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L'envolée du prix du bois et du pellet

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 58 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/10/2022
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La crise de l'énergie touche aussi des combustibles tels que le bois ou le pellet. Ce sont des produits généralement stables et qui en principe, ne devraient être que très partiellement connectés aux prix pétroliers.

    Cependant, la stère de bois a progressé de 41%, passant de 85 à 120 euros (en bois durs : hêtre, chêne, charme, secs et recoupés en 33 ou 50 cm, hors livraison) entre janvier et septembre de cette année (suivant Valbiom). Selon d'autres sources, la hausse est encore plus importante avec une stère pouvant atteindre 140 euros (+ 70% en un an).

    Le pellet lui, a fait un bon de 120 % ! De 4,20 euros le sac de 15 kilos, il a dépassé les 10 euros.

    L'une des explications avancées est la hausse de la demande depuis la période du Covid-19, où de nombreux ménages se seraient équipés d'un poêle à bois ou à pellets, ce à quoi il convient d'ajouter un marché mondial en forte demande pour la ressource bois et bien sûr des coûts de transport plus élevés.

    Ces évolutions de marchés sont-elles suivies par les services de Monsieur le Ministre ? Et valident-ils les explications avancées ? Un effet de spéculation n'est-il pas aussi présent et comment y remédie-t-il ?

    Les ménages wallons n'ont aucune aide pour cette ressource alors que les détenteurs d'un chauffage au mazout reçoivent un chèque énergie. N'y a-t-il pas là un message public qui joue en défaveur d'une ressource plus durable (lorsqu'elle est produite localement) qu'un produit pétrolier ?

    Quelles mesures prend-il pour inciter les consommateurs à privilégier un bois bien sec ?

    Enfin, certaines arnaques ont vu le jour, comme des faux revendeurs qui empochent un acompte sans jamais livrer de bois.

    Quelles mesures prend-il contre ces arnaques et comment sensibilise-t-il les consommateurs face à ce risque ?
  • Réponse du 20/10/2022
    • de BORSUS Willy
    Les variations de prix des pellets et du bois-énergie sont suivies de près par les services de l’Office économique wallon du bois. Les raisons de ces augmentations sont identifiées et sont différentes pour les deux types de combustibles.

    L’augmentation des prix des pellets s’explique par les raisons suivantes : d’une part, une première cause directe est l’augmentation du prix des énergies pour la fabrication des pellets, leur conditionnement et leur transport qui est bien évidemment répercutée par les producteurs sur leur prix de vente. D’autre part, les pellets produits en Wallonie sont en large majorité issus de la valorisation de la sciure générée par les grosses scieries de résineux présentes sur le territoire wallon.

    À la suite d’une enquête menée par l’Office auprès des cinq plus gros producteurs wallons, on peut retirer les enseignements suivants :
    - la capacité de production de pellets en Wallonie est supérieure à 750 000 t/an. Les usines de production de pellets tournent cependant à plein régime et les stocks des cinq principaux producteurs sont vides. Ces derniers travaillent donc à flux tendu ;
    - le prix de la sciure de résineux, matière première pour la fabrication des pellets, est en augmentation. Toutefois nos producteurs locaux sont, pour les plus importants, des scieurs de résineux. Ils affirment qu’ils tournent encore tous en auto-approvisionnement ;
    - ils quantifient l’augmentation de la demande de pellets entre 15 et 50 %.

    Deux producteurs augmenteront leur capacité de production respectivement de 70 000 t/an et de 140 000 t/an, et ceci dès l’année prochaine.

    La demande de pellet est en forte augmentation pour une offre qui est malheureusement limitée aussi bien en Wallonie, qu’en Belgique ou en Europe. Cette augmentation de la demande s’explique par les raisons suivantes :

    1. Augmentation des installations de poêle et de chaudière à pellets (Évolution 2008 – 2022 (1er semestre) des prix des combustibles bois, Pierre-Louis Bombeck, Valbiom, Juillet 2022.). La redécouverte de leur intérieur à la suite de la crise du Covid, l’amplification du télétravail et le fait que cette énergie était peu chère et stable a fait que les particuliers se sont davantage dirigés vers de telles installations.

    2. Anticipation de l’approvisionnement de pellets par les particuliers (Évolution 2008 – 2022 (1er semestre) des prix des combustibles bois, Pierre-Louis Bombeck, Valbiom, Juillet 2022.). Les particuliers qui normalement s’approvisionnent en septembre-octobre pour l’hiver ont anticipé leur approvisionnement dès cet été.

    La demande de pellets augmente fortement et l’offre ne peut y répondre. Les stocks vides des producteurs et leur incapacité à augmenter de façon immédiate leur production entraînent une forte augmentation de prix. Les stocks vides des producteurs excluent sans doute un effet spéculatif significatif sur le prix des pellets.

    Concernant les bois-bûches l’année 2021, très pluvieuse, a vu une baisse du volume de bois exploité. Ceci s’est traduit alors par une baisse de la quantité de coproduits forestiers disponibles, rendant l’offre en bois de chauffage plus faible que la normale. Alors que les producteurs de bois-bûche entament normalement la saison de chauffe avec des stocks élevés, ceux-ci étaient cette année au plus bas alors que la demande arrivait dans sa phase d’augmentation saisonnière. Une offre faible rencontrant une forte demande tire inévitablement les prix vers le haut. Cette augmentation a encore été accentuée par la hausse des prix des arbres sur pieds, surtout concernant les feuillus. Un chêne destiné au sciage coutant plus cher, cette hausse de prix s’est également répercutée sur les coproduits vendus aux producteurs de bois-bûche.

    En outre, le même phénomène que pour les pellets s’est produit. Les particuliers qui normalement s’approvisionnent en septembre-octobre pour l’hiver ont anticipé leur approvisionnement dès cet été.

    Cette augmentation des bois-bûches est toutefois très variable entre les distributeurs professionnels et certains petits producteurs locaux.

    N’oublions pas que sous le climat belge, des bûches fraîches devront sécher environ deux ans sous abri ventilé avant d’atteindre un taux d’humidité adapté à leur usage dans un poêle à bois (un an, dans le cas de bois vendu « demi-sec »). Les revendeurs de bois secs n’ont pas pu aucunement anticiper l’augmentation de la demande des consommateurs vu la constitution de leurs stocks 3 ans auparavant.

    On peut donc en conclure également que l’augmentation des prix est une conséquence du déséquilibre entre une offre basse et une demande élevée. On peut ici aussi exclure toute forme de spéculation.

    Depuis quatre années maintenant L’Agence wallonne Air-Climat (AWAC) conscientise les particuliers au bon usage du bois par divers canaux. La distribution d’un prospectus « Les bonnes pratiques du chauffage au bois bûche » se fait lors d’évènements tels que les foires et salons liés au bois. Cette distribution est relayée par l’OEWB. De plus, l’AWAC organise régulièrement des séances d’information sur le sujet dans les diverses communes de Wallonie.

    Pour ce qui concerne ses deux dernières sous-questions, l’honorable membre évoque les « arnaques » vis-à-vis des consommateurs. Il s’agit d’une question relevant de la protection des consommateurs et plus particulièrement de lutte contre les pratiques commerciales déloyales à leur égard, qu’elles soient trompeuses ou agressives au sens des articles VI. 97 à VI. 99 du Code de droit économique.

    Il s’agit d’une matière fédérale, tant pour ce qui concerne la poursuite de ces infractions qui relèvent de la DG contrôle et médiation SPF Économie que dans son volet prévention et sensibilisation du consommateur. »