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Les critiques du projet de salle de consommation à moindre risque à Liège

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 61 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/10/2022
    • de HEYVAERT Laurent
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Certains acteurs locaux remettent en cause le projet Tadam. Ils estiment que la salle amène du « tourisme de la drogue » à Liège. Dans ce cadre, ils demandent une évaluation du projet.

    Lors des précédentes questions sur le sujet, Madame la Ministre avait déclaré qu'une évaluation indépendante externe serait effectuée en plus de l'évaluation annuelle.

    En parallèle, des groupes de travail se sont mis en place pour travailler sur la législation au niveau fédéral.

    Pendant la semaine du 26 septembre au 30 septembre se tenait la semaine « Drogues, Dépendances et Société » qui a rassemblé plusieurs évènements sur le sujet. Elle est organisée par un ensemble de services spécialisés, de fédérations et d'acteurs reconnus du secteur des drogues et des assuétudes en Belgique et à l'étranger, dont l'AViQ.

    Le discours et les approches des dépendances ont considérablement évolué depuis les années 2000.

    Il est aujourd'hui communément admis que les facteurs qui influencent nos consommations sont extrêmement nombreux et complexes, qu'ils soient d'ordre individuel, mais aussi collectif, social, économique et environnemental.

    Peut-elle nous donner sa position sur ces attaques sur le projet Tadam ?

    Peut-elle nous donner le contenu et les informations sur les évaluations en cours ?

    Le traitement des assuétudes est complexe et plein de facteurs influencent cette lutte, peut-elle nous dire si elle suit les anciennes pratiques de pénalisation des personnes malades ou bien souhaite-telle que la Wallonie se positionne à la pointe de l'aide aux assuétudes en considérant cela comme un enjeu de santé publique ?
  • Réponse du 14/11/2022
    • de MORREALE Christie
    Ouverte depuis maintenant quatre ans, la salle de consommation à moindre risque de Liège est un sujet controversé. Il y a eu au début des critiques sur les risques que l’initiative allait engendrer sur la sécurité dans le quartier, des réticences quant à l’idée de ce qu’on appelait trop facilement à l’époque « une salle de shoot ».

    Le dispositif n’est probablement pas parfait. Mais il a le mérite d’exister et d’aller dans le sens d’une politique moderne, à la page de la prise en charge des assuétudes en Wallonie. Par les expériences à l’étranger, nous savons que ces salles de consommations apportent plus d’avantages que d’inconvénients.

    C’est d’ailleurs ce que rappelle l’étude de BELSPO sur le sujet :

    « Des preuves scientifiques substantielles ont été obtenues au cours des trente dernières années à propos de l'efficacité des SCMR. Malgré des différences opérationnelles, on a montré des effets positifs des SCMR tant pour les utilisateurs de drogues en intraveineuse (UDI) que pour la population générale, en particulier lorsqu'elles sont intégrées dans le tissu des autres services d'assistance locale. En outre, la fréquentation et l'utilisation des SCMR ont été associées à une réduction significative des accidents par overdose et des problèmes liés à l'échange de seringues usagées, des blessures par injection, sans pour autant engendrer une augmentation du nombre d'UDI et sans affecter les taux de rechute ».

    Pour rappel, en 2017, l'Europe comptait 90 SCMR officielles dans huit pays : au Danemark, en Norvège, en Espagne, en Suisse, et dans les quatre pays voisins de la Belgique, en France, en Allemagne, au Luxembourg et aux Pays-Bas.

    À cet égard, j’ai tenu à prolonger le projet tout en ayant la volonté d’évaluer ce qui est encore un projet pilote. Pour rappel, j’ai demandé à l’AViQ de passer un marché public avec un prestataire externe capable de fournir une évaluation externe du projet. Cette évaluation externe complètera l’évaluation annuelle qui est réalisée par le comité d’accompagnement du projet, composé de membres représentant la fondation TADAM, de représentants de l’AViQ – la Direction des soins de santé mentale et la Direction transversale du financement – et de mon Cabinet. Ces évaluations tiendront compte des critiques actuelles du projet.

    Quant à ma position sur les législations en matière de drogues, l’option idéale serait de parvenir à des changements législatifs au niveau fédéral. Je plaiderai en CIM Santé publique pour que ces changements soient les plus avancés possibles encore sous cette législature. Les témoignages recueillis dans le groupe de travail inter-cabinets sur le sujet semblent tous en faveur d’une modification de la loi de 1921. Les conclusions de ces auditions sont attendues pour début 2023.

    Toutefois, sans attendre le Fédéral, j’aimerais qu’on avance en Wallonie sur des dispositifs juridiques semblables aux mesures qui ont été prises à Bruxelles. L’évaluation de l’expérience de Liège devrait permettre de préciser les choses.