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Le stress financier et le renoncement à certains soins de santé

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 57 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/10/2022
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La crise énergétique, l'inflation, la baisse du pouvoir d'achat et la hausse du coût de la vie sont autant de sources de stress et d'anxiété. Ainsi, le télé-accueil, service d'écoute soutenu par l'AViQ, constate une importante hausse des coups de fil de la part de citoyens qui craignent pour leurs finances. En soirée, le service qui est composé d'une quarantaine de bénévoles est très souvent saturé.

    Ce stress financier est donc générateur direct de certains maux comme le stress, l'anxiété voire la dépression. Après la crise sanitaire que nous avons connue, la santé mentale de certains Wallons est donc mise à rude épreuve avec la guerre en Ukraine et la crise financière.

    Si le stress financier est une pathologie à part entière, il est également la source d'autres potentiels maux. En effet, de nombreux Wallons renonceraient à certains soins ou à certains examens. De plus en plus souvent, des rendez-vous médicaux seraient annulés ou tout simplement ignorés.

    Alors que le Gouvernement entend veiller à l'accessibilité financière aux soins et que la santé mentale fait partie des attentions majeures de cette législature, j'ai plusieurs questions à adresser à Madame la Ministre.

    Comment réagit-elle face à cette situation ?

    Comment tient-elle compte de la crise financière actuelle pour adapter et améliorer l'accessibilité aux soins ?

    Quelles mesures concrètes prend-elle pour traiter ce stress financier qui se développe chez de plus en plus de citoyens ?

    Comment informer et sensibiliser les citoyens les plus démunis ?
  • Réponse du 14/11/2022
    • de MORREALE Christie
    En effet, les difficultés engendrées par le stress financier ne sont pas assez souvent soulignées. La crise de l’énergie que nous traversons, vient hélas nous rappeler à quel point la précarité économique a des conséquences sur la santé et, en particulier, sur la santé mentale.

    En ce début d’année, Tele-Onthaal (l’équivalent flamand du Télé-Accueil) a calculé qu’il recevait 7 % d'appels en plus concernant des problèmes d'argent et des questions juridiques, notamment de la part de quinquagénaires et de célibataires. Le stress pour des questions d’argent qui représente 16 % d'appels supplémentaires se manifeste par des difficultés relationnelles, des symptômes d'anxiété et de la colère.

    Actuellement, nos centres télé-accueil présents en Wallonie travaillent à l’informatisation de leur système d’écoute. L’intention est de revoir la téléphonie pour qu’un système en cascade puisse amener un appel vers le centre disponible au moment de cet appel (auparavant, les appels étaient déviés en fonction du préfixe de l’appelant). J’espère qu’avec cette avancée, nous pourrons répondre à davantage de sollicitations des citoyens en difficulté. Toujours concernant ce secteur, j’aimerais aussi rappeler la difficulté pour les centres de recruter de nouveaux volontaires. Bien évidemment, mon Administration soutient les centres dans cette recherche, mais les nouvelles recrues restent difficiles à trouver.

    L’honorable membre souligne également la question du report de soin pour des questions financières. L’étude de Solidaris sortie début octobre a mis en évidence que 57 % des sondés s'accordent pour dire que les soins de santé mentale ne sont pas accessibles financièrement.

    Face à cette situation, et déjà auparavant, j’ai rappelé le renfort de l’offre en professionnels de la santé mentale que j’ai mise en place dès les premières difficultés liées à la crise Covid. Depuis, le retour du secteur de la santé mentale sur ce renfort en ETP est très positif. Je prolonge la mesure d’année en année, car, si nous sortons peu à peu de la crise Covid grâce en particulier à la vaccination, les difficultés de santé mentale apparaissent avec un effet retard aussi engendré par d’autres crises comme la crise énergétique que nous traversons actuellement. Les 180 emplois supplémentaires de psychologues, d’aide et d’assistance sociale engagés depuis la crise sanitaire seront donc reconduits en 2023.

    Plus récemment, la mise en œuvre du Plan de promotion de la santé avec l’appel à candidatures qui est en cours jusqu’au 3 novembre est un outil inédit. La première stratégie de la programmation wallonne en prévention et promotion de la santé en Wallonie est justement orientée sur l’information, la sensibilisation, la littératie en santé, et adapte les stratégies pour faire face aux inégalités sociales, en développant le travail en réseau. Quatre objectifs prioritaires ont été identifiés dans la programmation en lien avec la santé mentale :
    - développer des activités communautaires visant à accroitre les compétences utiles à la promotion de la santé mentale ;
    - développer des campagnes de communication et d’information diversifiées visant une plus grande attention aux conditions d’émergence de problématique de santé mentale ;
    - améliorer l’accessibilité des services du secteur de la santé mentale, avec une attention particulière pour les publics isolés et/ou précarisés ;
    - et, enfin, encourager la prise en compte de la promotion de la santé mentale et du bien-être de façon transversale dans toutes les politiques publiques.

    Une autre mesure concrète est le soutien à la semaine de la santé mentale en Wallonie qui vient de se clôturer. À cette occasion, j’ai relancé avec l’AViQ, la campagne de sensibilisation « Partager, c’est se libérer ». L’objectif de cette campagne, hébergée sur le site www.jemelibere.be, est d’encourager les personnes à parler, trouver du soutien et rappeler que des solutions existent. De nombreux supports de communication ont été développés pour toucher un maximum de monde, et un maximum de jeunes.