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La politique de soutien pour le développement de l’hydrogène vert en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 101 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/10/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Dans le cadre de la transition énergétique, de Fit for 55 et REPowerEU, l'hydrogène représente un important vecteur et élément de compétition globale pour notre paysage énergétique. La Wallonie se doit d'être prête pour se positionner comme un acteur de premier plan sur cette thématique.

    Monsieur le Ministre a précédemment précisé que la Wallonie doit pouvoir être active sur l'aspect de l'importation à deux niveaux tels que l'assurance d'une production locale à partir d'énergies renouvelables, et la garantie pour l'industrie qu'elle pourra anticiper technologiquement la transition.

    Plusieurs projets sont actuellement en phase de lancement visant à doter notre Région de nouvelles capacités, notamment 5 projets en cours ou en phase de lancement. Ces projets visent le développement du transport routier et/ou fluvial, ainsi que la régulation du réseau via les mécanismes de flexibilité, pour un budget avoisinant les trente millions d'euros. D'autres projets sont en cours d'études.

    Il a aussi mentionné qu'il était en faveur d'une régulation électrique via des batteries ou des capacités de pompage hydraulique et un usage de l'hydrogène comme vecteur d'électrification. Le développement de cette énergie est onéreux et implique des risques, aux dépens des investissements et du coût de l'électricité.

    Quel est le stade actuel de développement des 5 projets sous sa responsabilité ?

    Quels sont les obstacles auxquels il fait face pour leur développement et leur pérennisation ?

    Quel est l'impact de la crise énergétique sur la politique wallonne vis-à-vis du développement de l'hydrogène vert et sa stratégie d'importation ?

    En lien avec le cadre européen, pourrait-il nous préciser les dernières évolutions de ce cadre légal et régulatoire ?

    Quelles sont les principales évolutions sur lesquelles notre Région doit se concentrer ?

    Y a-t-il des lacunes à combler en matière de cohérence, de fiabilité et de prévisibilité ?
  • Réponse du 08/11/2022
    • de HENRY Philippe
    À ce stade, l’avancement entre projets diffère d’un à l’autre.

    Pour commencer, le dossier historique que constitue HAYRPORT reste en suspens en la recherche d’une solution au problème de l’approvisionnement en électricité. Avec le coût de l’électricité tel qu’on le connaît aujourd’hui et une erreur de communication entre les autorités de l’aéroport et les promoteurs du projet sur le contrat d’énergie de l’aéroport en 2018 entrainent certaines insécurités sur le projet. Insécurités liées, aussi, aux épisodes successifs qui ont frappé la gouvernance de l’aéroport, ce qui n’a pas facilité le travail des promoteurs du projet.

    En ce qui concerne les quatre autres projets, ils sont actuellement en phase d’étude de faisabilité, étape prévue dans le planning et obligatoire pour que chaque projet puisse se voir réalisé dans de bonnes conditions. Ce sera d’autant plus essentiel pour les projets dépendant du réseau électrique.

    Deux projets doivent encore faire l’objet d’un arrêté du Gouvernement pour le volet de subsidiation, mais la phase d’étude a déjà été entamée pour respecter le timing.

    Plus globalement, l’impact de la crise énergétique actuelle doit être clairement évalué et sans donner de faux espoirs à ceux qui y voient une opportunité à moyen terme. Aujourd’hui, on a une forme de confirmation, par l’absurde que la filière hydrogène reste très fragile. En tout cas, dans un schéma « classique » de production. Et je ne parle ici, que du cas de l’électrolyse (avec le gaz, la crise énergétique rend également l’hydrogène gris hors de prix).

    L’hydrogène vert, produit dans le cadre d’une régulation du réseau, ne trouvera un intérêt supérieur que lorsque la part de renouvelable aura augmenté substantiellement, suffisamment en tout cas pour disposer de périodes où le stockage de l’électricité s’avèrera essentiel en offrant de l’hydrogène à un coût concurrentiel.

    Aujourd’hui, l’ambition européenne sur l’hydrogène est établie. Amitieuse, elle l’est, c’est clair. Réaliste ? Je le souhaite. Mais, pour y arriver, il faudra assurer un développement conséquent d’énergies renouvelables, mais également à développer des schémas d’importation d’hydrogène vert avec des pays surs où la ressource pourrait être abondante. Ce qui incitera des infrastructures d’approvisionnement colossales.

    Cela devra, aussi, se traduire dans la règlementation. Celle-ci sera établie dans le cadre du paquet gaz toujours en cours de négociation. C’est bien lorsque ce paquet sera approuvé et seulement à ce moment que nous saurons comment et vers où avancer. Anticiper les choix que prendrait l’Europe serait risquer de prendre les mauvaises décisions.

    Cette approche devra aussi se traduire par un véritable dialogue avec le Fédéral dont il est essentiel de rappeler qu’il détient également certaines clés de l’enjeu. Force est de constater la difficulté de trouver un fonctionnement optimal dans le cadre constitutionnel, mais je suis certain qu’avec nos amis flamands et bruxellois nous pourrons apporter une pièce substantielle à l’échelle du pays.

    Et notre pièce est substantielle. Nous avons des capacités d’accueil qui peuvent être envisagées en Wallonie. Je pense par exemple au Port de Liège, je pense aussi au Port autonome du Centre qui concentre de gros consommateurs de vecteurs hydrogénés. On pense à l’ammoniac par exemple.

    Nous avons également une gouvernance qui sera nécessairement à assumer, ne serait-ce qu’en cas de transport local sur un réseau de type distribution. Je rappelle que l’Europe ambitionne la production locale de 10 millions de tonnes d’hydrogène en 2030 et 10 millions en importation.

    Cette gouvernance devra donc s’articuler immanquablement, dans le long terme, dans un marché totalement intégré. On parle d’intégration institutionnelle, mais également dans les usages. En effet, si on se place exclusivement dans un contexte des conduites existantes et de leur réutilisation, il faudra clarifier les choses et les prioriser.

    Le réseau doit rester prioritairement utilisé à sa vocation première : transporter du gaz naturel ou du biométhane. Ce n’est pas un choix, ça reste une nécessité, surtout pour les conduites majeures. Après, ce sera une question de priorité puisque ces conduites pourraient transporter de l’hydrogène, mais aussi du CO². Et ce choix, plus libre, nécessitera clairement qu’il se fasse sans regret, car il n’y aura pas moyen de passer de l’un à l’autre en fonction de l’opportunité ou de l’opportunisme.