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Le développement du covoiturage en milieu rural

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 131 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/10/2022
    • de FONTAINE Eddy
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Chiffres à l'appui, la distance parcourue par les adeptes du covoiturage est passée de 16 656 822 km en 2021 à 33 583 234 cette année.

    L'explication serait simple : la hausse du prix du carburant, mais aussi la multiplication des parkings de covoiturage à proximité des grands axes et le développement des plateformes destinées à l'échange sur la pratique.

    Le site web www.wallonie.be répertorie plus de 2 200 places réparties sur une trentaine de parkings. Ces parkings sont gratuits et accessibles à tous.

    Même si le maillage commence à se densifier, il reste des zones qui ne bénéficient pas encore de cet équipement. Sans grande surprise, elles se situent en milieu rural.

    Le Plan de Mobilité et d'Infrastructures 2020-2026 de la Wallonie prévoit l'augmentation des infrastructures de mobilité pour les citoyens. Le Gouvernement a également inscrit un chapitre Mobilité dans son Plan de relance, avec notamment l'encouragement du covoiturage et l'utilisation des bus.

    Qu'en est-il de l'équipement des zones rurales en parking de covoiturage ?

    Pourquoi un échéancier n'est-il pas encore prévu pour permettre aux citoyens de ces zones de bénéficier des mêmes équipements autour d'axes autoroutiers moyens ?

    Un encouragement plus prégnant sera-t-il mis en place pour promouvoir le covoiturage en milieu rural ?
  • Réponse du 18/11/2022
    • de HENRY Philippe
    Le récent baromètre de l’Institut Vias, dont l’honorable membre mentionne les chiffres, montre effectivement que le covoiturage est en augmentation en Belgique sur les huit premiers mois de 2022. Ceci corrobore les observations faites par ailleurs en Wallonie, notamment par l’ASBL Mpact qui coordonne la plateforme de covoiturage Carpool : la sortie progressive de la crise sanitaire cumulée à la hausse du prix des carburants incitent davantage de personnes à se tourner progressivement vers les modes de transports actifs et le covoiturage. C’est au moins un aspect positif à la crise énergétique actuelle.

    Cela étant, comme il le mentionne très justement, des efforts conséquents ont déjà été mis en œuvre pour poursuivre les investissements en termes de covoiturage. Toutefois, il y a lieu de nuancer la perception selon laquelle les zones rurales ne bénéficient pas, ou peu, d’attention pour le développement de telles infrastructures. Les choix qui sont posés répondent à une logique plus complexe à mettre en relation avec les critères retenus pour la priorisation des investissements. Si l’on veut répondre efficacement à la demande observée, les parkings de covoiturage doivent être situés à proximité directe des accès autoroutiers ou des axes routiers principaux. C’est de loin le critère le plus relevant pour leur localisation. Ensuite, créer de nouveaux parkings de covoiturage en milieu rural, sans être à proximité d’un axe routier générant des flux routiers suffisants, n’a que peu de sens pour diverses raisons :
    - sans public suffisant à proximité, la probabilité de « matching » entre utilisateurs en termes d’horaire et de destination est trop faible, et lorsqu’un usager partage une même destination avec quelqu’un de son village ou du village voisin, la solution privilégiée est plutôt de faire un détour pour prendre la personne chez elle ;
    - même dans le cas où les covoitureurs décident de se fixer rendez-vous à un endroit tiers, la disponibilité de parkings dans l’espace public est le plus souvent largement suffisante pour absorber la demande et ne nécessite donc pas de mettre en place une infrastructure dédiée ;
    - la création de parkings de covoiturage à des endroits avec faible potentiel peut avoir un effet contre-productif : en termes d’image et d’accompagnement des changements de mentalité, il n’y a rien de pire que de proposer une infrastructure qui reste vide, il y a donc lieu d’analyser chaque nouveau projet avec prudence.

    Néanmoins, cela ne signifie pas pour autant qu’aucun effort n’est entrepris dans les zones à caractère rural. Notre objectif n’est cependant pas de promouvoir le développement des parkings de covoiturage d’un côté plutôt que l’autre : le service est d’abord étendu sur base de critères objectifs avec pour but de répondre aux besoins de tous, mais toujours avec un focus prioritaire sur les endroits où les manques sont les plus prégnants, notamment quand une demande sauvage préexiste.

    Actuellement, le réseau de parkings de covoiturage wallon compte près de 3 700 places et cette croissance se poursuit encore. La page du SPW qu’il mentionne dans sa question sera mise à jour prochainement. Différentes sources de financement (Plan de relance de la Wallonie, Plan Infrastructure et Mobilité pour Tous, fonds européens FEDER) permettront de concrétiser prochainement des projets supplémentaires, tant pour des infrastructures propres au covoiturage que pour des projets de mutualisation de parkings existants avec des partenaires privés. Ces types de développement sont bien suivis au niveau de mon Cabinet et de l’Administration. À titre d’exemple, citons dans les zones rurales les Conventions récemment signées avec des enseignes commerciales à Walcourt ou à Mariembourg, de même que les développements en réflexion le long de la N5 entre Couvin et Charleroi.

    De plus, la promotion d’autres solutions que le covoiturage peut aussi être citée comme moyen d’action sur la mobilité en zone rurale. Citons par exemple le projet pilote de voitures partagées électriques qui vient d’être inauguré à Braives en Hesbaye liégeoise, ou le projet d’auto-stop solidaire porté par 12 communes du Sud-Luxembourg qui sera prochainement lancé.

    Ces deux initiatives représentent autant d’alternatives à la voiture particulière, et sont ou vont être soutenues par la Région. En définitive, cela participera aussi à une forme de mutualisation de la voiture tendant à diminuer la part de l’autosolisme dans les déplacements générés depuis les zones rurales.

    Enfin, j’ajouterais que l’accompagnement des changements de mentalité en matière de choix modal n’est pas qu’une affaire d’infrastructures. Comme j’ai déjà pu le mentionner par ailleurs, d’autres mesures sont nécessaires pour offrir les outils adéquats et communiquer auprès des utilisateurs potentiels. Que l’honorable membre soit assuré que mes équipes et l’Administration mettent tout en œuvre pour à la fois améliorer l’infrastructure dédiée à ces pratiques et accompagner en parallèle la nécessaire évolution des pratiques de mobilité de nos concitoyens.