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L'avenir de certaines cultures face aux dérèglements climatiques

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 50 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/10/2022
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Ce jeudi 22 septembre se tenaient des auditions au sein de la Commission de l’environnement, de la nature et du bien-être animal sur le risque de sécheresse. La professeure en hydrologie et en physique des sols à la Faculté agronomique de Gembloux, Madame Aurore Degré, y a détaillé la menace très lourde qui pèse sur plusieurs grandes cultures en Wallonie, notamment les cultures de betteraves, de pommes de terre et de maïs.

    L'impact des dérèglements climatiques sur le déficit hydrique de ces cultures a été simulé sur la base d'un modèle climatique appelé modèle MARn sur une durée de 2021 à 2050. Tant la durée du déficit hydrique que la sévérité du stress hydrique augmentent pour toutes ces cultures et parfois de manière extrêmement importante. Les betteraves, pommes de terre et maïs sont tous fortement impactés.

    Les céréales, semées en hiver, ont un enracinement plus profond, sont plus résilients et s'en sortent nettement mieux.

    C'est un avenir très sombre pour un grand nombre de grandes cultures traditionnelles de Wallonie.

    Différents scénarios ont aussi été modélisés quant aux pratiques agricoles qui permettraient d'atténuer ces impacts, notamment l'agro-écologie pour protéger la qualité des sols (la clé de la rétention de l'eau étant la matière organique).

    Que fait Monsieur le Ministre pour prévenir et sensibiliser nos agriculteurs actifs dans ces grandes cultures?

    Comment les aider à s'adapter et à diversifier leurs cultures pour diversifier les risques?

    Quelles mesures la Wallonie prend-elle pour augmenter l'hydrologie régénérative , l'organisation de l'ensemble du parcellaire pour capter l'eau pluviale (en morcelant les parcelles par des haies, des fascines, et cetera)?

    L'irrigation, selon l'intervenante, ne sera pas une mesure durable étant donné les conflits d'usage à venir.
    Comment aborde-t-il cette problématique de l'irrigation?
  • Réponse du 17/10/2022
    • de BORSUS Willy
    L’administration wallonne sensibilise effectivement les producteurs à l’impact du changement climatique sur la pratique agricole. Pour les accompagner dans ce changement, mon administration a mis en place plusieurs outils, dont un nouveau site internet de vulgarisation concernant la sécheresse. Les premiers contenus proposés sont axés sur la production fourragère qui y est particulièrement sensible. Ce site est bien entendu alimenté de manière continue pour répondre au mieux aux interrogations de nos producteurs et les thématiques abordées vont s’enrichir au fil du temps.

    La Wallonie octroie également un subside aux centres pilotes, des associations spécialisées dans un secteur de production végétale précis (céréales, maïs, prairies, pommes de terre, cultures maraîchères, et cetera). Ces ASBL ont pour objectif commun d’accompagner les producteurs wallons dans la conduite de ces cultures, les aider à faire face aux nombreux défis, dont les effets du changement climatique. Il s’agit donc d’un outil très efficace pour diffuser les nouvelles connaissances et les bonnes pratiques.

    À côté des subventions octroyées aux centres de recherches tels que le CRAW, des subventions peuvent être octroyées à des producteurs qui souhaitent expérimenter de nouvelles pratiques culturales liées aux changements climatiques. Il s’agit des essais démonstratifs et des centres de recherche et d’expérimentation dont les thèmes d’expérimentation sont variés : cultures plus résilientes à la sécheresse, diversification, stockage des fourrages.

    Dans le cadre du plan stratégique de la PAC 2023-27, les mesures prévues pour limiter le risque d’érosion hydrique des sols ont pour la plupart un impact positif direct ou indirect sur le risque de sécheresse, en augmentant l’infiltration et la rétention de l’eau dans le sol (amélioration du taux de matière organique, découpage des parcelles avec alternance de cultures de printemps et d’hiver, etc.). La mesure « investissement non productif » prévoit, par ailleurs, des subsides permettant aux agriculteurs de réaliser certains aménagements tels que mares, noues, haies denses, fascines, et cetera, qui peuvent également contribuer à conserver l’eau sur le parcellaire agricole. À ces mesures relatives à l’érosion, on peut aussi citer les écorégimes suivants :
    - « couverture longue des sols », qui contribue à améliore la protection des sols, mais aussi l’apport d’humus ;
    - « cultures favorables à l’environnement » qui encourage à diversifier les cultures présentes sur l’exploitation.

    Enfin, en ce qui concerne l’irrigation, il est important que celle-ci soit réfléchie afin qu’elle puisse se faire de manière la plus efficace pour répondre au besoin des plantes tout en étant la plus économe en eau et en limitant les impacts sur la qualité des eaux souterraines sous-jacentes ou cours d’eau proches. De la sorte, elle pourra être envisagée de manière durable avec un moindre de risque de conflits des usages, dont il est très difficile de prédire aujourd’hui s’ils auront bien lieu dans les décennies à venir. L’administration vient de mettre en place un groupe de travail sur cette thématique. Actuellement, l’irrigation représente un volume annuel d’un peu plus de 1 million de m³ pour un volume d’eau déclarée et utilisée à des fins agricoles de près de 3 millions de m³, le solde étant essentiellement destiné à l’abreuvement du bétail. Pour rappel, les prélèvements en eau souterraine tous usages confondus sont de quelque 370 millions de m³, ce qui relativise l’importance du secteur agricole.