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La place de la robotique dans l'économie wallonne

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 73 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/10/2022
    • de HARDY Maxime
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les dernières semaines ont été riches en annonces choc dans le domaine de l'intelligence artificielle et plus particulièrement de la robotique. Tesla annonce, via son patron Elon Musk, le lancement prochain du robot domestique Optimus. La presse relaie aussi l'appellation par la société chinoise NetDragon Websoft Holdings Limited d'un robot d'intelligence artificielle appelé Tang Yu au rôle de CEO de sa filiale active dans le secteur des jeux vidéo.

    Si les robots sont déjà présents dans l'industrie et ont permis l'automatisation de tâches pénibles, ces annonces préfigurent un monde dans lequel les robots et les IA qui les piloteront prendront une place de plus en plus importante dans notre vie quotidienne et dans la société en général.

    Si la science-fiction nous a donné des visions plus ou moins souhaitables de l'intégration des robots dans les activités humaines, aujourd'hui ce sont des questions réelles que nous devons nous poser pour profiter des opportunités technologiques et économiques du phénomène, mais également anticiper les potentielles difficultés qui pourraient se poser, d'un point de vue éthique ou juridique.

    Comment Monsieur le Ministre analyse-t-il l'évolution de ce marché ? Quelle est sa maturité ?

    Quels avantages économiques notre Région pourrait-elle tirer du développement de ces technologies ? N'y a-t-il pas ici des opportunités à saisir ?

    Que dit la stratégie Digital Wallonia for AI sur le sujet ? L'implémentation de ces technologies nécessite-t-elle la présence du réseau 5G sur notre territoire ?

    Comment baliser les questions éthiques qui entourent la robotisation de notre société ?

    Comment anticiper également les enjeux juridiques de ce phénomène, d'un point de vue de la vie privée, de la protection des données ?

    Pourquoi ne pilote-t-il pas une étude prospective dans ce domaine, afin de préparer la Wallonie à ces enjeux majeurs ?
  • Réponse du 28/10/2022
    • de BORSUS Willy
    La maturité des marchés de la robotique et de l’intelligence artificielle en Wallonie n’est pas comparable à celle des marchés américains et chinois, malgré un secteur industriel très présent sur notre territoire. Ce degré de « maturité » peut d’ailleurs s’apprécier selon différents angles : la sensibilisation du citoyen aux technologies d’Intelligence Artificielle (IA), la capacité des entreprises à exploiter le potentiel de ces technologies ou encore le nombre et l’importance des recherches qui sont menées dans ce domaine. Dans notre Région, ces aspects font parties intégrantes du programme de recherche « ARIAC by DigitalWallonia4.ai » mené par le consortium « TRAIL » qui rassemble les universités et centres de recherches wallons en lien avec la stratégie DigitalWallonia for AI.

    C’est au travers des actions de ce programme que la Wallonie contribue pleinement à l’évolution de la maturité numérique des entreprises, des administrations et des citoyens.

    Les initiatives que nous développons dans ce cadre se structurent en 4 axes :
    - « Société et IA » consiste, d’une part, à sensibiliser les citoyens et les entreprises aux enjeux de l’IA et, d’autre part, à accompagner le secteur public dans son acculturation à l’IA ;
    - « Entreprises et IA » vise à offrir de l’accompagnement aux entreprises wallonnes par le recours d’experts en IA qui les aideront à développer de nouveaux services grâce à l’IA ;
    - « Compétences et IA » vise à augmenter les compétences des entreprises et organisations publiques dans les technologies d’IA ;
    - « Recherche, innovation et partenariats » permet de créer des connexions entre les 50 partenaires du programme en Wallonie et en Belgique, mais également à soutenir et à donner de la visibilité à la recherche wallonne en la matière.

    Depuis 2020, plus de 150 organisations privées et publiques ont ainsi pu bénéficier d’un accompagnement à travers les dispositifs d’accompagnement mis en place et notre capacité d’accompagnement sera encore hautement amplifiée grâce au Plan de relance.

    Les avantages économiques qui découlent des technologies IA sont très nombreux. Pour donner un exemple parfaitement industriel, Roland Berger estime que la maintenance prédictive réalisée sur les équipements industriels via le recours à l’IA permet de diminuer le temps d’arrêt d’une chaîne de production de 35 à 45 %. En outre, Mc Kinsey estime que le recours à l’IA permet également de réduire les coûts de maintenance de 10 à 40 % et de diviser par deux le nombre de pannes. Au-delà de ces applications industrielles, l’IA permet de nombreuses avancées dans des domaines aussi variés que la logistique, la mobilité ou la cybersécurité.

    Au-delà des réductions de coûts et des améliorations de procédés, l’intelligence artificielle est également un vecteur fondamental dans l’accroissement de la valeur ajoutée humaine. C’est-à-dire que l’IA et la robotique permettent surtout et avant tout de libérer les humains des tâches rébarbatives et répétitives pour les orienter vers d’autres missions à plus haute valeur ajoutée.

    En ce qui concerne les questions éthiques et juridiques, celles-ci sont au centre de notre travail au travers des axes « Société et IA » ainsi que « recherche, innovation et partenariats ». Évidemment, les enjeux juridiques liés à l’IA dépassent largement le cadre régional et sont traités essentiellement à l’échelle européenne. Néanmoins, les équipes de la stratégie DigitalWallonia for AI font partie du groupe de travail « Ethics & Law » organisé par nos homologues fédéraux « AI for Belgium ». Ce groupe de travail est notamment actif sur la réglementation européenne « AI Act » qui vise à sanctionner les IA selon leur niveau de risque.

    Ensuite, le consortium TRAIL qui s’inscrit lui-même dans le 4e axe du programme régional « Recherche, innovation et partenariats » qui traite des défis éthiques. Ainsi, deux travaux de recherche menés dans le cadre de TRAIL visent spécifiquement à minimiser les dérives de l’IA et à contribuer au développement d’une IA éthique et digne de confiance.

    Le recours à la 5G est absolument indispensable dès l'instant où la latence, la quantité d’information à traiter et la rapidité de traitement sont des facteurs prépondérants. Les meilleurs exemples en la matière sont la mobilité, la logistique et la télémédecine. Il est important de comprendre que la 5G n’est pas une forme d’option technologique. Il s’agit de la nouvelle norme en matière de télécommunications.

    Pour conclure, j’aimerais rappeler toute l’importance de la donnée. En effet, le robot n'est en réalité qu'un véhicule. Ce qui importe est l'intelligence du système qu’il embarque, à savoir l'IA. Or, l’IA dépend intrinsèquement des données dont elle dispose. Il y a donc un effort à mener sur la collecte et le traitement des données nécessaires aux services que nous entendons développer. C’est la raison pour laquelle la donnée fait partie des programmes essentiels de la stratégie numérique wallonne. Un budget de près de 6 000 000 d’euros a d’ailleurs été dégagé en faveur de ce programme dans le cadre du Plan de relance.