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Le dépistage des cancers en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 56 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/10/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La Commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, a présenté les nouvelles recommandations pour le dépistage des six cancers les plus répandus, représentant 55 % des cas et 50 % des décès en Europe. Des recommandations sont soumises à l'approbation des États membres en décembre, pour une mise en œuvre dès 2023.

    Le premier volet concernant le cancer du sein nécessitera une adaptation en Belgique, où le dépistage par mammographie est proposé aux femmes de 50 à 69 ans. Il faudra désormais le conseiller dès 45 ans et jusqu'à 74 ans.

    En ce qui concerne le dépistage du papillomavirus humain (HPV) qui peut causer le cancer du col de l'utérus, il est désormais préconisé pour les femmes de 30 à 65 ans, tous les cinq ans et en utilisant le test HPV plus efficace, à la place du test cytologique. Malgré les recommandations du KCE ou de la Fondation contre le cancer, ce test, qui coûte entre 10 et 50 euros, n'est toujours pas remboursé par l'Inami.

    Pour le cancer colorectal, les tests immunochimiques fécaux, permettant de détecter du sang occulte dans les selles, sont recommandés aux 50-74 ans.

    En outre, des dépistages systématiques du cancer du poumon devraient être proposés aux fumeurs et ex-fumeurs dès 50 ans, tandis qu'un test PSA pour la prostate sera recommandé jusqu'à 70 ans.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de nouvelles recommandations européennes ?

    Quelles conséquences auront-elles sur les dépistages en Région wallonne ?

    Quelles actions va-t-elle entreprendre pour mettre en œuvre ces recommandations ?

    Le Ministre fédéral de la Santé dit vouloir financer le test afin que ce dépistage puisse être effectué sur les femmes entre 30 et 65 ans, et demande aux États fédéraux de tout faire pour convaincre les femmes de se faire dépister. 60 % des femmes en Flandre se font actuellement dépister pour le cancer du col de l'utérus contre moins de 50 % des femmes en Wallonie. Que lui répond Madame la Ministre ?

    Compte-t-elle activer d'autres campagnes de dépistage du HPV ?

    Recommandera-t-elle le dépistage systématique du cancer du poumon aux fumeurs ou ciblera-t-on une population de fumeurs « à risque » ?

    Prévoit-elle de nouvelles campagnes de dépistage suivant les nouvelles recommandations ?

    Certains profils seront-ils automatiquement invités à se faire dépister en Wallonie, comme ils le sont en Flandre ?
  • Réponse du 08/11/2022 | Annexe [PDF]
    • de MORREALE Christie
    Les recommandations (https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_22_5562) européennes sont encore à l’état de proposition de décision entre les États membres. Elles font actuellement l’objet de discussions entre l’Autorité fédérale et les entités fédérées.

    Si elles sont adoptées telles que proposées, elles devraient permettre d’élargir la proposition de dépistage du cancer du col de l’utérus et du cancer du sein. En Wallonie, les cancers du colorectal et du sein font l’objet d’un programme de dépistage organisé. L’invitation à participer à ces deux dépistages organisés atteint déjà les 90 % préconisés selon les critères des anciennes recommandations UE de 2003. Les nouvelles propositions de recommandations devraient voir augmenter le nombre de personnes à inviter.

    La mise en place du dépistage du cancer du col de l’utérus a subi un ralentissement dû à la crise Covid. La réflexion et la préparation du développement du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus suivent leur cours. Nous sommes en relation avec les acteurs de terrain afin de pouvoir développer au mieux le programme de dépistage qui sera déployé sur tout le territoire de la Wallonie.

    Les actions à entreprendre vont dépendre des avis scientifiques indépendants et consensuels relatifs au dépistage de chacun des cancers concernés dans cette proposition. Les connaissances évoluent, les techniques de dépistage également. Le coût du dépistage (ressources à mobiliser, sécurité des nouvelles techniques, l’impact sur la santé mentale des personnes détectées à tort, et cetera) doit être compensé par les bénéfices attendus (soins plus précoces et moins invasifs, diminution de la mortalité due au cancer détecté, et cetera). C’est un exercice très compliqué, déjà pour les dépistages existants (sein, colorectal, et col de l’utérus), mais encore plus pour les nouveaux dépistages proposés par l’UE (poumon, estomac, prostate). Les actions porteront soit sur des dépistages organisés, soit sur une amélioration du diagnostic précoce et de son suivi par le système curatif. Il est trop tôt pour se prononcer.

    La proposition de financement du test par le fédéral fait actuellement l’objet de discussions entre le fédéral et les entités fédérées afin de progressivement passer, par étapes, à l’intégration du dépistage HPV pour le cancer du col de l’utérus. Dès qu’une décision validée en CIM santé ressortira, la communication en sera faite. Il n’est pas envisagé d’activer dès à présent des campagnes de dépistage HPV sans décision validée préalable.

    Je me permets cependant de corriger le taux de dépistage du col de l’utérus en Wallonie (voir p8 du rapport indicateur de qualité du dépistage du cancer du col de l’utérus en Wallonie en annexe) car selon le Registre belge du Cancer :

    « Le dépistage du cancer du col de l'utérus semble atteindre environ 60 % de la population-cible complète en 2017-2020 (cf. couverture ‘estimée’). Ce pourcentage augmente légèrement en 2019 (62 %). Une petite diminution est observée en 2020 (60%), qui pourrait être liée aux circonstances de la pandémie du COovid-19. Cette diminution apparaît parmi toutes les catégories d'âge. La différence entre 2020 et 2019 est la plus importante parmi les femmes âgées de 40-44 ans et 55-59 ans (-1,8 %), 35-39 ans, 45-49 ans et 60-64 ans (-1,7 %) et la plus faible parmi les femmes âgées de 25-29 ans (-1,1 %). Le taux de couverture est le plus élevé parmi les femmes âgées de 30-34 ans et 35-39 ans (environ 70 % et 69 % respectivement). Celui-ci diminue avec l’âge et atteint environ 42 % parmi les femmes âgées de 60-64 ans. Pour la tranche d’âge la plus jeune, 25-29 ans, le taux de couverture est d’environ 66 % ».

    Pour le dépistage du cancer du poumon, plusieurs facteurs sont à prendre en compte. De plus, il nous faudra considérer prioritairement l’avis scientifique qui devrait découler de l’UE. La première difficulté sera de repérer le public cible, a priori les fumeurs de longue durée (ex. 30 années) selon leur âge, mais aussi selon d’autres facteurs de risques comme une exposition à des agents favorisant le cancer du poumon ou des antécédents familiaux. La seconde difficulté réside dans le grand nombre de faux positifs résultant de l’imagerie (scanner) comme la découverte de nodules bénins. Et enfin, les risques liés aux examens diagnostics invasifs qui s’ensuivent (biopsie des nodules), ne sont pas anodins. Il faut donc attendre les conclusions des experts pour déterminer la meilleure marche à suivre : le dépistage ou le diagnostic précoce.

    Avant d’envisager d’autres initiatives, il convient que ces propositions de recommandations soient avalisées et que l’avis des experts, par type de cancer, permette de proposer des critères clairs de dépistage ou de diagnostic précoce, et surtout leurs modalités de suivi du patient dépisté comme ‘positif’.

    Il conviendra donc que l’AViQ s’entoure des avis experts pour que les actions entreprises soient proportionnées aux risques et évoluent en fonction de l’état de la connaissance et des savoirs.

    Quant à l’invitation automatique des publics, en Wallonie, les dépistages organisés c’est-à-dire ceux pour les cancers du sein et du colorectal, en font déjà l’objet conformément aux anciennes recommandations européennes. Pour le programme de dépistage du cancer du col de l’utérus, le processus est en cours. Pour les trois autres nouveaux cancers proposés, tout dépendra du résultat de l’examen des dossiers par les experts.