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Le bilan des diverses campagnes de lutte contre l’utilisation des pesticides

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 62 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/10/2022
    • de MAUEL Christine
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    À l'occasion du 60e anniversaire de Printemps silencieux, l'ONG Pesticide Action Network (Pan) Europe a publié un nouveau rapport. Selon les données gouvernementales analysées par l'association, les fruits d'automne sont fortement contaminés par la catégorie de pesticides la plus dangereuse.

    Ce rapport dévoile également que notre pays serait malheureusement particulièrement touché. En effet, c'est dans notre pays qu'ont été trouvées les poires les plus contaminées : 71 % d'entre elles l'étaient.

    Même si une certaine marge de sécurité existe entre les limites maximales et un éventuel risque pour la santé des consommateurs, ce chiffre interpelle. D'autant plus que la Wallonie se veut proactive depuis des années pour lutter contre l'utilisation des pesticides.

    Pour rappel, « Vers une Wallonie sans pesticides », créée en 2017, est une campagne qui vise à réunir les acteurs (agriculteurs, citoyens, ...) qui partagent la conviction d'aller vers une suppression des pesticides chimiques de synthèse en Wallonie.

    De plus, depuis 2008, notre Région organise une campagne de sensibilisation destinée à faire le point sur le danger des pesticides et à montrer qu'il existe des alternatives à leur utilisation. En 2017, elle est devenue le Printemps sans Pesticides, chaque édition a lieu du 20 mars au 20 juin.

    Madame la Ministre peut-elle nous communiquer un bref bilan de cette campagne qui a lieu chaque année ? Rencontre-t-elle un succès ?

    Après la sortie de ce nouveau rapport, que pourrait mettre en place la Wallonie pour réduire l'usage de pesticides dangereux sur les fruits d'automne ?

    Dispose-t-elle des chiffres pour la Wallonie ?

    La situation est-elle comparable au nord et au sud du pays ?
  • Réponse du 13/03/2023
    • de TELLIER Céline
    Je suis très sensible à la question de la lutte contre l’utilisation des pesticides et j’agis concrètement dans les compétences qui sont les miennes. Je rappelle toutefois que l’utilisation des pesticides est largement liée aux compétences agricoles. En effet, plus de 95 % des quantités vendues sont utilisées en agriculture. Il est donc nécessaire de questionner le modèle agricole actuel. Je ne doute pas que l’honorable membre interrogera le Ministre compétent à cet égard.

    La situation est très probablement comparable entre Flandre et en Wallonie pour le marché de l’exportation ; en effet, tous les fruits wallons passent via les coopérateurs et/ou exportateurs. Pour les autres voies d’écoulement des productions, il faut davantage nuancer, car il semblerait qu’une plus grande sensibilisation des producteurs soit réalisée en Wallonie par le GAWI via un accompagnement technique tout au long de la saison.

    En ce qui concerne la sensibilisation sur les dangers liés à l’utilisation des pesticides, l’ASBL Adalia 2.0 mène deux grandes campagnes de sensibilisation annuelles :
    - la campagne « Le Printemps Sans Pesticides » (PSP) (d’abord appelée « La Semaine Sans Pesticides ») est organisée depuis 2008 pendant tout le printemps afin d’informer les citoyens sur les dangers des pesticides et promouvoir des alternatives ;
    - la campagne « La Quinzaine des Abeilles et des Pollinisateurs » (QAP) est organisée depuis 2017 pendant 15 jours chaque année afin de sensibiliser le grand public à l’importance des insectes et des pollinisateurs, aux dangers auxquels ils sont confrontés, et à la manière de les protéger.

    En 2022, 324 actions ont été organisées par des acteurs de terrains dans le cadre de la campagne PSP (avec plusieurs passages en radio et autres médias en ligne de la RTBF). En 2023, les deux campagnes seront fusionnées afin de mutualiser ses ressources logistiques et renforcer ses campagnes de communication.

    En ce qui concerne la sensibilisation aux alternatives en cultures, la campagne « Vers une Wallonie sans pesticides… » de l’ASBL Nature & Progrès, lancée en 2017, est toujours en cours et fait le point successivement sur différentes cultures. Les résultats de la dernière campagne, portant cette fois sur les pommes de terre, sont attendus très prochainement. Le prochain volet de cette campagne (qui commencera a priori en juillet) portera justement sur les fruits.

    Par ailleurs, l’ASBL GAWI (Groupement des arboriculteurs wallons pratiquant les techniques Intégrées et Biologiques), qui fait partie du Centre pilote fruitier CePiFRUIT, propose :
    - d’étendre davantage les actions de sensibilisation et de conseil vers le secteur de l’arboriculture fruitière, de manière à couvrir 100 % de la profession et des superficies ;
    - d’organiser des séances de sensibilisation et d’informations plus théoriques (dans le cadre de la phytolicence, où seront à la fois présentés les aspects législatifs, mais aussi et surtout les solutions et les stratégies alternatives dans la pratique ainsi que leurs risques inhérents).

    Au-delà de la sensibilisation aux alternatives, le futur écorégime « Réduction des intrants chimiques » permettra très concrètement aux agriculteurs volontaires d’abandonner les pesticides « candidats à la substitution » (CfS) qui sont mentionnés dans le rapport de PAN Europe, tout en bénéficiant d’une compensation financière pour les pertes éventuelles.

    En ce qui concerne les chiffres sur l’utilisation en fruiticulture, il n’est à l’heure actuelle pas possible de déterminer les quantités totales utilisées par le secteur fruitier (ou d’un secteur particulier), la Région ne disposant pas encore d’une base de données informatique pour l’utilisation des pesticides. Il est en revanche connu que le secteur fruitier est parmi les secteurs qui utilisent le plus de produits à l’hectare (plus de 10 kg/ha) ; le travail sur les alternatives dans ces filières est dès lors tout à fait justifié et doit rester une priorité. Les bons exemples doivent par ailleurs continuer à être diffusés.

    Je continuerai à être attentive aux développements sur ce sujet, les pesticides étant une préoccupation importante pour moi.