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L’arrivée de la société Synpet Technologies en Belgique et le potentiel du plastique 100 pour cent circulaire

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 68 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/10/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Synpet Technologies, une société turque, a réussi le pari de mettre au point un procédé permettant de recycler les déchets plastiques les plus sales pour en tirer du pétrole brut léger de type « naphta », du gaz naturel et du biochar. Ce procédé permettrait de produire ce pétrole au même prix que le pétrole d'origine fossile.

    Synpet Technologies a récemment annoncé sa décision de choisir notre pays avec l'ambition de s'y installer et de construire deux usines, une première à Genk, et une deuxième près de Liège.

    C'est une nouvelle qui peut s'avérer révolutionnaire pour l'économie circulaire. De plus, la Belgique a un coup à jouer.

    Madame la Ministre est-elle au courant de cette nouvelle concernant Synpet Technologies ?

    Est-ce qu'une concertation a eu lieu avec cette société concernant son implantation en Wallonie ? Existe-t-il un agenda ?

    Cette arrivée d'une société avec une technologie soi-disant révolutionnaire à Liège pourrait bel et bien changer la donne vis-à-vis de l'économie circulaire en Wallonie.

    Existe-t-il de possibles défis environnementaux à anticiper pour le futur aménagement de cette société à Liège en termes énergétiques et/ou climatiques ?

    Qu'en est-il de l'impact futur de cette société sur la gestion de déchets en Wallonie, et plus précisément dans la Province de Liège ?

    Est-ce que ce projet de société pourrait, selon elle, jouer un rôle concernant le cadre naissant du Conseil de l'Économie circulaire lancée en 2021 ?

    Quelles pourraient être les retombées économiques, environnementales, et sociales de cette implémentation ?

    Est-ce que des concertations ont été entreprises avec le Ministre Willy Borsus étant donné la dimension économique et avec le Ministre Philippe Henry concernant la dimension énergétique et climatique de cette future usine à Liège ?
  • Réponse du 26/01/2023
    • de TELLIER Céline
    Fin septembre 2021, mon Cabinet a longuement rencontré les représentants de la société SYNPET (Mrs Marc Noël et Ilyas Cern Ozsuer). Cette rencontre a permis de détailler les aspects techniques du projet et de clarifier les points les plus importants du projet d’installation de la technologie SYNPET en Région wallonne. Depuis cette rencontre, la société WOODROW S.A. a été constituée en octobre 2021, avec pour objectif d’absorber par augmentation de capital et apport en nature l’ensemble des actifs de SYNPET.

    Cette société holding chapeaute désormais toutes les activités liées au projet, en particulier l’installation d’une unité de conversion des matières plastiques (182 000 tonnes) en une mixture de produits pétroliers « synthétiques ». La technologie mise au point permet de convertir tout type de déchet contenant du carbone (déchets d’abattoir, hospitaliers, textiles, plastiques, ménagers, huile de vidanges, peintures, solvants…) sans combustion.

    L’unité pourra produire et exporter ± 20 MWe d’énergie verte issue de la conversion du gaz ultime de transformation des déchets. Elle produira au minimum 70 000 tonnes de produits pétroliers, qui seront exclusivement utilisés par des pétrochimistes pour la production de monomères (éthylène, propylène, butylène, styrènes…) à destination de la production de plastiques “qualité neuf” issus du recyclage.

    L’unité produira aussi un résidu sec composé principalement de carbone sous la forme de charbon pulvérulent. En fonction de sa composition et de sa qualité, il pourra être utilisé dans la production de plastiques noirs ou de pneus, ou alors servir d’apport « matières » et de calories en cimenterie.

    Un bilan carbone (CO2) du procédé a été réalisé par comparaison avec l’incinération. Même si l’on considère que le résidu solide est incinéré en cimenterie, chaque tonne de plastique entrant permet d’économiser les émissions de 1,95 tonne de CO2. Une analyse similaire a été effectuée pour les déchets ménagers par comparaison avec la mise en décharge, et le bilan carbone est quasi identique.

    Le rendement matière-énergie du procédé a été évalué à 82 %, ce qui constitue un des meilleurs rendements au monde pour ce type de conversion.

    Après cette rencontre, les porteurs du projet ont transmis à mon Cabinet une série de documents techniques et confidentiels démontrant tout l’intérêt et le bien-fondé de la technologie, tels que le certificat TÜV certifiant les résultats de la technologie.

    À ma connaissance, ils ont aussi pris contact avec mes collègues du Gouvernement Philippe Henry pour les aspects énergétiques et Willy Borsus pour les aspects industriels et économiques, en vue notamment de déposer un dossier de demande de subside à l’investissement. J’invite l’honorable membre à les interroger directement pour obtenir davantage de détails sur ces aspects particuliers.

    Le développement d’un nouvel outil permettant de contribuer à un traitement circulaire de déchets plastiques problématiques serait effectivement une excellente nouvelle. Néanmoins, il convient de pouvoir examiner attentivement les tenants et aboutissants du procédé concerné, son efficacité et ses impacts. Ceci nécessitera à tout le moins un dossier technique préparé par la société concernée. C’est la raison pour laquelle mon Cabinet a suggéré aux porteurs du projet de prendre contact avec les experts de mon Administration pour organiser une seconde réunion, afin de discuter notamment des incidences environnementales et de la sortie du statut de déchets de certains produits (huiles, noir de carbone, gaz ultimes…) issus du processus de conversion.

    À ce jour, aucun contact préalable n’a encore été établi avec la Direction des Infrastructures de gestion et de la Politique des Déchets et la Direction territoriale de Liège du Département des Permis et Autorisations du SPW ARNE.

    Une réunion de concertation permettrait de confirmer l’intérêt, la faisabilité et l’opportunité de soutenir ce nouveau projet, sur le plan environnemental, énergétique, social et de l’économie circulaire.