population adulte présente une glycémie élevée, c’est-à-dire un risque de développer un diabète à un moment ultérieur. Globalement, il y a près de 1 million de personnes en Belgique qui souffrent d’hyperglycémie (prédiabète et diabète), ce qui veut dire qu’elles bénéficient ou devraient bénéficier de la prévention et du traitement du diabète et de ses complications.

    Outre les souffrances pour les patients et leurs familles, la pathologie entraîne des coûts significatifs. Au total, les coûts de santé liés au diabète se sont élevés à 5,82 milliards d’euros pour le système de sécurité sociale belge en 2018. En dépit de l’absence d’un monitoring précis, la majeure partie de ce budget semble lié à la gestion des complications causées par le diabète, tandis que 6 % à peine sont liés aux coûts des médicaments destinés au traitement du diabète et de ses comorbidités.

    Un prérequis essentiel pour contenir l’épidémie de diabète consiste à soutenir des politiques appliquées largement, cohérentes et ambitieuses visant à améliorer le mode de vie de chacun, prévenant ainsi l’obésité et le diabète de type 2 ainsi que la survenue de complications liées au diabète en général. Il existe aujourd’hui bon nombre d’initiatives fragmentées, mais elles manquent de l’ambition nécessaire pour nous permettre de relever les défis existants. La responsabilité de changer nos modes de vie est globale et n’est pas le seul apanage des acteurs de la santé publique, dans une vision de Health in all Policies.

    Au vu de ces différentes informations, le diabète est de plus en plus présent dans notre société et une prise en charge globale doit être envisagée. Le recours aux nouvelles technologies comme les capteurs transdermiques en fait partie et doit être accessible aux personnes qui en ont besoin. Des médicaments tels que l’Ozempic font l’objet aussi d’une utilisation hors indication. L’AFMPS a décidé de rappeler d’ailleurs de réserver l’Ozempic aux personnes souffrant de diabète.